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Frédéric Baecke (Super Capital) : « Les PME n’ont pas suffisamment recours aux dispositifs de dettes »


Les entrepreneurs de PME n'ont pas suffisamment conscience des possibilités dont ils disposent en matière de financement alternatif, en dehors du classique prêt bancaire. Entretien avec Frédéric Baecke, spécialiste du financement non dilutif et cofondateur de Super Capital.

Frédéric Baecke (Super Capital)

Pourquoi les PME n’ont-elles pas suffisamment recours aux dispositifs de dettes ?

Frédéric Baecke : Tout d’abord, la dette revêt dans l’inconscient collectif une connotation négative. Beaucoup d’entrepreneur considèrent donc qu’elle n’est pas une vraie solution. Or c’est un fantastique outil permettant de générer de la  croissance. Il existe de très nombreuses solutions. En premier lieu, l’énorme dispositif de Bpifrance via le système de contre garantie, qui permet à l’entrepreneur de solliciter des banques.

En termes de financement, le plus important est de déterminer l’équilibre entre financement dilutif et non-dilutif. Beaucoup trop souvent les entrepreneurs se diluent a tort alors qu’ils pourraient lever de la dette.

Les entrepreneurs de PME n’ont pas suffisamment conscience des possibilités dont ils disposent en matière de financement alternatif, en dehors du prêt bancaire. Pourtant, la dette, notamment obligataire, est un outil de financement très utile, souvent méconnu. Le dirigeant a tendance à solliciter les mauvais interlocuteurs sur ce sujet, notamment son expert-comptable, dont ce n’est pas le métier.

Premier pas pour l’entrepreneur : analyser ou faire analyser par un professionnel ses besoins. Faut-il financer le besoin de fonds de roulement, des stocks, développer l’international, recruter, réaliser une opération de croissance externe, compenser un décalage de trésorerie ? Cet état des lieux détermine le montant des besoins.

Mon rôle chez Super Capital a été de développer la branche de structuration de dette bancaire et obligataire, ainsi que le service au travers de notre banque d’affaire. Nous proposons un service d’ingénierie financière permettant de mettre en place de la dette bancaire, dispositif obligataire, prêt participatif (éventuellement), crédit-bail, lease back (cession-bail), portage financier pour un transfert du risque client… les solutions sont diverses.

La France est-elle bien placée pour ces financements alternatifs ?

Tout n’est pas disponible en France. Par exemple, il est incroyable que le financement du bon de commande n’existe pas, sauf de façon embryonnaire. C’est un sujet majeur qui devrait être traité en priorité.

Autre souci, les Français vont naturellement contracter de la dette bancaire pour acheter une résidence principale, mais les Français entrepreneurs appréhendent l’endettement. Pourtant la dette donne la capacité de mener à bien ses projets entrepreunariaux tout comme dans les projets personnels.

Il n’existe aucune raison objective pour ne pas s’endetter en vue de financer sa croissance.
Un dirigeant de PME aguerri qui a atteint le plafond du scoring bancaire et a besoin d’accélérer sa croissance doit aller vers des dispositifs différentiants tels que la dette obligataire. Les mécanismes obligataires sont très courants dans les grands groupes et existent encore trop peu à destination des PME.

Qui contacter pour optimiser sa dette d’entreprise ?

Il existe des conseillers aguerris et des institutions financières. Les décisions de gestion en matière de dette privée ne peuvent être prises de façon appropriée que si l’on bénéficie de toutes les informations. Un exemple, à titre personnel, je vérifie immédiatement en analysant les états financiers  de l’entreprise s’il y a des actifs financés par des fonds propres pour les refinancer par la dette.

Au-delà des levées de fonds, de l’apport personnel ou du simple prêt bancaire, les alternatives existent, il est grand temps d’aider les entrepreneurs sur ce sujet pour leur permettre de booster leurs sociétés.

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