Tribune. Ce sont rarement les idées qui manquent. La plupart des groupes de travail, en entreprise, fourmille d’idées, toutes plus originales les unes que les autres. Mais l’important n’est pas tant d’avoir des idées que la possibilité de les mettre en œuvre, après avoir soigneusement sélectionné, dans le foisonnement créatif, celles qui le méritaient vraiment.
Vous n’avez ni le temps ni les moyens humains et financiers de lancer concrètement tout ce qui vous passe par la tête, à vous et à votre équipe. Il vous faut donc choisir et renoncer. Voici quelques critères qui peuvent vous y aider :
Si elle ne vous met pas sur des charbons ardents, si elle ne créé pas au fond de vous une grande exaltation, un enthousiasme débordant, méfiez-vous. Vous risquez de ne pas la poursuivre sur la durée, de ne pas la porter jusqu’à complète maturation. Or, il n’y a rien de pire qu’une idée arrêtée en route par ennui. C’est un gâchis de ressources et une distraction dans votre chemin vers le succès.
Il est souvent difficile de savoir, surtout lorsqu’il s’agit d’idées innovantes, qui seront les acheteurs des produits ou services issus de votre imagination. Aussi, pour ne pas mettre en péril votre entreprise, faut-il vous en assurer. Il y a beaucoup de moyens pour cela. En particulier, les techniques du lean-startup avec consultation régulière des utilisateurs au fil du développement et leurs pivots peuvent vous y aider. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les grandes entreprises.
Une idée qui créé la confusion ou qui reste incomprise de ses clients potentiels n’est pas une bonne idée. Si pour la développer, vous devez consacrer temps et patience à expliquer ses tenants et aboutissants pour que tout un chacun la comprenne, vous allez vous épuiser bien longtemps avant son déploiement.
Les risques que vous prenez, les ressources que vous engagez, le stress qui sera le vôtre pendant sa mise en œuvre ne doivent pas déboucher sur un pétard mouillé. Ce serait un gaspillage d’énergie et une perte de temps.
Au-delà même du fort potentiel de croissance, il faut que votre idée puisse porter votre entreprise sur le long terme et qu’elle réponde à un marché de grande taille, susceptible d’évoluer positivement sur la durée.
Une fois le foisonnement intellectuel passé par le tamis de ces prérequis à la réalisation d’idées issues de votre créativité et de celle que vous aurez suscitée chez vos collaborateurs, il est probable qu’il n’en restera qu’un tout petit nombre. Ce n’est pas gagné pour autant ! Encore faut-il que votre idée rencontre son public au bon moment. Steve Jobs avait déjà lancé, en 1993, une tablette, la Newton, retirée du programme en 1998, faute de succès. Ce n’est qu’en 2010, avec l’iPad qu’elle a enfin trouvé son marché.
Une bonne idée, pour devenir une bonne affaire, doit donc respecter plusieurs conditions et arriver au bon moment, ni avant, ni après.
Méditons cet aphorisme de Victor Hugo : « Il n’est rien au monde d’aussi puissant qu’une idée dont l’heure est venue. »
Alain Goetzmann, Coach et Conseil en Leadership & Management