Jean-Baptiste Descroix-Vernier est né en 1970 à Lyon dans un milieu modeste. Le Baccalauréat en poche à 16 ans et demi, il démarre des études de droit grâce à une bourse et s’inscrit en tant qu’auditeur libre en théologie et envisage même, un temps, de se tourner vers la prêtrise influencée par un oncle ecclésiastique et par son grand-père…
Abandonnant le séminaire, il obtient une licence de droit privé, une maîtrise en droit des affaires et un DESS de droit des affaires et fiscalité à l’université Lyon 3 ainsi qu’un diplôme de juriste conseil d’entreprise avant d’intégrer l’Institut de droit et d’économie des affaires (IDEA), où il obtient un certificat d’aptitude à l’administration d’entreprise. Il réussit le certificat d’aptitude à la profession d’avocat et intègre le barreau de Lyon en 1993.
La même année, il ouvre son cabinet d’avocat spécialisé dans le droit des affaires notamment dans la télématique et le Web – qui était encore à ses balbutiements -, où il défend et conseille plusieurs entreprises du secteur des multimédias cotées en Bourse. Son cabinet prend rapidement une envergure internationale. Le succès est au rendez-vous pendant six ans.
Toutefois en 1999, il prend le risque de tout stopper et décide de quitter définitivement le barreau pour se lancer dans l’entreprenariat en devenant administrateur de Newtech Interactive, une société du numérique cotée en bourse et lance la revue d’actualité boursière intitulé Bourse Magazine, qu’il revend deux ans plus tard au groupe Robert Lafont (éditeur du magazine Entreprendre).
Suite à cela s’ouvre une période simultanément « mystique » et « introspective » où il voyage énormément : New York, Londres, Afrique australe…
Après réflexion, il réapparaît en 2001 avec un concept en or : se focaliser sur le paiement pour les entreprises, qui, connaissaient alors un vrai problème de modèle économique. En effet , au début des années 2000, l’heure est à la gratuité tous azimuts. Pour contrer cela, il propose, en plein éclatement de la bulle Internet, de « monétiser » leurs contenus , et, vendre des outils permettant de gagner de l’argent autrement que par la pub et donc de pouvoir rentabiliser le web (c’est-à-dire le trafic et l’audience) grâce à des SMS et/ou des appels surtaxés.
Il commercialise donc des solutions et des logiciels de « micro-paiements » aux milliers de sites web vendant des produits de moins de 3 euros (sonneries de portable, jeux vidéo, par exemple). Les clients réglant leurs achats sans sortir leurs cartes bleues : en envoyant un SMS surtaxé ou appel un numéro audiotel en 08. A chaque transaction, l’entreprise encaisse une commission de l’ordre de 10 à 15%. Cette activité représente 53% de son chiffre d’affaires. Il développe cette idée avec de jeunes hackers, qu’il surnomme ses «ninjas», majoritairement basés en Russie et en Bulgarie.
Totalement disruptif, l’entreprise ne faisait définitivement rien comme les autres. Jean Baptiste Descroix-Vernier recrute uniquement par téléphone et explique que la voix lui permet très vite de cerner son interlocuteur. « En général, je ne me trompe pas. » Ce sens du contact vocal fait partie de ces instincts développés pour rester libre et se dégager un maximum de temps. Comme dans L’Art de la Guerre de Sun Tzu il aime être partout sans être vu.
Adepte d’une méritocratie bien comprise, c’est-à-dire basée sur le savoir-faire et l’éthique, il donne très souvent leur chance à des candidats aux profils atypiques. Malgré ses largesses d’esprit, il n’intègre que des experts avec un recrutement hyper sélectif, ne travaille qu’avec l’élite, c’est-à-dire ceux qui fabriquent le monde de demain dans la compétence, le sérieux et le bon état d’esprit. Il reste accessible quand c’est nécessaire : « Ils peuvent à tout moment me solliciter pour un problème technique ou un conseil. Je ne laisserai personne sur le côté. »
JBDV a également la capacité de réunir des équipes complémentaires en identifiant des profils particuliers et à haut potentiel qu’il couve sous son aile protectrice. Pour impliquer ses équipes avec un maximum d’efficience, il a recours à une exemplarité sans faille, avec des qualités de leadership, de réactivité, d’efficacité et de connaissances et de déploiements techniques le tout dans l’excellence. Exemplaire en travaillant lui-même 18 heures par jour en gardant constamment un œil sur les algorithmes produits par ses ingénieurs. Dans la maîtrise mais un peu paranoïaque : « Je vois tout, je ne veux pas que ça m’échappe ».
