L’innovation de la jeune pousse de l’Essonne, fondée par Sandra Rey, sur la Pépinière Genopole, à Evry, devrait faire du bruit. Son système exclusif de lumière biologique réduit l’impact environnemental de la lumière.
Sandra Rey est la dirigeante fondatrice de Glowee. Son idée peut surprendre : utiliser des bactéries marines pour créer de la lumière en milieu urbain. Comment donc peut germer une idée pareille dans le cerveau d’une jeune étudiante en design industriel ?
Pourtant, Glowee travaille déjà depuis plus de huit ans à la mise au point de cette idée incroyable, la production quasi magique d’une lumière bleutée, écologique, dans nos villes. L’idée consiste à utiliser des bactéries, les plonger dans une eau salée, nutritive, alimentée en air afin qu’elles produisent naturellement de la lumière. Tout le travail de recherche porte sur la stabilisation de ces bactéries
afin de répondre à une offre correspondant aux besoins d’éclairages urbains. La cible que veut attaquer la startup est claire : les collectivités en priorité, sans oublier les prescripteurs que sont les architectes, promoteurs, designers. Elle dispose d’un autre argument, écologique celui-ci. En effet, si l’usage des Led a permis de se débarrasser des vieilles ampoules énergivores, leur fabrication n’est pas exemplaire d’un point de vue environnemental. Sur ce terrain, les bactéries gagnent le match haut la main, d’autant que leur durée de vie est… interminable.
LE MIRACLE BIEN CONNU DE LA BIOLUMINESCENCE
Glowee travaille sur la bioluminescence, soit la production et émission de lumière par un organisme vivant. Tout le monde connait le phénomène de la lumière émise par le krill, le phytoplancton, une manifestation très courante dans les océans, que l’on a constaté depuis des lustres et dont la manifestation terrestre la plus courante est la luciole.
Ce n’est cependant qu’au début du XXe siècle que Raphaël Dubois, médecin et professeur à la faculté des Sciences de Lyon décrit le processus de façon détaillée. La bioluminescence n’a pas pour objet de remplacer tous les besoins d’éclairage à ce jour, car la luminosité est plus faible, mais elle constitue une solution innovante dans l’éventail des sources d’énergie disponibles pour les municipalités.
DES FINANCEMENTS VARIÉS
Glowee, startup de biotechnologie environnementale, approche de son but et pour cela, elle a su trouver des financements auprès d’investisseurs divers. Elle a répondu à un appel à projet européen sur la transition énergétique, avec succès, puisqu’elle est lauréate de l’EIC accelerator, permettant l’accession à des financements importants. La startup a aussi eu recours à des plateformes de financement participatif telles Ulule en 2015 ou Wiseed l’an dernier dont l’objectif a été fixé à 650 000 euros. Ces sommes seront principalement dédiées au recrutement et au R&D.
UNE TROUVAILLE QUI TOMBE À PIC
L’entreprise est dans une phase de recherche depuis sept ans pour pallier le problème de la production de lumière traditionnelle, d’autant que l’intensité lumineuse et un véritable enjeu. Depuis ses débuts, Glowee a réussi à surmonter les difficultés pour parvenir à une intensité lumineuse suffisante, et les progrès ne sont pas terminés pour cette technologie que l’on peut qualifier de rupture.
À tel point qu’à ce jour, il n’y a pas de concurrent identifié. Les différents médias d’information se sont fait l’écho de ces communes qui décident d’éteindre tout l’éclairage urbain aux heures les plus sombres de la nuit afin de réaliser des économies. Cette décision est généralement comprise par les citoyens, mais présente des inconvénients en termes de sécurité, ou de sensation de sécurité, ce qui met à mal une partie de la vie sociale.
La solution de Sandra Rey et son équipe permet d’éclairer les zones piétonnes, d’une façon douce et non agressive. L’objectif de Glowee est de proposer une solution clé en main afin que les passants puissent se déplacer en centre-ville nocturne sans pour créer de pollution visuelle. La lumière biologique est née.
L’OBSTINATION DE SANDRA REY
A 33 ans, Sandra Rey trace sa voie avec persévérance… et quelques diplômes, École de design Strate, Master ESCP Europe/ INSEAD. Créatrice d’entreprise dès 2014, reconnue par la MIT Technology Review comme l’une des porteuses d’initiatives les plus innovantes, elle a également été nommée au Conseil National du Design en 2021. Une jeune femme douée qui a profité d’un concours lors de ses études de design industriel pour choisir le thème de l’apport de la biologie sur des éclairages artificiels en. Un projet étudiant qui fut à l’origine de la création de la société. Comme elle le dit elle-même aujourd’hui, « Glowee était un rêve, peut-être même une utopie à ses débuts, aujourd’hui c’est une réalité ».
PREMIÈRE MONDIALE
Pour avancer, il faut tester. Chose faite avec un premier essai de panneau de signalisation aux allures de bourgeon, le Rambolium. Rambouillet soutient le projet de Glowee depuis 2019 et a installé son premier mobilier le 20 janvier dernier. Il diffuse une lumière bleutée, naturelle et peu agressive, inclut des tubes remplis d’eau et
des fameuses bactéries nourries via des nutriments leur permettant de se reproduire. Le système a pris des années à être étudié, stabilisé, pour résister à des installations extérieures et températures variées, sans oublier le besoin de parvenir à une grande simplicité d’entretien. Fin mai, les validations vont enfin pouvoir intervenir. Par ailleurs, une Glowzen Room a été installée. La pièce est uniquement éclairée par la bioluminescence, une bande sonore est diffusée, permettant une relaxation complète. 50% des 350 personnes qui ont participé au test se sont d’ailleurs endormies !
2024
Sandra Rey le dit elle-même, en créant Glowee, elle est partie « en croisade… pour dessiner un monde plus durable et désirable pour demain ». Demain pour Glowee, c’est l’année 2024, pour des mobiliers urbains installés à grande échelle. Pour réussir ce défi, Sandra Rey a dû imaginer une autre philosophie de la lumière, dans laquelle un simple changement d’ampoule ne suffit pas. Glowee travaille à présent à la conception d’un nouveau mobilier urbain pour porter cette innovation qui peut révolutionner l’architecture urbaine dans un futur très proche avec une commercialisation est prévue en 2024.
Claudio Flouvat