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Guillaume Pepy au chevet des entreprises victimes de la crise


Depuis qu’il a pris la tête d’Initiative France, Guillaume Pepy a décidé d’être en première ligne au cœur des territoires avec les 20 000 bénévoles du réseau pour accompagner toutes les entreprises victimes de la crise et participer au plan de relance, en aidant chaque créateur à lancer sa boîte....

Entreprendre - Guillaume Pepy au chevet des entreprises victimes de la crise

Depuis qu’il a pris la tête d’Initiative France, Guillaume Pepy a décidé d’être en première ligne au cœur des territoires avec les 20 000 bénévoles du réseau pour accompagner toutes les entreprises victimes de la crise et participer au plan de relance, en aidant chaque créateur à lancer sa boîte.

Cela a surpris ce nouveau défi à la présidence d’Initiative France ?

Guillaume Pepy : Pour être franc, je n’avais jamais entendu parler d’Initiative France. Quand Louis Schweitzer m’a expliqué la raison d’être de ce réseau, j’ai d’abord été intrigué. Quand j’ai vu les résultats, là, j’ai vraiment été bluffé ! Rendez-vous compte, rien qu’en 2019, Initiative France a soutenu et financé la création ou la reprise de 20 000 entreprises, ce qui représente 20 000 emplois nouvellement créés et 30 000 sauvegardés, soit 50 000 emplois au total sur une seule année. Et si de telles performances sont là, c’est parce que les 20 000 bénévoles qui travaillent pour le réseau et qui sont tous issus de l’entreprise, en plus de leur engagement et de leur expertise, ont réellement foi en l’entrepreneuriat. Autant de raisons qui m’ont donné envie d’être de l’aventure !

Vous avez sorti les résultats d’une enquête nationale « les entrepreneurs face à la crise ». Quels principaux enseignements en tirez-vous ?

G.P. : L’enquête permet de mesurer la violence de l’impact de la crise de la Covid-19 sur les toutes petites entreprises. Ce sont 57% des entreprises soutenues qui ont suspendu leur activité. Et les autres ont pour la plupart un chiffre d’affaires fortement à la baisse et une trésorerie extrêmement tendue, avec certains chefs d’entreprises qui ne peuvent plus se verser de salaire. Mais ce qui est certainement le plus grand enseignement de l’enquête, c’est que tous ces nouveaux entrepreneurs sont et restent plutôt optimistes.

Ils croient en leurs projets et pensent que l’avenir est plus aux TPE qu’aux grands groupes. Et cela donne encore plus de sens à ce qu’Initiative France fait pour eux : un véritable accompagnement en plus du soutien financier, une présence physique à leurs côtés avec nos 800 points de contact partout en France.

On sent chez vous un réel optimisme. Est-ce parce que cette pandémie est une occasion de réinventer l’entrepreneuriat et de créer les emplois de demain ?

G.P. : Absolument ! De nombreuses créations d’entreprises, de nouveaux concepts de services, de nouvelles idées de produits et d’activités ont été conçus en France pendant le confinement. Cette période au lieu d’être inactive et totalement improductive a boosté l’imagination et la créativité de tous ceux qui rêvaient de se mettre à leur compte et de créer leur boîte. Des circuits courts se sont mis en place, des restaurateurs se sont mis à imaginer des plats et des livraisons de la ferme à l’assiette, des couturières se sont lancées dans la production de masques, de nouveaux services digitaux pour les personnes âgées et les Ehpad se sont créés…

Les exemples foisonnent partout en France. Et Initiative France avec ses 215 associations et ses 800 points de contact, a pu les accompagner dès le déconfinement. Il y a de quoi être optimistes ! Et ce qui fonde notre optimisme, ce sont toutes ces activités nouvelles qui émergent, tous ces créateurs qui ont envie de se lancer, et plus globalement, c’est notre foi – celle des entrepreneurs, celle de notre réseau, celle des Français -, en l’entrepreneuriat !

Justement, quel regard portez-vous sur le plan de relance du gouvernement ?

