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Gazelle Tech : une voiture ultra légère électrique en kit


L’Europe a décidé de jouer la carte de l’électrique en matière automobile, un choix qui semble être un défi difficile à tenir face à l’offre chinoise et ses prix imbattables, dus en partie à des subventions de l’État selon certaines sources. Gaël Lavaud, ancien ingénieur Recherche chez Renault, a son idée pour sortir de cette équation, en repensant la conception même de l’automobile.

Entreprendre - Gazelle Tech : une voiture ultra légère électrique en kit

Lorsqu’une entreprise se lance dans la tech, il n’est pas rare que le concept évolue au fil du temps. Gaël Lavaud souhaitait au départ concevoir des véhicules thermiques très légers, dotés de châssis innovants en fibre de verre et résine, ce qui induit un allégement de la note de carburant.

Les structures en matériaux composites résultent des recherches faites en interne qui ont abouti à la technologie AeroCell protégée par deux brevets. Cette technologie permet d’obtenir des produits allégés de moitié par rapport aux mêmes produits en acier, évite la corrosion, tout en proposant une isolation thermique et phonique.

Gazelle Tech peut ainsi proposer des cabines ou des châssis monocoques automobiles d’un nouveau genre. Les matériaux composites ne sont cependant pas inconnus, ils sont déjà utilisés dans le domaine aéronautique, nautique, automobile ainsi que pour certains usages industriels. L’originalité de l’offre de Gazelle tient en quelques arguments bien ciblés.

En premier lieu, l’avantage de l’allégement du poids, la forme beaucoup plus souple qui réduit de façon drastique les temps d’assemblage grâce à un nombre réduit de pièces. Le tout étant doté d’une excellente capacité d’absorption aux chocs. Gaël Lavaud est un obstiné, sa thèse d’ingénieur mécanique portait déjà sur l’allègement des châssis. Pour finir, le fondateur décide de s’orienter sur une motorisation électrique.

Gazelle Tech, un concept très novateur

Le prototype Gazelle présenté pèse moins de 800 kgs, ce qui en fait déjà un véhicule totalement atypique pour la catégorie de véhicules à laquelle il appartient, qui en pèsent quasiment le double. L’autonomie du véhicule est de 180 kilomètres, la recharge peut s’effectuer en quatre heures sur une prise classique. Gaël Lavaud n’est pas un rêveur, il sait qu’il ne peut intéresser les grands de l’automobile pour la construction de son véhicule. D’où l’idée révolutionnaire de la micro-usine. Imaginez des containers représentant une surface globale de 100 mètres carré environ, raccordés en énergie et en eau, où les Gazelles peuvent être assemblées.

Chaque partenaire profitera au préalable d’une formation et des outils nécessaires aptes à réussir la tâche d’assemblage. Cette micro-usine nomade permet de fabriquer et de créer des emplois au plus proche de la clientèle, un super circuit court qui a pour ambition d’essaimer sur le territoire français. L’ambition de la startup est d’installer une centaine d’unités dans toutes les zones, y compris rurales, une façon de redynamiser les territoires.

Qui seront les partenaires désignés par Gazelle ? Des garages, des concessions, et pourquoi pas des profils divers intéressés par l’aventure pour une mise de fonds de 250 000 euros, soit l’équivalent d’une belle franchise. Gaël Lavaud annonce que la Gazelle Tech ne demande qu’un assemblage de dix pièces, ce qui est très faible.

De plus, il peut être réalisé par une seule personne formée qui conduit les différentes tâches, contrairement aux gestes spécialisés et répétitifs accomplis sur les chaînes classiques de production des grandes marques. Une usine d’une dizaine de personnes devrait permettre de produire 200 véhicules annuels.

20 000 € TTC Hors bonus pour la Gazelle Tech

La première Gazelle n’est pas encore homologuée, mais cela sera le cas en 2024, cela laisse le temps de trouver des financiers afin de lancer la production en 2025. Si cette automobile innovante est légère, elle permet cependant d’accueillir 4 à 5 passagers tout en disposant d’un coffre de 179 litres, de la climatisation, soit une voiture compacte intéressante, y compris avec poussettes ou sacs de golfs.

À moyen terme, l’objectif est de s’approvisionner en batteries françaises lorsque les usines seront prêtes, et de réfléchir à des modèles disposant d’autonomies plus élevées. Le prix est compétitif, de l’ordre de 20 000 euros hors bonus, en espérant 20 000 véhicules produits annuellement d’ici à 5 ou 6 ans. La cible est assez large, mais prioritairement professionnelle, plus particulièrement les entreprises dotées de flotte et les collectivités, avant les particuliers.

Le trio Gazelle

Diplômé de Centrale Lyon, Gaël Lavaud a créé la société en 2014. Il est expert en matière d’innovation automobile. Après avoir travaillé huit ans dans le groupe Renault, il intègre Goupil Industrie et participe au développement du premier moteur hybride parallèle français avant d’être chef de projet chez Cobra. Marc Duboc est quant à lui le pro des matériaux composites, secteur dans lequel il évolue depuis ses débuts que ce soit en France, aux États-Unis ou en Thaïlande.

Le troisième associé, Mathieu Ratton, diplômé de l’ESC Toulouse, est le spécialiste financier du trio, un domaine qui l’a séduit après avoir exercé le sport de haut niveau.

La quadrature du cercle résolue

Gaël Lavaud dispose d’une expérience professionnelle qui lui a permis d’identifier le créneau dans lequel il souhaite se faufiler. Entre les véhicules électriques haut de gamme, trop lourds, et les petites voitures qui manquent de confort et de sécurité, il existe un segment de marché qu’il veut occuper avec son prototype suffisamment grand et léger pour disposer d’une consommation largement inférieure à la plupart des véhicules électriques concurrents. D’autant que l’entreprise fabrique ses carrosseries en France.

L’idée forte du véhicule est celle de ce châssis innovant et allégé qui absorbe cinq fois plus les chocs qu’un châssis en acier et peut être assemblé en un temps record d’une à deux heures. Un concept qui fait toute la différence et pourrait être une véritable révolution pour le secteur. Mais, rien n’est encore gagné ! L’entreprise née à Blanquefort en Gironde il y a presque dix ans va fêter cet anniversaire dignement si les discussions entamées avec l’ancienne usine Ford de la ville portent leurs fruits.

2024 doit voir la concrétisation de tous les efforts engagés. Plusieurs prospects ont manifesté de l’intérêt, en France, mais également à l’étranger, toutefois les financements privés restent insuffisants. Une autre idée germe déjà dans la tête de l’entrepreneur, l’idée d’un châssis en fibres végétales compétitif par rapport à l’acier. Il serait étonnant qu’un grand groupe automobile ne lui donne pas le coup de pouce pour accélérer.

Anne Florin

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