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Hemeria, champion européen des nanosatellites

Hemeria poursuit sur sa lancée, une expression adéquate pour le premier constructeur de nanosatellites. L’entreprise vient de racheter Opensci, startup parisienne créée il y a sept ans, spécialiste de la détection des lancements de fusées et de missiles balistiques entre 20 et 600 kilomètres d’altitude au-dessus de la Terre.

Le président d’Hemeria, Philippe Gautier

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Créée en 2017, Hemeria agit en grande partie sur un domaine hypersensible, celui de la défense. Son chiffre d’affaires de 57 millions d’euros repose majoritairement sur ce secteur. Elle fabrique des équipements sophistiqués destinés à la Force de dissuasion stratégique française. Si ce créneau lui a permis de se développer, elle a également réussi à bâtir un savoir-faire de premier ordre en matière spatiale. L’entreprise a misé sur le développement et la construction de nanosatellites ainsi que d’équipements dédiés à ces nouveaux objets du New Space.

Le New Space connaît une croissance extrêmement forte depuis plusieurs années. Ce marché, qualifié de nouvel univers technologique, se caractérise par sa fragmentation et l’apparition de centaines de startups. Elles travaillent sur la fabrication et le lancement de petits satellites, marquant une véritable démocratisation de cet univers jusque-là aux mains de grandes structures comme la NASA. Certaines de ces startups sont rapidement devenues des licornes, et SpaceX en est la plus belle concrétisation. Elon Musk a réussi à prouver qu’un indépendant pouvait investir dans ce New Space en proposant des lanceurs bien moins onéreux.

Quant à Hemeria, si elle est aujourd’hui un référent européen dans ce nouveau monde, c’est aussi parce qu’elle a hérité des savoir-faire existants chez Nexeya, vendue en 2019, provoquant de fait la naissance de Hemeria.

CONSTELLATION KINÉIS, LE SAVOIR-FAIRE FRANÇAIS

La société Kinéis, basée à Toulouse tout comme Hemeria, est parvenue à lever 100 millions d’euros en 2020 afin de créer de toutes pièces la première constellation française de nanosatellites dédiée à la mission Argos et à l’internet des objets. Hemeria participe, au même titre que Thales ou Safran, à la fabrication de satellites qui ne pèsent pas plus de 30 kilos et les assemble. Les premiers lancements ont eu lieu au début de l’été et la constellation devrait être active dès l’an prochain.

Cette constellation a déjà ses clients, avec des usages multiples pour des prix très compétitifs. Les logisticiens pourront ainsi suivre leurs conteneurs maritimes (alors que des milliers se perdent) ou wagons de fret. Les autorités pourront contrôler les feux de forêt. Les propriétaires de ranchs veilleront sur leurs animaux d’élevage dans les grandes steppes d’Asie ou les plaines d’Argentine. Il ne s’agit ici que de quelques usages parmi tous ceux qui sont d’ores et déjà prévus.

FILIÈRE TOULOUSAINE

Hemeria appartient à un microcosme en pleine ébullition et en est un acteur de premier plan. Elle participe à la mise en place d’une filière d’avenir sur le New Space made in France, en disruptant les systèmes d’observation et de communication spatiaux grâce à des moyens technologiques nouveaux et une organisation d’entreprise qui contribuent fortement à la construction d’une offre compétitive française et européenne. L’entreprise est devenue le leader européen en matière de fabrication de nanosatellites de moins de 50 kilos, le référent européen et l’animateur de cette nouvelle filière. Elle est entourée de 80 entreprises qui travaillent sur ce projet, dont Kinéis, Comat, Unseenlabs, Inentech ou Prométhée.

Si cette filière existe, c’est aussi grâce à l’appui de grandes structures françaises telles qu’Airbus Defence & Space, Thales Alenia Space, le CNES, mais aussi le plan France 2030, qui consacre 1,5 milliard d’euros pour rattraper le retard dans ce domaine. On peut dire que ce dernier est quasiment comblé. Un signe est venu confirmer ce fait : en effet, le territoire français accueille depuis plusieurs années des entreprises étrangères spécialisées dans ce domaine, qui ont délibérément choisi la France. Un retournement de situation par rapport à ce que l’on entend trop souvent.

RENFORCEMENT STRATÉGIQUE AVEC OPENSCI

Opensci, la nouvelle acquisition de Hemeria, travaille pour la défense et propose des services de suivi balistique. Elle intègre Hemeria Sensing, qui œuvre pour les deux marchés d’Hemeria, spatial et défense. Elle vient conforter sa division « Intelligence et Data », récemment créée aux côtés des deux autres divisions « Land & Sea » et « Land & Sky ». L’objectif stratégique de Hemeria est clairement énoncé par son directeur général, Nicolas Multant : « devenir un interlocuteur de premier plan dans le secteur de fourniture de données spatiales pour les responsables en charge de la défense ».

La France est évidemment le client privilégié, mais aussi ses alliés, à condition que le gouvernement donne son accord étant donné la sensibilité des données.

Hemeria est très active en matière de développement et a décidé de ne laisser passer aucune opportunité. Elle a déjà racheté une entreprise il y a deux ans, CNIM Air Space, spécialisée dans la fabrication de ballons et de dirigeables, renommée Hemeria Airship. Bien lui en a pris : un contrat vient d’être signé avec le CNES pour la livraison de quelques 100 ballons stratosphériques dès cette année.

L’ENVIRONNEMENT ET BWI

Hemeria est solidaire des startups de la filière et soutient leurs levées de fonds. Elle vient aussi de créer une nouvelle entreprise, Blue Water Intelligence (BWI), d’utilité environnementale et sociale. Sa mission : créer un système mondial d’aide à la décision pour la gestion de l’eau douce continentale. Il s’agit de partir de données d’observation spatiales pour fournir aux gouvernements et aux entreprises une intelligence artificielle capable de prédire des paramètres tels que hauteurs et débits de cours d’eau une dizaine de jours à l’avance, un grand pas en avant.

Sa première offre est déjà en fonction en France, mais aussi en Inde, au Sénégal ou au Népal. L’offre est proposée par abonnement sur Internet pour les collectivités, mais aussi pour les assureurs, les responsables de barrages, etc.


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