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French touch : le succès planétaire de la griffe Ami


12 ans après sa création, la griffe phénomène d’Alexandre Mattuissi dépasse les 230 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 130 un an avant. Un véritable carton. Il est provincial, normand, passionné par la danse depuis son plus jeune âge. Une véritable vocation qui génère parfois moqueries et quolibets pour cet...

Alexandre Mattuissi (ami)

12 ans après sa création, la griffe phénomène d’Alexandre Mattuissi dépasse les 230 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 130 un an avant. Un véritable carton.

Il est provincial, normand, passionné par la danse depuis son plus jeune âge. Une véritable vocation qui génère parfois moqueries et quolibets pour cet enfant qui a un rêve : rien de moins que de devenir danseur à l’Opéra de Paris. La jeunesse étant le temps de tous les possibles, il fallait devenir danseur étoile, rien de moins.

Dès l’âge de 4 ans, la danse et son univers sont une passion. Parfois, certains rêves sont faits pour se transformer. La réalité du monde de la danse est toute autre que celle que le jeune Alexandre Mattiussi avait en tête. Il ne lui faut pas longtemps pour s’apercevoir qu’à 14 ans, son épanouissement ne s’accomplira pas dans cet univers impitoyable.

CE SERA LA MODE

Si la danse paraît désormais hors de portée, il lui faut s’exprimer dans un autre domaine artistique, pourquoi pas la mode ? Après tout, l’univers du ballet l’attirait aussi pour ses décors, ses costumes. C’est décidé, le jeune homme a trouvé sa nouvelle voie. Il réussit après quelques expériences à travailler et se former dans des maisons prestigieuses telles que Dior ou Givenchy. Mais voici que l’envie de créer son propre univers, comme il créait ses spectacles de danse enfant, le reprend. Il sait déjà quel style il souhaite créer pour les hommes : un vestiaire simple et chic.

La recherche d’une marque se fait autour de son nom et ce sont finalement trois lettres très significatives qui seront choisies : AMI. L’année 2011 est un nouveau départ, l’entreprise prend son envol. Si la création d’une première collection se fait dans la fluidité, c’est que les vêtements proposés sont ceux qui répondent à ses propres attentes : des vêtements beaux, élégants, confortables, sans pour autant que le client n’ait à dépenser des fortunes.

UNE COMMUNAUTÉ D’AFICIONADOS

En créant ce style chic et sans fioritures, le créateur s’est créé une clientèle fidèle qui revient saison après saison, souvent pour racheter des classiques autant que pour découvrir les nouveautés. Une ouverture sur la clientèle féminine s’est faite quasiment à l’insu d’Alexandre Mattiussi, car au départ, ce sont les femmes qui sont venues naturellement vers ce rayon masculin pour essayer les vêtements et les adopter. Le phénomène a été particulièrement marqué en Asie et a provoqué la naissance d’un nouveau concept en 2018 : « L’Homme pour la Femme », qui sera suivi de collections spécifiques, le succès aidant. La boutique parisienne de Saint-Germain est même dédiée à la Femme. Ce courant de frontière floue entre les sexes s’adapte parfaitement aux tendances actuelles sur le non-genré.

Le créateur ne se cache pas d’être gay, il reverse la totalité des ventes de son fameux bonnet rouge au Sidaction et aide des associations qui accueillent des jeunes rejetés par leur famille du fait de leur identité sexuelle. Cela n’a pas été son cas, Alexandre Mattiussi a grandi dans une famille aimante, mais l’école ou la société ne sont pas toujours tendres. Depuis 2010, l’entreprise a pris son envol, tout comme Alexandre Mattiussi, qui reçoit le prix ANDAM en 2013, un prix de la mode française reconnu pour être une passerelle pour les nouveaux créateurs français et internationaux.

AMBITIONS INTERNATIONALES

La marque AMI n’a pas tardé à se développer à l’étranger, avec l’ouverture de boutiques en Europe et en Asie. Le premier sac signature de la marque AMI se fait avec une ambassadrice renommée, Catherine Deneuve, fin 2021. Au fil des années, différents partenariats sont signés, permettant l’apparition d’offres capsule, comme avec K-Way ou Puma.

La consécration vient avec la participation d’AMI à la Fashion Week de Paris, puis de Séoul, ce qui en fait un incontournable des podiums de mode. Rien n’échappe à Alexandre Mattiussi, qui n’hésite pas à engager sa marque encore si jeune dans la seconde main avec la plateforme AMI For Ever. Et la fabrication, direz-vous ? Si les client(e)s peuvent être asiatiques, la fabrication ne l’est pas, elle est réalisée en Europe dans différents pays, et le sourcing se fait selon les règles d’écoresponsabilité.

C’est dans le capital de l’entreprise que l’on retrouve la Chine, la société Sequoia Capital China ayant pris une participation majoritaire, auprès d’un nouvel investisseur, britannique cette fois, Felix Capital.

DES ÉGÉRIES SUBLIMES

Leïla Bekhti, Catherine Deneuve, Audrey Tautou, Charlotte Rampling, autant de femmes différentes qui se reconnaissent aujourd’hui dans l’univers AMI et ne s’en cachent pas. Douze années d’existence pour cette marque d’un créateur de 42 ans, simple et décontracté, qui a réussi à créer son style et une nouvelle marque française sur la scène mondiale.

En effet, après la récente ouverture du flagship de Séoul, des boutiques américaines vont voir le jour. L’aventure est donc belle, menée avec Nicolas Santi-Weil, le PDG depuis dix ans, qui travaille avec Alexandre Mattiussi à la réussite d’AMI. Le chiffre d’affaires est en plein essor, les recrutements vont bon train, bref, tous les feux sont au vert. AMI a bien sorti ses griffes.

Anne Florin

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