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IA et robots : une menace pour l’emploi ?


Quelles seront les conséquences de l'arrivée massive de l’intelligence artificielle et des robots dans les secteurs de la production comme des services ? Eléments de réponse.

Entreprendre - IA et robots : une menace pour l’emploi ?

Les hommes seront-ils bientôt remplacés par des machines plus économiques et plus performantes ? Quelles seront les conséquences de l’arrivée massive de l’intelligence artificielle et des robots dans les secteurs de la production comme des services ? Eléments de réponse.

Dans le monde entier, la question de l’emploi soulève de nombreuses inquiétudes face à la présence décuplée de ces nouveaux acteurs virtuels et technologiques dans notre économie.

La peur de l’inconnu

Cette donnée ne peut être négligée, car, au fil des siècles, la plupart des hommes ont rejeté ou craint la nouveauté, tout comme les avancées technologiques décisives. La raison en est simple : elles sont sources de progrès, mais aussi d’instabilité. Ces sauts techniques ou technologiques sont synonymes de disparition de certains métiers et compétences, pour en créer d’autres, qui requièrent des profils différents. Cette constatation reste valable que l’on évoque l’invention de la roue, de la machine à vapeur, de l’électricité ou plus récemment d’Internet.

Pourtant, rien ne change, à chaque époque, les Cassandre prévoient la fin d’un monde, tandis que d’autres imaginent l’avènement d’un autre univers. Et les points de vue s’affrontent.

Des millions d’emplois bientôt périmés

Une étude de l’OCDE avance que de 9 à 14 % des emplois des pays de la zone peuvent être totalement robotisés. Il s’agit essentiellement d’emplois routiniers, non ou peu qualiés, et peu rémunérés. L’impact en fonction des pays serait très différent : de 5 à 6 % pour un pays comme la Norvège à plus de 30 % pour la Slovaquie, en fonction du pourcentage de ce type d’emplois présents dans le pays aujourd’hui. Le secteur de la production n’est pas le seul concerné, les services le sont également : la banque, l’assurance, les professions juridiques sont déjà impactés, et cela touche même certaines professions que l’on pensait protégées.

Dans les services aussi

Ainsi, certaines banques ont déjà des coachs financiers virtuels, capables de fournir des conseils financiers simples aux clients. Quant aux fameux « golden boys » des grandes villes, leur nombre a drastiquement chuté avec l’apport informatique en matière de prévisions et d’analyse de données. Les robots d’accueil vont être de plus en plus présents, certains sont en test pour devenir de véritables assistants, par exemple pour les seniors. Plus les travaux sur l’intelligence artificielle se développent, plus les robots, quelle que soit leur apparence extérieure, vont trouver leur place dans notre monde. La « menace » est donc bien présente.

La question de ces emplois menacés prend un nouvel aspect lorsque l’on considère les difficultés grandissantes de recrutement sur certains emplois. Ainsi, des entreprises telles qu’Amazon et de grands groupes logistiques disposent de centaines de « robots » dans leurs entrepôts, pour le stockage, la manutention et la préparation de commandes. Car les candidats se font rares. Même souci dans la restauration, où des expériences d’automatisation sont déjà en cours pour servir des boissons ou des plats de type fast-food. D’où la pertinence d’avoir recours à ce type de solutions.

Des théories divergentes

Les économistes ne s’accordent pas sur le nombre d’emplois impactés par la robotique et l’intelligence artificielle. Les prévisions diffèrent selon les chercheurs, la fourchette allant de 5 à… 30 % ! Dans certains cas, on parle de disparition pure et simple, dans d’autres d’une « transformation signicative » de l’emploi, même si ces dernières années, on a pu voir que la plupart des métiers ont subi des modifications suite à l’utilisation de l’informatique et du numérique. L’étude OCDE met d’ailleurs en avant que ce sont plutôt des tâches qui sont en péril, plutôt que des emplois à part entière.

Là où l’humain prévaut

En 2017, Carl-Benedikt Frey et Michael Osborne, économistes de l’université d’Oxford, ont élaboré une théorie qui fait office de référence. Ils ont identifié trois types de tâches compliquées à reproduire par des robots ou automates :

• Les tâches liées à la perception et à la manipulation de très petits objets, s’effectuant notamment dans des situations complexes et peu commodes.