L’autre levier employé est l’actionnariat et le partage de la valeur créée via des primes et des dividendes aux salariés. Qui ne comptent plus leurs heures en fournissant un travail hyper qualitatif (puisqu’hyper exigeant) permettant à l’entreprise (qui est aussi la leur) de croitre et d’accélérer dans un environnement hyperconcurrentiel ou le facteur « confiance » est la clé dans la sécurisation des transactions et la conquête perpétuelle de nouvelles parts de marché.
La culture de son entreprise et son management font partie des raisons expliquant sa croissance exponentielle. Il pose même les bases de solidarité entre les salariés. Sans oublier les valeurs de dignité et de fierté pour des équipes construisant quotidiennement le futur. Totalement impliqué, tourné vers les autres, mais totalement sur sa réserve. On sent une certaine défiance vis-à-vis des relations humaines. Certainement une manière de se protéger.
Rentabiliweb s’offre une diversification en exploitant ses propres sites comme :
-Toox.com (Belote, Yam’s)
-Yes-messenger.com (Site de rencontres entre adultes pour un abonnement de 20 euros par mois / JBDV possède également camsympa , purflirt…)
-Eurolive.com (Peep show et striptease payant, disponible à l’international)
Il exploite également des services d’astrologie et des sites de jeux en ligne. Et diversifie le bouquet global de divertissement numérique sur Internet et mobile avec des sites spécialisés dans la médiation (justiceprivee.com et handicap-information.com). L’ensemble de ces sites génèrent une audience très conséquente : plus de 36 millions de pages vues (c’est plus que France Télévisions ou M6).
Avec la confortable avance qu’il possède, Jean-Baptiste Descroix-Vernier a développé des solutions de paiement en ligne dédiées au e-commerce, alors qu’aucune solution alternative n’existait sur ce marché pour le monétiser. Son entreprise permet à ses clients d’augmenter le chiffre d’affaires et d’améliorer leurs taux de conversion (avec du retargeting par e-mail), de travailler sur des outils de « monitoring » fournissant des tableaux de bord pour mesurer leurs performances.
Il bénéficie de l’agrément la Banque de France comme « établissement de paiement » et occupe même un siège au sein du Groupement Cartes Bleues. Agrément qui lui permet de réaliser des encaissements pour compte de tiers. En 2002, il réalise 300 000 euros de chiffre d’affaires avec une marge de 70 000 euros. En 2005, le groupe s’implante au Canada, au Benelux et en Russie en procurant des revenus. En 2006, Rentabiliweb est introduit en Bourse sur le marché Alternext Bruxelles.
Grâce à une force de persuasion et une audace incroyable, il force le destin et la chance et rencontre Jean-Marie Messier à New York dans les bureaux de la Banque Messiers Partners et réussit à le convaincre de rejoindre le conseil d’administration de Rentabiliweb. Ils deviennent amis et les liens sont tellement fort que ce dernier devient le parrain de son fils. J2M lui présente ensuite tout le gratin du capitalisme français. Ainsi, Bernard Arnault accepte d’entrer au capital du groupe et lui présente à son tour Stéphane Courbit en 2008, qui, via sa holding Financière LOV en fera de même.
L’actionnariat de Rentabiliweb concentre donc le nec plus ultra des actionnaires français : Bernard Arnault (LVMH), François-Henri Pinault (Kering, qui arrive en 2010), Stéphane Courbit (Banijay), Jean-Marie Messier (Lazard), Pierre Bergé (YSL et le Monde), ainsi que des entreprises telles que Natixis ou AXA.
Rentabiliweb devient ainsi un acteur incontournable du secteur et continue de piloter son internationalisation. En 2007, l’entreprise atteint déjà à 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, rachetant l’année suivante une société spécialisée dans le BtoC qui deviendra la machine à cash du groupe lui permettant d’investir dans le domaine où il excelle : les différents systèmes de paiement sur le Web.
Il crée en mars 2007 la Fondation Descroix-Vernier (de droit belge privée) qui a pour but de financer des programmes humanitaires pour les vies les plus menacées : humaines et animales, en combattant la malnutrition (en finançant des puits en Afrique), la maltraitance et le manque de soin des êtres vivants sur la planète avec des refuges pour animaux maltraités et/ou abandonnés), ainsi que les causes environnementales.
