Faire entrer la digitalisation sur les parcours de golf, c’est le défi que tente de relever la société française TIPI. À travers une rencontre avec son cofondateur, Jérémy Genin, l’Observatoire du Sport Business s’est penché sur cette innovation qui pourrait bientôt « envahir » les fairways de l’hexagone.

Sachant que 79% des joueurs de golf se rendent sur les greens 3 à 4 fois par mois, qu’ils disposent d’un revenu annuel moyen de 85.000 euros, nombreux sont les annonceurs qui s’intéressent à une cible qui en plus présente l’avantage d’être mixite (27% de pratiquantes). Apporter de l’innovation dans le paysage d’un sport aussi traditionnaliste et conventionnel que le golf pourrait, à première vue, sembler être une gageure. C’est pourtant ce qu’essaie de faire TIPI. Partant du postulat que le golf est le sport individuel le plus pratiqué au monde, que la France compte près de 800 000 pratiquants (400 000 licenciés) et que la génération des 20-40 ans (bien que ne représentant « que » 20% des pratiquants) s’apprête à prendre possession des greens, cette société installe petit à petit sa technologie sur les golfs français.

Un « concierge digital » au service du club

Alors de quoi s’agit-il concrètement ? Jérémy Genin décrit son produit comme étant un « totem digital de communication et de promotions interactif visant, d’une part à améliorer l’expérience client du golfeur et, d’autre part, de faciliter la communication du golf ». Un produit au design « moderne et élégant avec une plaque de verre de 3m de haut qui sort du sol avec un écran directement juxtaposé » ayant vocation à s’intégrer harmonieusement au contexte naturel d’un parcours de golf.

Un bel objet donc mais surtout un objet utile au club sportif puisque c’est en effet à ce dernier qu’il est destiné et qu’il offre « deux types de services ». Premièrement, il propose des services liés au sport en lui-même comme les conditions de jeu du parcours (météo, qualité des greens …), les spécificités du moment (trou impraticable par exemple), les compétitions à venir… Bref, tout type de contenu que le directeur du golf peut insérer lui-même à tout moment. « On est loin du « papier accroché au mur du club house ». Mais surtout, cela permet de réguler les départs de la façon la plus claire possible, problématique essentielle pour les golfs. « En intégrant directement la liste à l’intérieur du TIPI, on évite ainsi les embouteillages ou les annulations pour offrir la meilleure expérience possible. »

Un produit encore en développement

Un « concierge digital » 100% gratuit pour les 25 golfs déjà équipés en France mais qui coûte cher (2000€ rien que pour l’écran) et qui doit donc trouver un modèle de financement.  Pour cela aussi, TIPI à la solution : la publicité ciblée. Jérémy Genin vise « les marques nationales qui cherchent à cibler une audience CSP+ voire CSP++, population surreprésentée au golf ». Pas question donc d’aller chercher le petit annonceur local mais plutôt de proposer des packages à des marques voulant être présentes sur tout le territoire et donc sur l’ensemble des totems TIPI. Une stratégie payante puisque « de grandes marques [leur] font confiance, consciente que les innovations de ce type sont rares dans la communication outdoor ». Des marques sport comme Titleist, Garmin ou Golfplus mais aussi plus généralistes comme des banques ou des constructeurs automobiles.

Si le TIPI donc représente d’ores et déjà une innovation intéressante, son potentiel de développement reste néanmoins très important pour permettre un usage optimisé. Son coût de production très élevé l’empêche pour l’instant de se substituer aux cartes traditionnelles présentes au départ de chaque trou et la limite technologique sur la taille des écrans tactiles restreint également encore son utilisation. De plus, l’existence d’applications dédiées aux golfeurs semblent pouvoir concurrencer ce modèle. Des objections que repousse Jérémy Genin, convaincu que le prochain prototype, tactile, autonome énergétiquement grâce à des panneaux solaires et intégrant du comptage infrarouge, répondra parfaitement à ces défis.

Avec un marché de plus de 800 parcours de golf rien qu’en France, il y a matière à envisager bien des développements et des territoires à conquérir. Si une internationalisation n’est pas la priorité de la marque, c’est vers d’autres sports outdoor qu’elle lorgne. Ainsi, des clubs de tennis et de padel-tennis pourraient rapidement voire cette technologie s’implanter chez eux.

Crédit photo : TiPi, Statista

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