• Les tâches liées à l’intelligence créative, exigeant de trouver des solutions originales, ainsi que le domaine artistique.

• Les tâches requérant une intelligence dite sociale, telle que la compréhension face aux réactions humaines, la négociation, la capacité à convaincre, ou tout type d’assistance incluant une forte dimension affective.

Des domaines hautement robotisables

Le monde des transports va clairement être impacté par les robots. Des chercheurs du MIT ont même prévu que 3000 véhicules autonomes et collaboratifs pourraient ainsi remplacer les 14 000 chauffeurs de taxis new-yorkais ! De même, les jobs de caissiers, vendeurs en points de vente, tout comme les métiers de la finance, tous collecteurs de données, sont a priori voués à une disparition au moins partielle.

L’impact en France

Le Conseil d’Orientation pour l’Emploi (COE) a fait une synthèse des différentes études en France et à l’étranger pour conclure qu’un consensus se forme sur le fait que « l’introduction d’innovations a été globalement favorable » par le passé. Cependant, face aux divergences de chiffres, le Conseil a mené sa propre étude sur la France, avec cette conclusion : « Moins de 10% des emplois sont très exposés au vu des mutations technologiques, environ la moitié est susceptible d’être profondément transformée. » Pour la suite, le COE prévoit une « poursuite de la complexication des métiers », avec une demande du marché du recrutement axée sur les compétences transversales (savoir travailler en mode projet par exemple) et les compétences techniques (sur les innovations).

Un monde nouveau

Qu’en est-il vraiment des créations d’emplois ? Voici la question que politiques et citoyens sont en droit de se poser.

> Les geeks ont de l’avenir
Des créations sont évidemment présentes et le seront dans le secteur du numérique, de la data, etc. Si les cinquantenaires et sexagénaires d’aujourd’hui ne sont majoritairement pas des spécialistes du digital, de la donnée et de l’algorithme, ce n’est pas le cas des plus jeunes générations, qui ont dans ce créneau une voie d’entrée et de développement toute trouvée sur le marché du travail. La robotique en fait d’ailleurs partie, même si ce n’est pas le domaine le plus important.

> Les secteurs d’avenir
Pour ce qui est des créations d’emplois non directement liées au secteur numérique, les études sont plus floues. Voici les principaux avantages mis en avant par les experts :

  • Les nouvelles technologies et la robotique vont permettre l’émergence de produits et services innovants, et donc l’émergence de nouvelles entreprises.
  • L’industrie devrait pouvoir gagner en compétitivité grâce à l’automatisation toujours plus sophistiquée, et améliorer ses coûts, permettant ainsi un développement de l’activité.
  • Tous les métiers requérant des compétences analytiques et relationnelles restent en plein essor.
  • Les réglementations et normes de plus en plus exigeantes, tout comme la transition énergétique créent des emplois depuis une quarantaine d’années, et le mouvement va se poursuivre.
  • Les métiers de la formation et de l’apprentissage sont considérés comme indispensables.
  • Idem pour les emplois liés à la communication et à l’information.

La tendance va vers des emplois au degré de pénibilité moindre et vers plus de sécurité. A noter qu’à ce jour, les « petits » jobs non qualifiés ne sont pas vraiment à la baisse dans tous les secteurs, il y a notamment eu des créations autour des plate-formes, via le phénomène d’uberisation.

Une question de société sensible

A vrai dire, les spécialistes ne s’inquiètent pas véritablement du nombre de créations d’emplois qui devrait être suffisant. Ce sont d’autres points qui les préoccupent, comme la reconversion des moins qualifiés ou celle du timing. En effet, les destructions comme les créations se font de façon progressive et non pas soudainement, mais sont quand même fortement ressenties. Une phase de transition, comme celle qui est en cours actuellement, est donc particulièrement sensible en termes sociaux. Pour certains économistes, le refus en bloc des avancées technologiques ne mènera qu’à la régression, encore faut-il parvenir à gérer les évolutions le plus efficacement possible, sans aller ni trop vite ni… trop lentement.

Autre constatation : l’emploi résiste et progresse dans la plupart des pays développés. Il s’accroit plus rapidement que la population en âge de travailler. Les crises traversant l’Espagne ou aujourd’hui l’Italie n’ont rien à voir avec les avancées numériques et robotiques.

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