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IA : la France et l’Europe doivent accélérer


S’il est de bon ton de discourir sur les vertus de l’intelligence artificielle, gageons que le problème n’est plus là puisque l’IA, telle une lame de fond, s’est déjà engagée dans toutes les sphères de la société et de l’économie.

Entreprendre - IA : la France et l’Europe doivent accélérer

Si l’on a tout lieu de se réjouir de l’émergence de quelques pépites tricolores, force est de constater que l’écart est en train de se creuser entre l’Europe et les zones les plus efficientes du monde en la matière. Très illustratif, l’article dans Le Figaro du 13/01/2025, de Julia Girard, livre un chiffre édifiant : celui, par exemple, des consommations de GPU (un composant essentiel pour l’IA), livré à 90 % dans le monde par l’Américain Nvidia, duquel il ressort une utilisation de 45 % pour les États-Unis, 19 % pour Singapour, 16 % pour Taïwan, 12 % pour la Chine et 6 % pour le reste du monde, Europe y compris ! Cela fait froid dans le dos. Rappelons que ces GPU sont les processus graphiques les plus performants du marché et qu’ils sont indispensables au développement des systèmes complexes d’IA. L’écart est donc bel et bien en train de se creuser entre les États-Unis et l’Asie, d’un côté, et l’Europe, de l’autre.

François Bayrou parlait dans son discours de politique générale de mettre l’IA dans nos services publics. Oui, bien entendu, mais c’est à la société tout entière et, en premier lieu, à nos acteurs économiques qu’il appartient de se mobiliser et de s’emparer de ce nouvel outil ou agent. Nous comptons quelques pépites telles que : Mistral AI, LightOn, Dust, Preligens, PhotoRoom ou XXII Group, et bien d’autres. Ne passons pas à côté ; l’écosystème français est en train d’émerger. Un sommet mondial de l’intelligence artificielle se tient à Paris les 10 et 11 février prochains.

Selon la Direction générale des entreprises, notre pays compte déjà près de 590 start-ups axées sur l’IA, qui ont bénéficié en un an de 1,5 milliard d’euros d’aides publiques. Un chiffre relatif à mettre en perspective avec les données de Da.fMAG qui fait ressortir qu’en 2024, le secteur de l’intelligence artificielle a écrasé les levées de fonds dans le monde avec une augmentation de 52 % en un an pour atteindre 132 milliards de dollars, soit 32 % du total des transactions. En 2024, par exemple, Databricks a levé 10 milliards de dollars, Anthropic 6,75 milliards, OpenAI 6,6 milliards et xAI 5,5 milliards de dollars. Dans le même temps, les Français Mistral AI investissaient 600 millions d’euros et Poolside 500 millions de dollars !

Ne passons pas à côté de la future manne ! Il serait judicieux que le tissu économique tricolore, le Medef, les fédérations professionnelles, les CCI se mobilisent ensemble et fassent travailler en priorité nos acteurs tricolores. C’est un axe essentiel de la compétitivité et de la souveraineté de demain. Un ou plusieurs grands fonds de private equity (Adrian, Eurazeo ou Tikehau Capital…) auraient tout intérêt à se mobiliser sur cet axe essentiel d’avenir. Sans parler de la nécessité de créer un fonds souverain sur l’IA que devrait étudier également Marc Ferracci, notre nouveau ministre de l’Industrie ; la mobilisation doit être générale.

Robert Lafont
Éditorialiste, fondateur d’Entreprendre

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