Petite par la taille, la Suisse fait pourtant partie des géants industriels. Adepte de l’excellence, la réussite de nos voisins devrait nous inspirer pour faire face à la désindustrialisation de notre pays, avec des PMI prises à la gorge par des règles administratives et fiscales étouffantes et un marché du travail rigide.
L’industrie suisse est l’une des plus performantes du monde ! En témoignent les fleurons comme Swatch (8,3 Mds€ de CA) pour l’horlogerie, Novartis (49 Mds€ de CA) pour l’industrie pharmaceutique, ABB Sulzer (36 Mds€ de CA) pour l’énergie et l’automation…
Si 73% du PIB proviennent du secteur des services, l’industrie reste un pilier de l’économie helvétique, représentant 27% du PIB (contre 12,4 pour la France). Le MEM (secteur des machines, des équipements électriques et des métaux) pèse ainsi 89 MdsCHF (82 Mds€) et 330.000 emplois répartis dans 14.478 entreprises.
C’est le 1er employeur industriel du pays. Mieux encore, près de 80% de cette production est exportée, dont 60% vers l’Union européenne. La Suisse se situe au 4ème rang mondial en termes de PIB par habitant avec 74.010 CHF (68.241 €), derrière le Luxembourg, la Norvège et le Qatar, mais loin devant la France (33.882 €), qui ne figure même pas dans les 20 premiers. Alors pourquoi ne pas s’inspirer des recettes helvètes ?
Un marché du travail flexible
Grâce à un Code du travail très libéral et un marché de l’emploi peu régulé, l’économie helvétique est l’une des plus productives au monde.
En Suisse, ni Smic, ni 35 heures (la durée hebdomadaire du travail varie entre 40 et 45 heures), ni dualité entre CDI et CDD, puisque le contrat peut être résilié à tout moment par les deux parties et sans raison. Et pourtant, cette souplesse ne dégrade absolument pas le climat social !
Un état de fait remarqué en 2014 par François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, invité à réagir à la conférence de presse de François Hollande face à d’autres présidentiables, qui dénonce alors les rigidités du marché du travail dans l’Hexagone. De sa besace, le Centriste sort d’abord un petit livret de quelques centaines de pages contenant le Code du travail suisse, «là où il y a 4% de chômage», déclare-t-il, avant de lever l’énorme pavé de 3.000 pages du Code du travail français, «un frein à l’embauche».
D’autant que le petit Code de nos voisins n’en est pas moins protecteur, régissant le contrat individuel de travail, la convention collective, la durée du travail et du repos, la couverture santé, la sécurité, le congé maternité… En revanche, salaire et autres avantages sont négociés de manière individuelle entre employeur et salarié. Il existe toutefois des conventions collectives pour certaines branches, aux niveaux confédéral et cantonal. De manière générale, les Suisses en appellent au bon sens et de nombreuses décisions découlent d’un accord individuel.
Un coup du travail plus faible
Les salaires suisses sont extrêmement élevés, le salaire médian 2,3 fois supérieur au salaire médian français : 6.118 CHF par mois (5.014 €), contre 2.223 €.
Pour autant, et contrairement à une idée reçue, la fiscalité suisse est supérieure à la fiscalité française. À revenu égal, un Suisse paye ainsi plus d’impôts qu’un Français. Et pourtant, en dépit d’un coût de main-d’œuvre important, les PMI suisses cartonnent grâce à un coup du travail largement plus faible qu’en France.
En effet, en Suisse, les charges salariales s’élèvent à 15% (22% en France) et les charges patronales à 15% (42% en France). Cherchez l’erreur ! La Suisse est donc dans un cercle vertueux, où tout le monde s’y retrouve : un coût du travail faible, des créations d’emplois, des salaires élevés, un pouvoir d’achat important, une consommation élevée… des recettes fiscales en conséquence !