Paradoxe français : le taux d’épargne des Français (15%) est très élevé mais elle profite peu au financement des entreprises et donc à la croissance. Volonté collective et choix individuel peuvent renverser cette tendance.
Pour accompagner le développement des petites et moyennes entreprises françaises, il est possible d’investir dans des PME cotées ou non cotées. L’investissement dans les sociétés non cotées permet d’éviter la volatilité des marchés financiers, cependant, le risque reste très élevé et la liquidité très faible. Il faut donc privilégier des placements à long terme.
Investir localement
Le Fonds d’investissement de proximité (FIP) vous permet d’investir dans la croissance de PME de votre région. Au moins 70% de votre actif est ainsi placé dans des entreprises non cotées appartenant à 4 régions limitrophes, le solde étant placé librement. Les sociétés financées n’étant pas cotées, il existe un risque de liquidité, pouvant rendre plus compliquée une éventuelle sortie du fonds avant son échéance.
Par ailleurs, le capital n’étant pas garanti, privilégiez, pour ce produit, un placement pour au moins 7 ans. Pour compenser cette prise de risque, investir dans un FIP vous permet de réduire de votre impôt sur le revenu 18% du montant placé dans le fonds (hors droits d’entrée), limité à 12.000 € pour une personne seule et 24.000 € pour un couple.
Par ailleurs, vous êtes exonéré de l’impôt sur les plus-values, après 5 ans de détention, mais pas des prélèvements sociaux (aujourd’hui à 15,5%). Si vous êtes un épargnant assujetti à l’ISF, l’investissement vous permet une réduction d’impôt annuelle pouvant aller jusqu’à 18.000 €. Cette réduction est soumise à certaines conditions de détention et d’investissement du FIP.
Identifier les bons placements
Favoriser l’économie locale par l’acquisition de parts sociales d’entreprises suppose de connaître les principaux acteurs de sa région en vue de choisir le bon investissement. À cette fin, de plus en plus de collectivités développent des portails destinés à soutenir des projets nécessitant des financements.
Des acteurs indépendants proposent également des sites référençant des placements porteurs de valeurs pour les régions. Particulièrement bien placées, les banques mutualistes s’organisent également pour soutenir le mouvement. Présentes au niveau régional, les caisses bénéficient de l’effet de proximité qui leur permet d’identifier plus facilement les besoins en financement locaux.
Livrets sociétaires
Les banques mutualistes proposent des livrets sociétaires, réservés aux clients de leur réseau. Les fonds ainsi collectés permettent de soutenir des projets régionaux liés à la caisse de souscription.
Le principe est alors de «cofinancer» avec votre caisse régionale une nouvelle entreprise locale participant ainsi au développement de la région. La durée d’investissement doit donc être d’au moins 5 ans pour permettre un véritable plan de développement. L’avantage de ce produit réside dans la possibilité d’alimenter à votre rythme le livret tout en ayant une épargne disponible, dans la limite d’un plafond fixé par votre banque.
Par ailleurs, comme tout livret d’épargne, le capital reste garanti et vous procure des intérêts versés à la fin de chaque année. Ces intérêts sont soumis au barème de l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux de 15,5%.
Nouveaux contrats d’assurance-vie
La réforme de l’assurance vie de septembre 2014 a introduit un nouveau contrat d’assurance-vie, Eurocroissance, qui permet aux assureurs, d’investir pendant 8 ans dans des actifs plus risqués, comme des actions, contrairement aux fonds garantis à tout instant, qui ne permettent pas de tels investissements.
Pour les épargnants, ce sont des perspectives de rendement plus importantes associées à un capital garanti au bout de huit ans au moins. Au total, ce type de contrats devrait permettre de déplacer, vers le financement de l’économie réelle 50 milliards d’euros sous 5 ans, soit 4% du total des fonds euros.
Comment bien choisir
– Accès à l’information :
pour investir sereinement dans une entreprise, l’accès à l’information est primordial. Plusieurs types d’information existent. Pour connaître la véritable santé d’une PME, vous devez disposer des éléments financiers sur ces derniers exercices. À ceci peut s’ajouter les rapports du dirigeant expliquant les résultats annuels de la PME. Vous devez également disposer d’une note expliquant les modalités de l’augmentation de capital avec les dates clefs, la nature des titres…
– Valorisation de la participation :
la valorisation est un élément indispensable lorsqu’une PME procède à une levée de fonds. Assurez-vous que celle-ci ait été effectuée par des experts indépendants. L’expertise indépendante vous protège d’une exagération à la hausse d’une valorisation, appelée survalorisation. L’expertise indépendante repose sur des connaissances, des méthodologies, des bases de données accessibles aux professionnels et un savoir-faire que l’expert vous garantit en signant son rapport de valorisation.
– Projet de croissance :
une entreprise qui procède à une augmentation de capital doit utiliser cette ressource financière pour financer un investissement moyen long terme opérationnel qui augmentera le résultat d’exploitation de l’entreprise.
Une entreprise qui utilise ses ressources dites haut de bilan pour combler ses besoins en trésorerie ou rembourser ses dettes financières n’est pas dans l’optique de croissance recherchée par les investisseurs. Il est important que le dirigeant exprime clairement son besoin de financement et vous présente l’allocation de cet apport de fonds dans un vrai projet de croissance.
– Prévision de sortie :
il est relativement facile d’investir dans une PME, mais il est beaucoup plus compliqué d’en sortir. La difficulté du désinvestissement n’est pas une légende et il existe beaucoup de montages financiers pour aider les actionnaires à sortir du capital. Mais à quel prix pour le dirigeant ? Pénalités financières en cas d’illiquidité des titres, ou encore vente de l’intégralité de sa société. Le meilleur moyen de sortir facilement reste la cotation sur un marché.
– Suivi régulier :
votre investissement dans les PME se fait sur du moyen-long terme. La PME doit donc être transparente sur cette même période. Il ne vous faut pas vous contenter des assemblées générales annuelles. Le reporting peut se matérialiser par des articles de presse, des communiqués, les principaux chiffres des comptes.