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Industrie : les start-up françaises à la peine


Le dernier Observatoire de Bpifrance met en lumière des signaux préoccupants pour l’avenir de l’industrie française.

Entreprendre - Industrie : les start-up françaises à la peine

Après plusieurs années de forte croissance, l’écosystème des startups industrielles françaises connaît un net ralentissement. C’est ce que révèle le dernier observatoire de Bpifrance, qui met en lumière une baisse de 32 % des levées de fonds en 2024, un recul des inaugurations de sites industriels par les startups et un contexte global moins favorable à l’investissement dans l’industrie.

Si le secteur reste dynamique, les chiffres de cette année confirment un coup de frein préoccupant pour la réindustrialisation du pays.

Une chute des levées de fonds qui inquiète

Avec 2,8 milliards d’euros levés en 2024, les startups industrielles enregistrent un net recul par rapport à l’année précédente (4,2 milliards d’euros en 2023). Ce repli s’inscrit dans une tendance plus large de contraction des investissements en Europe, mais il est aussi amplifié par un rééquilibrage des financements en faveur du secteur de l’intelligence artificielle, au détriment des startups industrielles.

Symbole de cette tendance : le nombre de levées de fonds supérieures à 100 millions d’euros a été divisé par deux, passant de 10 en 2023 à seulement 5 en 2024. Un signal préoccupant alors que ces financements sont cruciaux pour permettre aux jeunes entreprises de passer à l’échelle industrielle.

Moins d’usines, moins d’industrialisation

Les startups industrielles, qui avaient massivement investi dans l’ouverture de sites de production en 2023, marquent un net ralentissement cette année. Seules 38 nouvelles usines ont été inaugurées en 2024, contre 60 en 2023, soit une baisse de 37 %.

Parmi ces ouvertures, on compte :

  • 20 nouvelles usines à l’échelle
  • 17 lignes pilotes/démonstrateurs
  • 1 extension de site existant

Cette baisse contraste avec la dynamique des PME et ETI industrielles, qui, elles, ont ouvert 77 nouveaux sites industriels, en forte progression par rapport à 2023 (+33 %). Les startups peinent donc à suivre le rythme, freinées par un accès plus difficile aux financements.

Un écosystème sous pression

Si les startups industrielles représentent encore un moteur d’innovation essentiel pour l’industrie française, leur essor semble aujourd’hui limité par plusieurs facteurs :

  • Une concurrence accrue des technologies numériques et de l’intelligence artificielle, qui captent une part croissante des investissements
  • Un accès au financement plus difficile, en particulier pour les projets nécessitant des infrastructures lourdes et coûteuses
  • Un environnement macroéconomique plus contraint, marqué par une montée des taux d’intérêt et une prudence accrue des investisseurs

Par ailleurs, les secteurs les plus innovants et stratégiques restent sous tension. Les startups deeptech et greentech, qui représentent respectivement un tiers et la moitié des startups industrielles, sont particulièrement dépendantes des financements pour transformer leurs innovations en productions à grande échelle.

Quel avenir pour la réindustrialisation par l’innovation ?

Si 2024 marque un coup d’arrêt pour les startups industrielles, les fondamentaux restent solides : la France compte toujours plus de 3 200 startups industrielles employant 65 000 personnes, et les PME et ETI industrielles poursuivent leurs investissements.

Cependant, l’essoufflement des startups interroge la capacité du pays à soutenir son ambition de réindustrialisation. Alors que les besoins d’investissements restent colossaux, un plan de soutien ciblé sera peut-être nécessaire pour relancer la dynamique, notamment en orientant davantage les financements publics et privés vers l’industrialisation des innovations.

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