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Montagne : ces investisseurs qui se ruent vers l’or blanc


Épargnée par la crise qui touche l'industrie touristique française, la montagne attire des hôteliers d'un nouveau genre.

Entreprendre - Montagne : ces investisseurs qui se ruent vers l’or blanc

Épargnée par la crise qui touche l’industrie touristique française, la montagne attire des hôteliers d’un nouveau genre.

Xavier Niel, Stéphane Courbit, Jean-Philippe Cartier, Bernard Arnaud, Valéry Grégo… ces entrepreneurs ont en commun l’acquisition récente d’un hôtel de luxe à la montagne. Et ce n’est évidemment pas un hasard. Malgré une saisonnalité courte (de novembre à avril) et un enneigement aléatoire (corrigé par la généralisation des canons à neige), l’hôtellerie de montagne constituerait un investissement particulièrement rentable…

Une destination épargnée

En septembre dernier, le cabinet KPMG* confirmait que 2016 sera une année noire pour l’hôtellerie française, en raison de la chute de la fréquentation des établissements de Paris-Île-de-France et de Nice-Côte d’Azur. Un phénomène lié aux attentats bien sûr, se traduisant par une baisse de 10% en moyenne des CA des hôteliers.

«Dans ce contexte difficile, l’hôtellerie de montagne fait figure d’exception, souligne Stéphane Botz, responsable du pôle hôtellerie chez KPMG. Il s’agit de destinations qui rassurent la clientèle car elles sont isolées des dernières cibles terroristes. Les chiffres pour l’hiver 2015 sont d’ailleurs aussi bons que ceux de l’année précédente».

Avec 52 millions de journées-skieurs vendues durant la saison 2015/2016, la France demeure le 1er domaine skiable d’Europe (2ème mondial derrière les États-Unis). Enfin, la Savoie et la Haute-Savoie sont les massifs qui tirent leur épingle du jeu grâce aux investissements des stations et à un réseau hôtelier de qualité.

Le retour des hôtels de luxe

Si les années 80-90 et 2000 ont vu prospérer les résidences de tourisme, l’hôtellerie, notamment l’hôtellerie de luxe, regagne du terrain au pied des pistes. «Les propriétaires reprennent leur bien qui n’est plus exploité par Pierre & Vacances, Maeva ou Odalys et les hôtels récupèrent la clientèle qui trouve de moins en moins d’hébergements de ce type», commente Stéphane Botz.

Autre phénomène qui explique le développement de l’hôtellerie de luxe sur les sommets (on compte plus de 40 hôtels 5 étoiles en Savoie et Haute-Savoie), le nombre de skieurs en France est globalement stagnant ou en baisse depuis l’année 2000, crise économique oblige, alors que la clientèle étrangère – britannique et russe en tête – est en hausse.

Pour contenter les vacanciers étrangers et français férus de glisse (les catégories socioprofessionnelles supérieures étant plus présentes dans les stations de montagne que dans d’autres destinations de vacances), les hôteliers multiplient les services «hors ski» et montent en gamme.

«Avec les restaurants, la location de skis ou les spas, le multi-service renforce le produit de destination des hôtels en montagne», remarque l’analyste chez KPMG. Certains professionnels en profitent pour se diversifier et ouvrir sur des périodes plus larges que la saison hivernale. L’été voit ainsi la clientèle des séminaires et voyages d’affaires remplacer la clientèle familiale et de loisirs.

Des placements rentables

«Beaucoup d’investisseurs à la montagne sont des savoyards ou hauts-savoyards qui aiment détenir la pierre. Et contrairement à Paris et à la Côte d’Azur, les étrangers n’ont pas encore la mainmise sur les plus beaux hôtels de nos reliefs», remarque Stéphane Botz.

Un constat qui n’échappe pas à une nouvelle génération d’hôteliers, milliardaires ou entrepreneurs, qui n’hésitent plus à sortir leur carnet de chèques pour s’offrir un hôtel 5 étoiles à Megève, Courchevel ou Val d’Isère. L’investissement en murs et fonds de commerce hôtelier les attire comme le miel les abeilles car il offre non seulement une rentabilité satisfaisante (5-7%), concerne des actifs tangibles dont la valeur de revente apparaît plus facile à estimer dans le temps, mais aussi une fiscalité avantageuse. Possibilité de réduire son ISF à hauteur de 50% du montant investi, réduction d’IR, exonération d’impôt sur les plus-values… expliquent cet attrait pour les cimes enneigées.

* 39ème édition de la publication annuelle sur «L’Industrie hôtelière française» de KPMG

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