Comment est née la communauté des « Entrepreneurs d’Outremer » ?
Franck Hoarau : L’idée a germé pendant la période Covid. Nous avons lancé le mouvement en 2022 avec un podcast. Depuis, nous publions un épisode par mois dans lequel un entrepreneur raconte son histoire, ses réussites et ses erreurs. Nous mettons en avant des parcours inspirants, comme celui de Benjamin Lan Sun Luk, dont la start-up Leto est incubée à Station F, ou de Jérôme Idylle, dont l’application Baby Poom compte plus d’un million d’utilisateurs. Notre ambition est de montrer qu’il est possible d’entreprendre dans les Outre-mer.
Quelle est la promesse du club aux entrepreneurs d’Outremer ?
Notre objectif est simple : offrir un espace où les entrepreneurs peuvent progresser ensemble. En raison du décalage horaire entre La Réunion et la Martinique, nous avons opté pour un modèle à distance basé sur trois outils principaux : un serveur Discord, un espace de coworking en ligne et des ateliers de formation.
En quoi consiste l’espace de coworking en ligne ?
Il s’agit d’un environnement virtuel où chacun a son propre bureau, avec des salles de réunion et des espaces de détente. C’est un lieu informel où les membres partagent leurs expériences et s’entraident.
Quels thèmes sont abordés lors de vos ateliers de formation ?
Nous adaptons nos ateliers aux besoins de la communauté. En septembre, nous avons mis l’accent sur l’intelligence artificielle. En juin et juillet, nous avons organisé des sessions dédiées à LinkedIn.
Proposez-vous également des rencontres en présentiel ?
Nos principaux événements restent en ligne, mais nous organisons aussi des rencontres physiques : randonnées, déjeuners entre entrepreneurs, afterworks… À La Réunion, par exemple, nous avons organisé un grand pique-nique qui a réuni une soixantaine d’entrepreneurs.
Avez-vous noué des partenariats avec d’autres structures locales ?
Oui, des entreprises privées comme Lign7 (cabinet de recrutement à La Réunion) nous soutiennent. Nous travaillons également avec les antennes French Tech de La Réunion, de la Guadeloupe et de la Martinique sur certains événements.
Le projet est-il rentable ?
Il est autofinancé, mais notre objectif n’est pas d’en faire une source de revenus. C’est avant tout un projet porté par des passionnés, avec une dimension militante, visant à promouvoir l’entrepreneuriat dans les Outre-mer.
Quel est votre objectif en 2025 ?
Nous souhaitons atteindre une centaine de membres. Pour cela, nous investissons dans un contenu marketing plus riche, avec des extraits du podcast, des stories et des publicités. Nous misons aussi sur l’IA pour la création et la diffusion de contenu.
Quelles sont les spécificités de l’entrepreneuriat ultramarin ?
Les principales difficultés sont la taille réduite du marché et l’éloignement géographique. Il faut aussi composer avec un retard dans l’adoption du digital et des échanges commerciaux limités avec les pays voisins. Enfin, la culture entrepreneuriale y est encore peu développée. L’entrepreneuriat n’est pas suffisamment valorisé, et les modèles de réussite sont rares. C’est pourquoi, à travers notre podcast et nos ateliers, nous voulons prouver qu’il est possible d’entreprendre dans les DOM, même en partant de zéro.
Est-il difficile de financer son projet aux Antilles ou à La Réunion ?
Oui, le financement reste un défi majeur. Jusqu’à récemment, il n’existait aucun acteur important du financement dans les territoires ultramarins. Les entrepreneurs devaient se rendre à Paris ou à l’étranger pour trouver des investisseurs. Heureusement, des initiatives comme Impact Outre-mer (plateforme de financement participatif) commencent à émerger.
Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs ultramarins souhaitant se lancer ?
N’hésitez pas, lancez-vous rapidement et faites-vous accompagner. Il est essentiel de tester son idée au plus vite avec un investissement minimal.