A moins de 40 ans, le patron du site covoiturage BlaBlaCar est devenu la nouvelle icône des start-upers, depuis qu’il a rejoint le club très fermé des levées de fonds de 100 millions de dollars (93 M€). Un jeune homme pressé et très discret.
Un mentor nommé PKM
Pour son 2ème tour de table, Frédéric Mazzella cherchait «des fonds, mais aussi des conseils de professionnels pour nous guider». Il se tourne rapidement vers le fonds d’entrepreneurs du Net Isai, qui apporte non seulement 1,2 M€, mais également un mentor, Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister et l’un des créateurs d’Isai. «Pierre nous a évité bien des erreurs et son regard extérieur nous a aidé à mieux anticiper le développement du site. Je dis toujours que le million d’euros apporté par Isai en valait deux ».
En avant la musique !
A quoi tient le succès ? Parfois à une déconvenue. En 2005, Frédéric Mazzella, prix de piano au conservatoire de La Rochelle, envoie au magazine Les Inrockuptibles une maquette de chanson pour leur concours de découvertes musicales, avec une promesse : «Si ma chanson fait partie des 20 titres du CD final, je me lance dans la musique». Sélectionné parmi les 50 derniers candidats, il ne sera finalement pas retenu.
Racines vendéennes
L’anecdote fait partie du storytelling de BlaBlaCar : c’est en cherchant à rentrer chez lui pour les fêtes de fin d’année que Frédéric Mazzella a eu l’idée d’un service de covoiturage. Ce qui est certain, c’est que que le futur entrepreneur a passé toute sa jeunesse en Vendée, avant de monter à Paris pour passer le Bac. Des racines toujours présentes, puisqu’il retourne régulièrement se ressourcer dans sa région.
Une tête bien faite
Frédéric Mazzella a été un étudiant brillant. Ce fils d’enseignant a fait les classes préparatoires au prestigieux lycée Henri-IV à Paris, avant d’entrer à Normale Sup pour un master de physique et partir à 21 ans étudier l’informatique à Stanford. S’installer au coeur de la Silicon Valley, juste après la création de Yahoo! et avant celle de Google… de quoi attraper le virus de la start-up sans rémission !
Esprit d’invention
S’il a trouvé sa voie dans le service, Frédéric Mazzella aurait pu devenir inventeur et concourir au concours Lépine. Enfant, il a soumis une dizaine d’inventions aussi étonnante que le «piège pour capturer une souris sans la blesser» ou le «parapluie tenant sans les mains» au magazine Science & Vie Junior. Quelques années plus tard, l’un de ses premiers jobs a été à la NSA, où il a travaillé «sur la chirurgie virtuelle pour opérer dans l’espace».
10 millions de membres
Avec l’ouverture à l’international, la croissance de BlaBlaCar est quasiment exponentielle. Le cap des 10 millions a été franchi dans la nuit du 8 au 9 septembre 2014, un mois et demi seulement après avoir passé le cap des 9 millions et 9 mois après celui des 5 millions ! Frédéric Mazzella n’imaginait pourtant atteindre ce seuil symbolique qu’en 2018… Aujourd’hui, l’entrepreneur rêve de convaincre 50 millions d’utilisateurs en Europe.
Complexe d’infériorité
Difficile à croire, mais Frédéric Mazzella affirme traîner le syndrome de celui « qui n’a pas le niveau ». «Je l’ai ressenti en arrivant en classe de piano au Conservatoire national de Paris, puis à Henri-IV en maths sup, puis de façon démultipliée à la NASA en informatique» a-t-il récemment déclaré.
Vous avez dit blablacar ?
Le chéri des médias n’est pas à l’origine du projet. Une première version du site a en effet vu le jour en 2004, sous le nom de covoiturage.fr à l’initiative de Vincent Caron, avant d’être racheté en 2006 par Frédéric Mazzella. Le nom du site étant trop franco-français, il a fallu trouver une autre dénomination pour le lancement des éditions internationales, Royaume-Uni en 2011, puis Italie, Portugal, Pologne, Pays-Bas, Luxembourg et Belgique en 2012. Le site français a conservé son nom originel jusqu’en avril 2013.
Vers les pays émergents
Dans sa stratégie de développement international, la start-up a d’abord misée sur l’Europe. Elle cible aujourd’hui des pays comme la Turquie ou l’Inde, où elle vient d’ouvrir un bureau, à New Dehli. Des pays où le coût de l’essence est élevé par rapport aux salaires locaux, où les infrastructures de transport, notamment le train, sont insuffisantes, et où l’équipement en téléphones mobiles est en forte progression.
95% du marché… pour quel CA ?
Si la situation de quasi-monopole de BlaBlaCar sur le marché du covoiturage (95% en France) est incontestable, le modèle économique reste à valider. Frédéric Mazzella ne communique pas sur son chiffre d’affaires, mais les estimations parlent de 10 M€ en 2014 (contre 4 M€ en 2013), ce qui reste très modeste.