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Ils ont créé Caudalie, première marque de cosmétique écoresponsable


À Bordeaux, l’histoire du couple de Mathilde et Bertrand Thomas reste un modèle du genre. Les fondateurs de Caudalie en 1995 ont réussi à en faire une référence de la cosmétique mondiale. 50 ans, Mathilde et Bernard Thomas semblent toujours aussi jeunes. Leur vie est pourtant bien remplie, avec le...

Entreprendre - Ils ont créé Caudalie, première marque de cosmétique écoresponsable

À Bordeaux, l’histoire du couple de Mathilde et Bertrand Thomas reste un modèle du genre. Les fondateurs de Caudalie en 1995 ont réussi à en faire une référence de la cosmétique mondiale.

50 ans, Mathilde et Bernard Thomas semblent toujours aussi jeunes. Leur vie est pourtant bien remplie, avec le bébé Caudalie qu’ils ont fait naître alors qu’ils n’avaient que 23 ans et leurs trois enfants. Bertrand est l’organisateur du couple, dans l’entre-prise, il est en charge du commerce, de la stratégie, des finances et du développe-ment. Mathilde dirige la R&D, les achats et la création de contenus.

Lorsque l’on a résisté à tous les commentaires désobligeants des débuts d’une aventure entrepreneuriale, le caractère se forge. Car si aujourd’hui, certains l’ont oublié, autant dire que les pépins de raisins faisaient sou-rire. Les deux jeunes créateurs se sont rencontrés en prépa, Bertrand a ensuite fait l’ESSEC, Mathilde Skema Business School, mais ils n’ont cessé de travailler ensemble sur leur idée.

Le concept Caudalie est né grâce au professeur Vercauteren qui les a convaincus de la valeur des produits issus de la vigne. Confiants en son jugement, ils sont allés de l’avant. À dire vrai, même les directeurs de stage de l’Essec de Bernard Thomas n’étaient pas vraiment convaincus, trouvant l’idée quelque peu farfelue.

L’INDÉPENDANCE

La marque est approchée régulièrement par les grands de la cosmétique, mais le cap des deux époux est clair. L’indépendance est leur choix, la seule façon pour eux de respecter les valeurs sur lesquelles ils continuent à bâtir la marque Caudalie. Mathilde Thomas a notamment donné le cap avec un accent mis sur le RSE. Une longue liste d’ingrédients bannis dans les produits existe depuis longtemps, les compositions sont faites de 95 à 100% d’ingrédients naturels.

Caudalie veut aussi devenir une entreprise zéro déchet, elle est l’un des membres européens majeurs depuis dix ans de « 1% For the Planet ». Elle reverse donc 1% de son chiffre d’affaires à des associations environnementales. En moyenne, 1 arbre est planté tous les 5 produits vendus. Les créateurs sont persuadés que cette stratégie qui fait pa-tie de l’ADN de la marque leur a permis d’avoir une longueur d’avance sur certains concurrents, dans un monde où le naturel est recherché à condition que cela ne nuise pas à l’efficacité des produits.

Ce dernier critère est garanti par une autre collaboration scientifique depuis 2013 avec David Sinclair, professeur de génétique à Harvard Medical School, connu pour son travail sur l’anti-âge.

SÉDUIRE LE MONDE

L’Europe reste le cœur de business de Caudalie. Le Japon a été l’un des premiers pays à s’intéresser à la marque, mais ce sont la Chine et surtout les États-Unis qui en font une marque mondiale. Pour parvenir à installer Caudalie aussi loin, le couple n’a pas hésité à embarquer les enfants vivre à New York pendant cinq ans où Mathilde Thomas a appuyé sa communication sur le concept de la beauté à la française, puis à Hong Kong pendant trois ans.

Même s’ils avouent être heureux de rentrer en France, le couple dit n’avoir vraiment compris en profondeur ces deux marchés de la cosmétique qu’en étant sur place. Une étape importante pour le développement du groupe, qui a aussi permis la collaboration entamée avec David Sinclair. Entrer dans ces nouvelles cultures a également permis de prendre de l’avance sur les réseaux sociaux, un élément devenu prioritaire depuis le Covid. Si les ventes via internet sont modestes, Instagram et Tik Tok sont à présent pour Caudalie un moyen de communication directe et privilégié avec les clients.

L’AVENIR ET SES AMBITIONS

Nul doute que Mathilde et Bertrand ne regrettent pas d’avoir fait la prépa HEC où ils se sont rencontrés. Ils disent être toujours à fond, travaillant pour le futur à recruter les meilleurs collaborateurs, imaginant de nouveaux facteurs de motivation. Ils n’ont pas non plus hésité à investir il y a quatre ans quelque 20 mil-lions d’euros dans un nouvel entrepôt automatisé et de nouveaux laboratoires de recherche à Gidy, près d’Orléans.

Car il faudra toujours plus d’innovations et de brevets pour contenir la concurrence. Leur choix en matière de distribution n’a pas changé, ils privilégient le circuit des pharmacies et parapharmacies en Europe, comme lors de leurs débuts, un segment qui a explosé ces dernières années et est resté ouvert pendant la pandémie. Pas de temps libre pour Mathilde et Bernard Thomas, trois enfants et Caudalie remplissent un emploi du temps bien chargé.

Ils regardent avec un peu d’amusement les jeunes entrepreneurs qu’ils ont été, saisissant toutes les opportunités sans grand discernement, une façon de se façonner une expérience. Ils ont traversé quelques coups de chaud, mais leur vision est claire, doubler la taille de leur entreprise afin de préserver leur indépendance sur le long terme.

Anne Florin

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