G.P. : Nous avons pris le temps de l’analyser au sein du réseau. Nous le trouvons à la fois concret et assez complet. Ce que nous avons notamment relevé sur les plus de 200 pages de ce document, c’est qu’il comporte beaucoup d’actions vraiment concrètes. Par exemple, il prévoit 1000 à 1500 aides d’un montant de 10 000 euros pour des jeunes sans emploi et sans aucune qualification pour faciliter l’installation de leurs commerces de bouche fondés sur des circuits courts en zones rurales. Il comporte aussi beaucoup de choses sur le programme « cœur de ville » pour aider à la relance de commerces et de services dans les centres-villes.

Aujourd’hui, toute personne qui veut créer son entreprise dispose d’un maximum d’aides, de conseils et d’accompagnement. Et c’est aussi l’objectif d’Initiative France d’aider chaque Français qui le souhaite à créer sa boîte. Mais la difficulté essentielle pour un créateur, c’est de s’y retrouver dans la diversité et la complexité des mécanismes d’aides. C’est pourquoi, il est essentiel et urgent de créer partout en France le système d’un guichet unique à la création d’entreprise. Ça commence à se faire sur certains territoires comme à Chateaubriand par exemple, où ça fonctionne très bien, mais il faut maintenant le généraliser.

Quelle est la stratégie d’Initiative France à court terme ? Sur quels projets allez-vous miser aux côtés des créateurs et entrepreneurs ?

G.P. : Je vois trois grands axes. Le premier, c’est d’être aux côtés de toutes les victimes de la crise, notamment tous les créateurs d’entreprises récentes qui n’arrivent pas à s’en sortir, les jeunes qui n’arrivent plus à trouver un emploi et ceux qui ont fait les frais des plans sociaux. En mobilisant tous nos réseaux et avec l’aide de la BPI, nous allons aider tous ceux qui veulent se lancer ou se relancer. Le second axe, c’est qu’il faut profiter de la crise pour recentrer notre économie vers la transition écologique, vers le digital et vers la solidarité territoriale. On va notamment développer le label « Initiatives remarquables » créé par Louis Schweitzer, et en sélectionner 2 000 à 2500 rapidement.

Ce label met en lumière et récompense les entreprises de nouvelle génération qui font du bien aux gens et à la société. Le troisième axe, c’est que notre réseau qui favorise l’entrepreneuriat puisse se réinventer avec l’aide de nouveaux bénévoles venant notamment du secteur digital. Il ne faut pas attendre d’être un entrepreneur de plus de 50 ans pour rejoindre Initiative France. Nous avons besoin de sang neuf et de jeunes pour travailler au sein d’un réseau intergénérationnel toujours plus en phase avec la société d’aujourd’hui et l’entrepreneuriat de demain.

Comptez-vous vous ouvrir plus encore à des partenariats privés, aux côtés de vos partenariats publics ?

G.P. : Oui, c’est également l’une de nos ambitions. Nous avons déjà à nos côtés des grandes entreprises privées pionnières, à l’image de EDF, de Total, ou de BNP Paribas France qui nous aide sur un programme dédié à l’entrepreneuriat féminin, mais nous comptons nous ouvrir encore plus à des partenariats privés, car il y a d’autres grands groupes français qui ont envie de s’investir dans l’entrepreneuriat aujourd’hui.

Quel message avez-vous envie d’adresser aux lecteurs d’Entreprendre ?

G.P. : Avant tout un message de solidarité. On ne s’en sortira pas si l’on reste dans le chacun pour soi. Au contraire, tout est possible si nous travaillons ensemble au cœur des territoires, en restant solidaires les uns des autres. La France est un pays extraordinaire avec un vivier de talents, de compétences, de créativité et d’innovation. Si nous nous organisons par filière et par territoire en nous mettant tous ensemble autour de la table, avec des entrepreneurs hommes et des femmes qui parlent le même langage, alors nous réussirons. C’est pourquoi à Initiative France, nous avons besoin de chefs d’entreprises qui viennent rejoindre notre réseau pour travailler sur du bénévolat économique, au service de l’intérêt général.

Propos recueillis par Valérie Loctin.

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