La fondation agit contre la pauvreté (France, Togo, Burkina Faso, Guinée, Bénin et au Congo). Engagé dans des missions humanitaires, il a permis, avec ses partenaires comme l’ONG Hydraulique sans frontières d’apporter l’eau potable de façon durable et autonome à plusieurs centaines de milliers de personnes dans de nombreux villages d’Afrique sub-saharienne.
Après avoir été à la fois coté sur Alternext Paris et Alternext Bruxelles, le groupe change de marché boursier en 2010. Rentabiliweb est alors coté sur le compartiment C d’Euronext Bruxelles et Paris. La stratégie BtoC du groupe s’oriente en 2010 sur les secteurs féminins, bien-être, coaching personnel et astrologie avec l’acquisition notamment de ClicBienEtre, le portail d’information santé et shopping de santé naturelle, filiale du groupe Yves Rocher et de SBSR Online.
En 2011, Rentabiliweb est transféré sur le compartiment B d’Euronext et est définitivement agréé par la Banque de France en qualité d’établissement de paiement. Ce qui lui permet de lancer Be2bill, sa solution de paiement par cartes bancaires. L’entreprise entrera même au GIE Carte Bancaire en juin, siégeant ainsi aux côtés des plus grandes banques mondiales. Son groupe emploie plus de 290 personnes sur trois continents.
Be2bill est à la fois PSP (Payment Service Provider) et banque acquéreur (agréé par la Banque de France et membre affilié du GIE Cartes Bancaires). Sa solution est unique et permet aux commerçants en ligne et en points de vente physiques, d’encaisser leurs clients tout en augmentant leur chiffre d’affaires et leur taux de transformation. Be2bill se positionne aussi comme l’un des principaux acteurs de la lutte contre la fraude.
Le groupe va poursuivre le déploiement de ses solutions autour d’un savoir-faire unique : le payment marketing. Le payment marketing permet aux marchands de maîtriser leurs cycles de vente à travers l’utilisation de solutions leur permettant d’acquérir des clients avant la transaction (marketing direct), d’optimiser leur paiement pendant la transaction (paiement), et de les fidéliser après la transaction (marketing direct et télécom).
La force et la richesse de l’offre est de proposer ainsi aux e-commerçants des solutions monétiques « intelligentes », bourrées d’informations sur les clients, et des actions d’e-marketing ciblées. A très haute valeur ajoutée technologique, cette activité maîtrise à la fois les process complexes et très réglementés des transactions financières en ligne, pour lesquelles JBVD a dû montrer patte blanche auprès des autorités de contrôle, et les inépuisables ressources du big data.
En 2011, à la demande du président de la République, il forme le premier Conseil National du Numérique et en devient vice-président, chargé de la commission des libertés et de la protection de l’enfance mais démissionne un mois plus tard. 412ème fortune de France, selon le classement 2011 du magazine Challenge, sa fortune est évaluée à 84 millions d’euros. En 2013, en partenariat avec Image7, l’agence de communication d’Anne Meaux, il fonde Repu7ation, une agence d’e-réputation et travaille avec Image 7 sur l’amélioration de son image personnelle.
En 2013, Rentabiliweb a réalisé 72 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec un résultat net frôlant les 3 millions d’euros. En 2015, Rentabiliweb devient Dalenys pour avoir un nom plus international et plus institutionnel tout en ambitionnant de devenir le leader des fintechs européennes et dépasse le milliard de transactions traitées au cours de ce premier semestre, après avoir mis le cap sur l’international : la Grande-Bretagne, la Belgique, la Suisse et les Pays-Bas. Avec le renforcement du profil BtoB de son activité.
En 2015, il déclare se verser un salaire net mensuel de 3 900 euros. En 2008, sa fortune est estimée à 66 millions d’euros (445e rang des plus grandes fortunes de France). En mars 2016, Jean-Baptiste Descroix-Vernier quitte la présidence de Dalenys, mais demeure président du conseil d’administration jusqu’en octobre 2017, date à laquelle le groupe est cédé à Natixis (Groupe Banques Populaires-Caisses d’Epargne), qui devient propriétaire à 100% de Dalenys. En juin 2019, la société Saint-Georges Finance, holding personnelle de Jean-Baptiste Descroix-Vernier, et lui-même, à titre personnel, portent plainte contre Natixis et la société Dalenys pour abus de confiance et complicité, s’estimant floués lors de la revente.
En 2016, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 64,5 millions d’euros, en hausse de 20% pro forma, dont près des deux tiers venant encore de l’activité « télécoms » (mise en place de numéros surtaxés pour monétiser les audiences avec des jeux concours des TV et radios notamment). L’activité de paiement est de 17 millions d’euros sur l’année, mais elle enregistre une forte croissance, de 44% (+11% au dernier trimestre).
JBDV a pris du champ, il est devenu président, en charge de la stratégie. Une manière de se désengager progressivement de l’opérationnel du groupe. L’entreprise affirme avoir « la confiance de 15% du top 100 de l’e-commerce » et a séduit des clients tels qu’Interflora et Burger King ou Made.com : le volume d’affaires encaissé a bondi de 77% l’an dernier à 1,7 milliards d’euros, dont 16% hors de France. Le rythme observé en janvier permet de projeter un volume en année pleine (run rate) de 2,6 milliards d’euros, ce qui leur permet de se rapprocher rapidement de leur objectif de 5 milliards d’euros à horizon 2018.
Dalenys est ensuite rebaptisé Payplug et poursuit encore aujourd’hui son activité. Au-delà des apparences et de l’image publique, il faut savoir et bien comprendre que ses succès financiers et entrepreneuriaux ne doivent absolument rien au hasard ou à la chance. Il a su développer, tout au long de son parcours, une très forte expertise dans la maîtrise des flux bancaires, techniques et télécoms sans oublier les volets managériaux, commerciaux, stratégiques et financiers.
Jean-Baptiste Descroix-Vernier est un entrepreneur « rare » qui nous livre ses 4 « H » :
- Hardiesse : Impossible d’entreprendre sans courage et sans prendre de risque.
- Humanité : Même en étant patron, parfois autoritaire et dur, il faut rester humain dans son approche et son interaction avec les autres, les collaborateurs, les clients, les fournisseurs, etc.
- Humilité : Un patron doit savoir décider et trancher, mais il doit aussi savoir écouter au préalable. Si le succès vient, restez vous-même, ne vous laissez pas changer par l’argent…Humilité commande de s’entourer de personnes meilleures que soi pour bien avancer.
- Humour : Apprendre à gérer la vie et les difficultés avec humour, c’est tout de même une force, surtout que la vie d’un entrepreneur est parsemée de problèmes, d’erreurs et d’errements !
Visionnaire, il avait anticipé dès 2002 la révolution numérique des services de paiements et l’ubérisation de ce marché occupé principalement par les grandes banques et celle stratégique du Big Data. C’est tout simplement l’inventeur de systèmes de paiements totalement anonymes et sécurisés.
Sa fortune, entièrement destinée aux causes humanitaires, est née de ses idées visionnaires et d’une gestion efficace et prudente. Qu’il a décidé de tout léguer de son vivant. En mars 2016, lors d’une mission humanitaire en Afrique subsaharienne, il contracte une souche rare de la Malaria et survit de justesse après une longue hospitalisation. Il quitte, peu de temps après, la présidence de Dalenys.
Aujourd’hui, Jean-Baptiste Descroix-Vernier vit retiré, entre sa péniche d’Amsterdam entouré de ses chats et ses icônes religieuses et la Dombes. Il a surmonté sa maladie et ses conséquences. Il continue le combat aux côtés des associations et des ONG de terrain avec son épouse et son équipe de bénévoles.
Il est propriétaire de 1250 hectares dans la Dombes, dont 400 hectares d’étangs, où il pratique la pisciculture et l’agriculture traditionnelle. Un juste retour sur la terre ancestrale et une manière de boucler la boucle. Iconoclaste, solitaire convaincu et endurci, grand lecteur, ce patron expert est un perfectionniste, mais aussi un spirituel, sensible et doué d’une très forte empathie pour qui l’argent ne sera jamais une fin, mais toujours un moyen d’accomplir et de s’accomplir.
Son parcours, son expérience, ses succès ne sont finalement qu’une « prière » destinée à nous inspirer. Destinée à illuminer ceux et celles qui cherchent à se réaliser et à s’épanouir tout en restant eux-mêmes. Destinée à nous faire réfléchir et à nous interroger : que faisons-nous pour notre prochain ? Qu’apportons-nous concrètement ? Et que laisserons-nous en définitif après notre départ ?
Son objectif et sa vocation étaient de servir Dieu. Il ne l’a pas fait depuis un couvent, mais à travers sa fortune. Ne cherchant jamais les honneurs mais l’honneur. Ne cherchant jamais les lumières mais la lumière.
MEJRI Bassem