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Innovation ? Piraterie ? La Silicon Valley sans scrupules

Entreprendre - Innovation ? Piraterie ? La Silicon Valley sans scrupules

En plein cœur de l’été, au mois d’août dernier, Eric Schmidt, l’ancien CEO de Google, a défrayé la chronique en tenant, devant des étudiants de l’université de Stanford, des propos subversifs sur la nécessité, pour les entreprises naissantes et en forte croissance, à ne pas hésiter à voler des idées et à s’approprier des données d’utilisateurs pour réussir, ajoutant que si le succès était au rendez-vous, l’entreprise aurait les moyens de se payer les avocats nécessaires pour se défendre et qu’en cas d’échec, personne ne la poursuivrait. Il ne faisait ainsi que réitérer la révélation au grand jour d’une pratique de longue date des entreprises de la Silicon Valley.

Ses propos sont dans la lignée des agissements de ses lointains prédécesseurs, les entrepreneurs de la tech, comme Steve Jobs et Bill Gates qui, au début de leur parcours, n’avaient pas hésité à s’approprier certaines innovations de Xerox, pour accélérer le développement de leur entreprise. Ils font aussi référence à la prise de position controversée de Picasso, qui affirmait que « les bons artistes copient, les grands artistes volent ».

Bien sûr, de nos jours, il peut sembler à la fois audacieux et peu éthique de valoriser la pratique de la copie, surtout dans un contexte où chacun exige une protection accrue de la propriété intellectuelle.

Mais, d’un autre côté, il faut bien admettre que les protections dont se bardent certains groupes, les plus grands, notamment, constituent souvent autant de rentes pour leurs titulaires, ce qui interdit le jeu indispensable de la concurrence et détend les ressorts du progrès. Une fois protégés pour de nombreuses années, pour quelles raisons poursuivraient-ils leurs efforts d’innovation ? 

Alors, laissons les entreprises naissantes s’inspirer des idées lumineuses qu’elles détectent autour d’elles et des bonnes pratiques qu’elles copient. Fermons les yeux, au-moins au début. Il sera toujours temps, comme le disait Eric Schmidt, d’obtenir des compensations, le moment venu, si elles réussissent. En attendant, elles auront amélioré les produits ou les processus et contribué ainsi au progrès de tous les acteurs du marché. De surcroît, la nécessité, pour elles, de se constituer une clientèle, aura également fait progresser la connaissance et l’acceptabilité, par le public, de l’ensemble de l’offre concernée.

La dynamique de progrès, proche de la piraterie, au sein de l’écosystème des start-ups mérite, peut-être, notre indulgence. Elle est, sans aucun doute, l’illustration concrète du concept de destruction créatrice théorisé par Schumpeter, dès les années quarante.

Le débat reste et restera ouvert longtemps. Doit-on protéger l’acquis, au nom du droit de propriété, inviolable et sacré, liberté fondamentale, ou préférera-t-on favoriser le progrès, quitte à accepter quelques accommodements avec les règles de droit ?

Alain Goetzmann, 
Coach et Conseil en Leadership & Management
« Soyez libre, Entreprenez, Cultivez votre leadership »


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