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Holnest, le grand fonds d’entrepreneurs de la famille Aulas


Au-delà de sa formidable réussite à la tête de l’Olympique Lyonnais (club revendu à l’Américain John Textor, dont il conserve 8 %), le fondateur de Cegid (cédé en 2016) est aujourd’hui, à 74 ans, l’un des premiers capitalistes lyonnais. Son holding familial Holnest, dirigé par son fils Alexandre, est devenu l’un des principaux fonds d’Auvergne-Rhône-Alpes avec une trentaine de participations.

Alexandre Aulas et Jean-Michel Aulas

Alexandre Aulas fait partie de ce que l’on nomme parfois les « héritiers », une chance sans aucun doute, mais qui n’est cependant pas une garantie de succès, loin de là. Être le fils d’un homme d’affaires doué et autodidacte n’est pas non plus une sinécure. Nombre de ces « fils et filles de » ont souvent à cœur de faire leurs preuves avant d’intégrer une affaire familiale.

C’est aussi le cas d’Alexandre Aulas, qui après des études de commerce (ESDES Lyon) a tracé sa voie notamment dans des structures financières telles que la banque d’investissement Rothschild à New York, ou en private equity chez Apax Partners à Paris. Il a également tenu à faire son expérience entrepreneuriale en gérant deux restaurants, l’un lyonnais, l’autre londonien. Il y a déjà treize ans qu’il a rejoint Holnest (à l’époque ICMI), structure dans laquelle, à 31 ans, occupe le poste de directeur général.

La holding ICMI avait à l’époque été créée pour accompagner Cegid, l’entreprise créée par Jean-Michel Aulas, (791 millions de chiffres d’affaires, 4400 collaborateurs dans une vingtaine de pays). Elle avait ensuite repris le club de foot de l’O.L. en 1983. Grâce à cette impulsion, le club avait accédé à la première division et développé ses activités dans l’événementiel jusqu’à la cotation en bourse.
Dans son autobiographie, Jean-Michel Aulas expose le bonheur qu’il a à travailler avec son fils, une façon de rattraper un peu le temps qui a manqué auparavant, un dirigeant d’entreprise passionné ne disposant pas souvent du temps nécessaire face à la responsabilité de faire grandir une ETI du numérique français.

Agir dans la discrétion

Depuis plus de dix ans qu’Alexandre Aulas travaille aux côtés de son père, ce dernier a pris du recul pour laisser à son fils la place qui lui revient. Les deux hommes n’ont manifestement pas le même tempérament, mais sans faire de bruit, Alexandre Aulas marque de son empreinte la nouvelle stratégie mise en place par Holnest, qui reste fidèle à sa signature « Des entrepreneurs pour les entrepreneurs ».

C’est lui qui a influencé la stratégie d’investissement récemment. Plutôt orientée sur le B2B, l’immobilier, le numérique/entertainment et les services, la nouvelle politique a pour objectif d’accentuer son action sur la French tech dans des startups plus particulièrement dans leurs phases de démarrage, amorçage ou série A.

Il est également important pour le family office de mieux se promouvoir dans le paysage financier français. Alexandre Aulas dit ne pas avoir ressenti de pression à reprendre les rênes derrière son père, il a au contraire bénéficié de son expérience toutes ces dernières années ainsi que du mentorat de Patrick Bertrand. Les questions liées à la difficulté d’avoir des prises de participations multiples n’est pas un problème pour l’homme de presque 38 ans qui apprécie pouvoir ainsi se familiariser à différents domaines économiques, souvent innovants.

Club Holnest

Créé en 2018, ce club paritaire et intergénérationnel lancé par Alexandre Aulas est assez exclusif puisqu’il ne comprend qu’une vingtaine de membres. Ils ont pour mission de participer à la digitalisation de l’économie et d’accompagner des chefs d’entreprises chez qui ils investissent.

Ce dernier point est essentiel, le trio de dirigeants insistant sur cette spécificité que l’on ne retrouve pas chez tous les investisseurs. Les investissements se situent entre 150 000 et 500 000 euros et peuvent se faire en association avec d’autres fonds ou clubs de business angels. On y retrouve des startups diverses telles que eXplain, par exemple, qui propose un accès simplifié aux données publiques, ou Jus Mundi, moteur de recherche dans le domaine spécifique du droit et de l’arbitrage.

Deux entreprises qui utilisent l’intelligence artificielle pour construire leur offre, ou encore Onafis By My Bacchus qui se définit comme l’électrocardiogramme des alcools. Au total, Holnest détient une trentaine de participations, généralement minoritaires. Le family office est notamment l’un des actionnaires historiques de Wyz group, dont l’offre est consacrée aux solutions digitales de l’après-vente automobile. L’entreprise est en pleine croissance après le dernier tour de table de 2021 avec un chiffre qui atteint à présent les 140 millions d’euros et un taux de croissance moyen de plus de 20 % ces sept dernières années.

Alexandre Aulas a travaillé chez Wyz en tant que responsable Business Development, il a notamment mis en place toute la stratégie de croissance à l’international, c’est lui qui a fait en sorte que Holnest investisse dans le groupe.

Quelques difficultés à affronter

La vie des entreprises n’est pas un long fleuve tranquille. Jean-Michel Aulas a déjà eu quelques discussions délicates à mener après la vente de l’Olympique Lyonnais vis-à-vis de l’acheteur, John Textor, pas totalement satisfait. Plus récemment, le duo Aulas père et fils a également été mis en avant dans les médias sur la fiscalité de la structure américaine qu’ils ont cofondée, Embassair, qui exploite un terminal à Miami, destiné aux jets privés pour la clientèle de luxe.

Le concept a été imaginé au départ par Franklin Devaux (inventeur de la carte Vitale, qui fut également administrateur de Cegid) et a été mis en place par Alexandre Aulas et le fils Devaux, Franck. Il n’y a pas eu de réaction publique à ce jour de la part des intéressés sur ce sujet. La vie entrepreneuriale n’est pas un long fleuve tranquille, même au sein d’un family office. Alexandre Aulas a pour ambition de faire figurer Holnest de façon durable dans le paysage de l’investissement français. La première mi-temps est déjà largement gagnée.

Anne Florin

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