Je m'abonne

Il crée PikkoPay parce qu’il ne supportait plus de faire la queue dans les magasins

Entreprendre - Il crée PikkoPay parce qu’il ne supportait plus de faire la queue dans les magasins

Souvent à la base d’une invention ou d’un nouveau produit, il y a une frustration ou l’expression d’un besoin non satisfait. On se souvient que le créateur de Moulinex, le self-made-man normand Jean Mantelet, eut l’idée du presse-purée pour pouvoir aider sa femme à cuisiner le dimanche, ou que Jean-Claude Decaux eut l’idée de l’abribus publicitaire après avoir été trempé un jour en attendant son bus dans la Somme.

Au début, Alexandre Chen ne voulait même pas être entrepreneur, il ne connaissait même pas ce nom, et encore moins le magazine Entreprendre. Il me l’a avoué, ne lire aucun magazine économique, même pas Les Échos ! Son credo à lui, c’est simplement de pouvoir changer la vie des gens en tentant d’apporter des solutions à des petits tracas de la vie quotidienne.

À 26 ans, ce diplômé d’école d’ingénieurs (ESILV) de l’université Léonard de Vinci à Courbevoie (92), simple et sans façons, est déjà un cas. Son université, Alexandre Chen ignorait même qu’elle avait été fondée par un ancien ministre de l’intérieur, un certain Charles Pasqua. Ses parents, originaires de Chine, tiennent un restaurant de sushis dans le Val-de-Marne. « J’aurais pu suivre leur voie mais j’avais trop envie d’inventer. C’est ce qui me passionne, j’ai toujours été admirateur des grands inventeurs ; Thomas Jefferson, les frères Montgolfier voire Louis Renault. »

Jour après jour, Alexandre Chen continue de noter, méthodiquement sur son smartphone, dès qu’une idée surgit au hasard d’une rue ou de ses rendez-vous. « Il y a tellement de choses mal faites. Pourquoi ne pas inventer une puce pour retrouver son chien ou son portable, ou mettre des accompagnateurs pour faire les courses à la sortie des hypermarchés ? »

Ainsi, c’est parce qu’il ne supportait pas d’avoir à faire la queue dans un magasin pour acheter un t-shirt que lui est venue l’idée de PikkoPay afin d’éviter les files d’attente aux caisses. Avec son ami Joe Trinh, issu de la même école d’ingénieurs que lui, ils ont imaginé une appli permettant de transformer le smartphone en caisse enregistreuse. « Avec un QR code installé à l’entrée des magasins, chaque client n’a plus qu’à scanner les produits qu’il veut acheter, pour être ensuite débité automatiquement à la sortie sur son compte Swile, Apple Pay, Google Pay, ou Pluxee. »

Il est simple le monde. Reste à ce que l’application soit effectivement installée chez les points de vente par les enseignes de distribution. Plusieurs tests sont déjà en cours chez Intermarché, Carrefour ou Match. PikkoPay est la première appli « scan & go » (scanner, c’est payé) made in France. D’autant qu’elle fonctionne déjà aux USA ou en Grande-Bretagne avec la plateforme Futureproof Retail, leur vrai concurrent au niveau mondial. Alexandre Chen et son associé ont déjà levé 210 k€. Une somme modeste mais qui leur permet de pouvoir conquérir dans un premier temps le territoire français. Avec déjà 10 salariés, PikkoPay, jeune pousse sise à Troyes dans l’Aube, vise le million d’euros de CA d’ici un an. Les deux associés sont pressés, conscients que le plus difficile reste l’évangélisation auprès des clients finaux.

Je lui conseille de passer des contrats d’exclusivité avec une seule enseigne nationale et par secteur d’activité. Alexandre sourit. Il est à un âge où toutes les idées intéressent. D’ailleurs, il reste toujours à l’affût de nouveaux concepts, apportant des solutions aux problèmes concrets des gens. Présent à l’incubateur de Xavier Niel à la Station F de Paris XIII, notre jeune entrepreneur est ravi de pouvoir y côtoyer nombre de créateurs qui, comme lui, veulent « conquérir le monde ». Une vraie parenthèse enchantée où on est loin des discours larmoyants de la politique ou des médias. Finalement, les nouveaux entrepreneurs n’ont pas tort de vouloir se créer une bulle autour d’eux et de leurs projets. Et de lui rappeler : « A la création du magazine Entreprendre à ton âge, en 1984, personne, non plus, n’y croyait. » Alexandre m’écoute songeur. Il a visiblement déjà saisi que chacun d’entre nous n’a pas trop d’une vie pour tenter de réaliser ses rêves.

Robert Lafont


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne