En moins de 10 ans, ce challenger, HEC Paris, démontre qu’on peut, en commercialisant des studios ou pièces en bois, constituer une PME solide de 28 millions d’euros de chiffre d’affaires et quelque 150 collaborateurs. On est loin de l’IA, de Mistral AI ou de Valneva et ses vaccins biotech, de Naoo (produits anti-jambes lourdes) ou de Pikkopay (paiement flashcode).
Avec ses fabrications de studios de jardins en bois, clés en mains, installés sur les terrains de maisons individuelles, cet entrepreneur sans limites démontre qu’il y a énormément à faire aussi dans l’économie traditionnelle. Il investit actuellement à Castries (34) sur un bâtiment de 2600 m² pour intégrer la fabrication de murs clés en mains. Au plan financier, il n’aura mobilisé en tout à peine 1,7 M€ de levées de fonds au total. Et on est très loin des augmentations de capital des jeunes pousses de la Tech. Au même moment, la biotech toulousaine Abionyx Pharma annonce une augmentation de capital de 8,8 M€ pour son dispositif médical contre la septicémie ; l’écart est criant.
Demandez à ce sujet aussi à Lucien Georgelin, lui qui, dans le Lot-et-Garonne, est à la tête d’une belle ETI spécialisée sur les confitures et la pâte à tartiner à base de noisettes (80 M€ de CA, 80 collaborateurs) et qui a failli mordre la poussière, cet été, faute de financements. Nos établissements bancaires ne doivent pas jeter le bébé de l’industrie traditionnelle avec l’eau du bain. L’économie à l’ancienne conserve son intérêt. Voir le fulgurant succès des boîtes de conserves de la Belle-Iloise (60 M€ de CA, 300 collaborateurs) ou des sandwichs du vendéen Sodebo. Sans parler du formidable retournement du challenger du fond de tartes, Nicolas Faguier, avec France Génoise près de Nantes.
Tout cela pour rappeler à nos brillants décideurs que l’avenir de l’économie française passe autant par l’essor des barres chocolatées que par celui des jeunes pousses de l’IA ou de la biotech. Demandez au chocolatier Réauté en Mayenne ou au breton Louis Le Duff (Brioche Dorée, Bridor…) ; l’appétit des industriels de base reste intact. Et c’est tant mieux, les financiers doivent suivre.
Robert Lafont
Editorialiste et fondateur d’Entreprendre