La construction à ossature bois a le vente en poupe ! Construire, investir, acheter, les conseils pour apprivoiser ce matériau en plein boom.
«Tous les indicateurs sont au vert pour un développement important de la filière bois», déclare d’emblée Paul Jarquin, président-fondateur de REI, société de promotion et de construction immobilière spécialisée dans l’éco-construction d’habitat collectif, un marché en plein boom.
«Quand nous avons commencé en 2009, il y avait beaucoup de réticences de la part des acquéreurs, en raison de problématiques liées aux incendies, à l’acoustique, à la pérennité de la construction… un frein au développement, notamment du côté des municipalités. À l’époque, il n’existait aucune référence en France sur laquelle se baser pour démontrer l’intérêt de la construction bois. Mais aujourd’hui, la commande publique se met au bois de façon importante. En Île-de-France, notre terrain de prédilection, l’éco-construction est désormais un atout commercial». Résultat, les investisseurs arrivent en masse.
Un investissement attractif
«Même si les commerciaux doivent parfois balayer les craintes des acquéreurs, les investisseurs sont effectivement de plus en plus présents dans la filière bois, avec de très bons retours. Comme la construction bois fait baisser la facture énergétique, le rendement est plus important, bien qu’il dépende toujours du quartier, du prix d’achat, du loyer… Sur le long terme, la réduction de la facture énergétique liée à la construction bois permet de faire des substantielles économies», confie Paul Jarquin.
Pour les investisseurs, il s’agit d’un placement lié aux préoccupations actuelles, sur un marché à la fois en plein boom et en devenir. Ne pas s’y positionner serait une erreur, le bois étant résolument le matériau de construction de demain.
«On vous dira traditionnellement que le bois est plus cher que le béton. En réalité, c’est de moins en moins le cas. En milieu urbain, un immeuble de moyenne gamme affiche ainsi un prix de construction d’environ 1.600-1.700 €/m² habitable, parking inclus, un coût équivalent à une construction en béton. Pour 2016, nous préparons d’ailleurs un programme à ossature bois de 160 logements à Montreuil (93), avec parking. Le coût varie d’une structure à l’autre mais le bois permettant une construction 40% plus rapide que le béton génère de forts gains de productivité, ce qui se répercute sur des prix réduits pour les acquéreurs», rassure Paul Jarquin.
En effet, si les projets à forts potentiels environnementaux créent souvent un surcoût au démarrage, les économies d’échelle et les gains de productivité permettent à terme des prix équivalents, voire en dessus de ceux des constructions en béton.
D’importants atouts
Le bois représente un attrait significatif pour la construction et l’investissement par ses nombreux avantages. «Ce matériau végétal permet de réduire le bilan carbone d’un bâtiment.
Au sein des enjeux climatiques actuels, faire valoir la réduction des émissions de gaz carbone à hauteur de 50% est considérable par rapport aux constructions classiques».
L’éco-performance du bâtiment est donc le principal atout de la construction bois. «C’est un isolant thermique 12 fois plus performant que le béton. En outre, dans la construction bois, beaucoup d’éléments sont préfabriqués en usine. Il suffit ensuite de les assembler, ce qui réduit considérablement les délais de construction. Nous avons récemment construit un immeuble, avec un parking en béton, en 9 mois seulement, au lieu de 14 mois pour la filière “classique”. D’ici peu, nous visons même un temps de construction de 4 mois pour un immeuble de 30 logements. C’est réellement un autre rapport au chantier, plus propre et plus rapide, avec beaucoup moins de nuisances. Des arguments forts pour les municipalités», énumère Paul Jarquin.
Pour autant, il existe néanmoins des contraintes, notamment réglementaires. «Nous sommes encore en phase d’innovations sur ce marché français naissant, avec seulement une cinquantaine de réalisations en collectif en milieu urbain sur le territoire. Résultat, les labellisateurs n’ont pas encore totalement intégré ce matériau.
Il y a également un problème acoustique : le bois est conducteur… mais cela se traite, en réalisant un plancher plus épais, par exemple. Enfin, le bois est un matériau inflammable qu’il faut protéger». Le prix d’un appartement dans un immeuble à ossature bois est équivalent à celui d’un logement dans un immeuble traditionnel.
«Les acheteurs cherchent avant tout un prix et une surface, le matériau ne rentre pas encore dans la liste de leurs priorités. Ce n’est pas parce qu’un bâtiment est éco-performant qu’il doit être plus cher. Il faut voir l’innovation bois comme une différenciation en termes d’offres mais pas comme une possibilité de vendre plus cher. Il s’agit avant tout d’une innovation technique qui permet de construire au même prix et qui est donc intéressante pour les investisseurs. C’est un meilleur produit, au même prix, voire moins cher à terme», estime d’ailleurs Paul Jarquin. À vérifier donc : le prix au mètre carré !
Interview : Laurent Deroussin, responsable réseau Natilia, 1er constructeur de maison individuelle à ossature bois en France
Quel est l’état du marché des constructions bois en France ?
Laurent Deroussin :
La construction bois de maisons individuelles représentait 8% du marché en 2008, 11,3% en 2011 et 12% en 2013. À l’horizon 2016, il devrait atteindre 15%. Même si ces dernières années ont été mauvaises pour le marché de la maison individuelle, la part du bois est en constante augmentation.
À titre de comparaison, aux États-Unis, le bois représente 90% des maisons, 60% dans les pays scandinaves et 30% en Allemagne. Mais nous rattrapons notre retard, comme en témoigne la croissance de notre réseau. En 2014, nous avons réalisé 336 maisons Natilia pour un prix de vente moyen HT de 110.000 €.
Pourquoi un tel engouement ?
Laurent Deroussin
: Les délais de construction sont très réduits : une maison peut être montée en 2 jours. L’industrialisation possible du concept est un réel avantage : le fait qu’une bonne partie de la maison soit réalisée en usine permet de maîtriser le prix de revient de manière plus précise qu’avec des artisans.
Chez Natilia, le coût de revient représente environ 65.000 € en fonction du lieu, pour un prix de vente d’environ 1.200 €/m² TTC, comme pour une construction traditionnelle. Mais les constructions à ossature bois étant mieux isolées que les maisons traditionnelles, même haut de gamme, les économies sur la facture énergétique sont considérables.
Les investisseurs sont-ils présents sur ce marché ?
Laurent Deroussin
: Oui, même si leurs investissements ne sont pour l’instant pas liés au matériau mais à la rentabilité, notamment par la loi Pinel sur certaines zones géographiques.
Mais les RT (normes de Réglementation Thermique) en vigueur et futures vont orienter les modes constructifs vers le bois, qui va de fait devenir moins cher que le traditionnel, ce qui devrait séduire les investisseurs en masse. D’ailleurs, beaucoup de constructeurs traditionnels achètent actuellement des usines pour la construction à ossature bois, ce qui prouve que ce type de produit est en devenir.
Le bois est un produit pérenne du point de vue énergétique, qui permet d’avoir une meilleure plus-value dans le temps, de quoi mieux revendre. Enfin, les architectes ayant beaucoup utilisé le bois pour réaliser des maisons contemporaines, le matériau a gagné ses lettres de noblesse, avec une connotation haut de gamme qui permet de revendre plus cher.