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HyLight, le dirigeable français à hydrogène s’envole


Ingénieur de 22 ans, Théo Hoenen, passionné d’aéronautique est convaincu que la technologie du dirigeable peut aussi révolutionner la prise de vue aérienne. Et cela bien mieux que les drones électriques. Avec ses dirigeables à hydrogène, HyLight propose une solution efficace et durable pour tous les organismes qui ont besoin de...

Entreprendre - HyLight, le dirigeable français à hydrogène s’envole

Ingénieur de 22 ans, Théo Hoenen, passionné d’aéronautique est convaincu que la technologie du dirigeable peut aussi révolutionner la prise de vue aérienne. Et cela bien mieux que les drones électriques.

Avec ses dirigeables à hydrogène, HyLight propose une solution efficace et durable pour tous les organismes qui ont besoin de collecter des données aériennes, permettant d’éviter des interventions humaines inutiles. Il s’agit aussi de prévenir de dangers, de mettre en place des mesures préventives dans le domaine de la maintenance d’infrastructures linéaires telles les lignes électriques, les gazoducs, les pipelines, chemins de fer, autoroutes, ou dans l’avenir pourquoi pas le comptage d’animaux, la cartographie, les zones de stress hydrique, etc.

L’engin peut aller jusqu’à 120 mètres de haut, mais la plupart des opérations se font à une trentaine de mètres. Grâce à ses caméras et systèmes informatiques, le dirigeable transmet les données de façon sécurisée, permet d’établir des rapports détaillés ainsi que des plans de contrôle ou de prévision, afin d’éviter pannes ou accidents.

UN PDG DE 22 ANS

À 22 ans, le Strasbourgeois Théo Hoenen est le président de HyLight. Rien de vraiment étonnant pour ceux qui le connaissent. Au lycée, ce brillant élève avait déjà travaillé sur un projet drone, avant de passer son diplôme d’ingénieur incluant un semestre d’études entrepreneuriales à la très célèbre université de Berkeley en Californie.

Le drone a rapidement été dépassé dans l’imaginaire du jeune homme pour être remplacé par un projet plus ambitieux, celui d’un petit dirigeable, à énergie verte qui plus est. La batterie électrique a d’abord été testée, mais c’est finalement l’hydrogène qui a été choisie pour des raisons d’autonomie. Il faut dire que Théo Hoenen est un fan d’aéronautique, raison pour laquelle il a fondé sa société sans plus attendre. Fan, mais préoccupé par la planète. Le dirigeable présente tous les avantages.

Sa grande autonomie, son énergie propre, son silence, le rendent plus attirant que les hélicoptères, il est aussi complémentaire aux usages spécifiques des drones. L’engin est automatique et suit son plan de vol. Pour polir son projet, Théo Hoenen a été accompagné par l’accélérateur de Berkeley. Une opportunité extraordinaire qui lui a permis de rencontrer des mentors de haut niveau en la personne du cofondateur de Tesla, Marc Tarpenning, devenu investisseur dans des sociétés tech à impact, et de l’ancien directeur des lancements SpaceX qui faisaient tous deux parties de son comité de sélection des candidats à Berkeley.

ILS SONT 4

Comme les trois mousquetaires, les cofondateurs de HyLight sont en réalité au nombre de 4. Il faut bien toute cette belle énergie de jeunes entrepreneurs pour développer les prototypes, et commencer à les mettre sur le marché. Auprès de Théo Hoenen, on retrouve Martin Bocken, directeur général, Josef Rokusek, directeur technique et Thomas Laporte, directeur commercial. Si Josef et Martin se connaissent depuis l’enfance, tous se sont rencontrés ou retrouvés lors de leurs études, à l’Université de Technologie de Troyes ou à Berkeley.

DÉJÀ DES CLIENTS

Les 4 fondateurs sont jeunes, mais pressés. Un vol de démonstration a déjà eu lieu en Italie auxquels de grands groupes potentiellement acheteurs ont été conviés. Suite à cette présentation, deux ont répondu présents, prêts à tester la solution de HyLight. Et pas n’importe lesquels, Enedis et la Snam (leader italien en transport de gaz) ont signé pour deux concepts dont ils financent la fabrication. Une autre bonne nouvelle vient d’être annoncée le 18 février.

Le programme Propulse de l’Agence de l’Innovation pour les transports a annoncé par la voix de Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports, les 18 lauréats de ce programme d’excellence P. Ce dernier met en avant « le dynamisme de l’innovation dans le secteur des transports, pour relever le défi de neutralité carbone fixé à l’horizon 2050 à l’échelle européenne ». HyLight est l’un des neuf lauréats dans la catégorie d’appel à projets « transports durables ». La fin du programme d’accélération avec accompagnement est prévue dans neuf mois.

LE NERF DE LA GUERRE

Tout cela est absolument magnifique, sauf que jusqu’à présent comme toujours dans ce type de développement, innovant ou pas, le chiffre d’affaires est encore inexistant, la naissance officielle de la startup n’ayant eu lieu qu’en mai dernier. Il a donc fallu aller chercher l’argent où il se trouve, en particulier chez Bpifrance qui a décidé d’accompagner la startup pour ses débuts à hauteur de 140 000 euros afin de peaufiner les appareils. L’étape de fabrication des deux concepts est en cours, elle constitue une phase essentielle pour qu’ensuite, une nouvelle levée de fonds puisse avoir lieu auprès de business angels, dont Marc Tarpenning.

La commercialisation doit commencer en juin. Faute d’être devenu pilote de ligne, son rêve d’enfant, Théo Hoenen est en train de bâtir avec ses associés une nouvelle pierre à l’édifice de l’économie verte utile, avec la ferme intention de participer à la décarbonation de l’aérien. Et HyLight recrute de nouveaux talents pour aller de l’avant. Car le concept peut se décliner. Avec des dirigeables de plus grande taille, pourquoi ne pas transporter du fret, pour des fins humanitaires ou touristiques…

À 22 ans, ce ne sont pas les idées qui manquent. Mais il ne faut jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, pour l’instant, le fait d’avoir réussi à prospecter auprès de grands groupes est plutôt bon signe. Leurs conseillers les plus expérimentés leur ont cependant fourni un conseil. Ne pas s’éparpiller. La priorité est avant tout de se concentrer à 100% sur la phase de consolidation actuelle avant de se diversifier dans l’offre ou dans l’international. Bon vent !

Claudio Flouvat

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