Je m'abonne

Infobésité : l’overdose numérique qui paralyse les entreprises


La transformation numérique a bouleversé le monde du travail, offrant flexibilité et efficacité. Mais elle a aussi créé un monstre : l’infobésité.

Photo de Headway sur Unsplash

L’infobésité, c’est ce trop-plein d’informations qui pèse sur les entreprises, comme le révèle le rapport 2023 de l’Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique (OICN). Emails, réunions, outils numériques… La surcharge est devenue ingérable et les conséquences sont lourdes.

Les chiffres du rapport sont éloquents. Un salarié reçoit et envoie des dizaines d’emails par jour. Entre 9h et 18h, 83 % des emails s’échangent, avec un pic entre 10h et 11h. Mais le pire, c’est que 15 % de ces messages sont des « emails parapluie », envoyés à une multitude de personnes dont une seule est véritablement concernée. En moyenne, chaque manager envoie 47 emails par semaine, touchant 110 destinataires différents. Et tout cela, sans compter les 5 % d’emails qui incluent plus de personnes en copie que de véritables acteurs du sujet.

Le multitâche devient la norme

Le rapport va plus loin en évoquant l’autre fléau : la réunionite. Aujourd’hui, un salarié passe 11h23 par semaine en réunion, contre 10h en 2021. Les dirigeants sont encore plus touchés avec un sommet à 17h33 hebdomadaires. En outre, 9 % des réunions se chevauchent, créant des tunnels épuisants où le multitâche devient la norme. Les mois de juin, septembre et octobre sont les plus chargés, avec une augmentation de 30 % du volume de réunions.

Tout cela pèse lourdement sur le bien-être des salariés. Le phénomène d’hyperconnexion touche 31 % des employés, incapables de décrocher après les heures de bureau. Pour 26,6 % d’entre eux, c’est encore plus critique : ils envoient des emails après 20h au moins 150 fois par an. Ce sont là des symptômes clairs d’un malaise profond, marqué par des risques psychosociaux comme le technostress, le burnout ou encore le bore-out. Quant aux dirigeants, ils sont encore plus exposés : 74 % d’entre eux avouent ne pas pouvoir traiter tous leurs emails quotidiens, ce qui alourdit leur charge mentale.

Rationaliser l’usage des outils numériques

Le télétravail et le mode hybride n’ont pas arrangé les choses. Le rapport montre que 90 % des salariés n’utilisent pas encore régulièrement des outils comme Teams, préférant les emails, ce qui amplifie la surcharge.

Pour lutter contre cette infobésité, l’OICN propose des solutions concrètes. Réduire le nombre d’emails, limiter la durée des réunions et surtout, instaurer des « plages de concentration » sans interruption numérique. Les entreprises doivent aussi encourager l’envoi différé des emails pour protéger le droit à la déconnexion et éviter que les employés ne sombrent dans l’hyperconnexion. Enfin, il ne faut pas oublier l’impact environnemental : un employé génère en moyenne 7,1 kg de CO2 par an avec ses emails et son stockage numérique. Il est donc crucial de rationaliser l’usage des outils numériques et de nettoyer régulièrement les espaces de stockage partagés.

À voir aussi