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Inflation : le gouvernement est un pompier pyromane !


Par Jean-Philippe DELSOL, avocat et essayiste français. Il est président et administrateur de l’Institut de recherches économiques et fiscales. Le gouvernement est un pompier pyromane qui favorise l’inflation pour pouvoir intervenir afin de la combattre. Le pire est qu’en la combattant il l’aggrave plus encore. Les gouvernements qui ont voulu...

Bruno Le Maire (Photo Eliot Blondet/ABACAPRESS.COM)

Par Jean-Philippe DELSOL, avocat et essayiste français. Il est président et administrateur de l’Institut de recherches économiques et fiscales.

Le gouvernement est un pompier pyromane qui favorise l’inflation pour pouvoir intervenir afin de la combattre. Le pire est qu’en la combattant il l’aggrave plus encore.

Les gouvernements qui ont voulu l’argent facile, le quantitative easing, après la crise financière de 2008 et qui en ont redemandé avec le « quoi qu’il en coûte » ont injecté tellement plus d’argent dans le circuit que ce que la société pouvait offrir de biens et services supplémentaires que l’inflation était obligatoire aux premières étincelles du Covid et de la guerre en Ukraine.

Mais plus encore les politiques publiques poussent les feux de l’inflation. La transition énergétique est engagée à tout prix et renchérit tout. Elle pèse sur le pouvoir d’achat des automobilistes pour aller au travail, des familles pour se chauffer… Au détriment du contribuable, l’écologisme subventionne à tout va une agriculture biologique dont les produits sont trop chers. Les normes de construction, les contraintes fiscales et administratives qui frappent les propriétaires créent la pénurie de logements et augmentent leur coût…

Pour y remédier, les Etats bloquent les prix, multiplient les aides qui habillent les uns au détriment des autres appelés à en payer les frais. Ils élèvent chaque jour le niveau des exigences réglementaires qui sont autant de charges. Les produits alimentaires grimpent du fait des lois qui réduisent la libre négociation et la concurrence entre producteurs et distributeurs. Le coût du travail augmente du fait des obligations multiples et variées à respecter, tandis que les charges sociales grignotent une part considérable du salaire : la France est le pays d’Europe où les salariés doivent supporter le plus de charges salariales et patronales.

Au cours de la dernière décennie, les dépenses sociales publiques ont légèrement diminué au sein de l’OCDE pour s’établir à 20 % du PIB en moyenne en 2019 contre environ 32 % en France. On est pas plus mal soigné et les retraites ne sont pas plus indécentes en France qu’en Autriche, en Allemagne, en Suède ou en Norvège où les dépenses publiques sociales représentent 5 points de PIB de moins qu’en France. Pas plus qu’en Suisse ou en Irlande où elles sont d’environ 15 points de PIB inférieures parce que le privé prend le relais. En ce qui concerne les seules retraites, la France y consacrait en 2021 14,5% de son PIB à titre de dépenses publiques contre 11,3% en Espagne, 10,7% en Belgique ou 10,4% en Allemagne. En prenant en compte l’ensemble des dépenses sociales nettes, publiques et privées, la France caracole à 35% du PIB, cinq points de PIB devant les pays précités en moyenne, soit 150Md€ qui pourraient être rendus en pouvoir d’achat aux Français (Cf. étude OCDE novembre 2020 Le point sur les dépenses sociales).

Nos assurances sociales coûtent très cher parce qu’elles sont administrées par des fonctionnaires dont le statut hyper protecteur n’incite ni au travail ni à la productivité. Les aides sociales sont démesurées à force de mesures démagogiques prises par des politiques à la recherche de votes éphémères qui cachent aux Français les vrais problèmes avec l’argent du contribuable. Le débat sur les retraites n’a quasiment jamais évoqué la nécessité d’introduire de la capitalisation qui pourrait seule répondre au défi de la baisse chronique de la population et permettrait de réduire à terme les cotisations tour en rehaussant les pensions.

En redonnant aux Français leur liberté de s’assurer pour leur retraite, leur santé, leur chômage…, comme ils le font pour leur voiture, leur appartement, voire leur complémentaire santé, un vrai marché concurrentiel s’ouvrirait sur lequel les assurés découvraient que la Sécurité sociale coute une fortune. Ils feraient des économies comme ils en feraient si les prix de l’énergie n’étaient pas constitués pour moitié de taxes. Il y a de vraies réformes à faire mais personne n’ose les entreprendre.

Jean-Philippe Delsol

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