Jean-Philippe Cartier, serial entrepreneur investit dans l’hotellerie de luxe après avoir tout réussi sur Internet.
Il voit grand ! En octobre dernier, Jean-Philippe Cartier, jeune entrepreneur ambitieux à la tête du groupe hôtelier de luxe H8 Collection, enrichit sa collection d’hôtels prestigieux en s’offrant le Vieux Castillon, situé à deux pas du pont du Gard et du duché d’Uzès, entre Nîmes et Avignon.
Quatre étoiles supplémentaires pour son groupe qui, avec ses deux autres jeunes hôtels d’exception, le Mas de la Fouque en Camargue et le Domaine des Hauts de Loire dans le Centre, cumule désormais 12 étoiles. De quoi briller dans le paysage de l’hôtellerie de luxe. Selon les récentes estimations de sa holding, H8 Invest, son groupe hôtelier devrait générer en 2014 un CA de 8 M€, pour un Ebitda d’environ 1,4 M€. Alors que d’autres groupes indépendants (Traversac, Savry…) s’interrogent, lui mise sur ce secteur à l’image de Stéphane Courbit ou Alain Ducasse.
Du Web à la vie de château
Créée en mars 2014 à l’occasion du rachat du Domaine des Hauts de Loire, H8 Collection marque le début d’une nouvelle aventure entrepreneuriale pour Jean-Philippe Cartier. À seulement 38 ans, ce serial entrepreneur au CV aussi long que la carte des vins d’un 5 étoiles a déjà investi dans une dizaine d’entreprises et presque autant de secteurs : le Web (Etoilecasting. com, Startinig Dot…), l’automobile d’occasion (Autoreflex), la restauration (L’Arc), la ganterie, la maroquinerie et l’horlogerie de luxe (Lavabre Cadet), les médias (MFM), les VTC (Drive), les jets privés (Wijet) et la promotion immobilière à Courchevel.
Aux commandes de sa «machine de guerre», la holding H8 Invest, le fringant trentenaire part à l’assaut du marché de l’hôtellerie haut de gamme de caractère dès 2012. Un mouvement plus instinctif que stratégique, moins rationnel que passionnel. «Je fonctionne à l’instinct », précise l’entrepreneur. «Au fil des ans et des projets, j’ai développé une faculté à détecter le potentiel d’un futur business. Le secteur de l’hôtellerie m’a toujours paru attractif. J’ai d’ailleurs acquis le Mas de la Fouque davantage par coup de coeur que réelle vision stratégique. Par la suite, le succès de l’hôtel a fini de me convaincre que l’hôtellerie était un secteur dans lequel je devais investir».
Authenticité et évasion
En se diversifiant dans l’hôtellerie de luxe, un secteur porteur qui devrait connaître une reprise de 2,5% en 2014, après une année 2013 marquée par une apathie générale, le jeune patron de H8 Invest dévoile un flair incroyable, misant sur l’hôtellerie haut de gamme dite «de caractère», avec des murs à haute valeur patrimoniale (les maisons Renaissance du Vieux Castillon, vieilles pierres du manoir du Domaine des Hauts de Loire) érigés dans des régions attractives (de la Camargue à la vallée de la Loire), et le retour à certaines valeurs, dont l’authenticité.
« Au Mas de la Fouque, nous accueillons de plus en plus de clients dotés d’un fort pouvoir d’achat, habitués à séjourner sur la Côte d’Azur. Peu à peu, cette clientèle délaisse ces destinations “bling-bling” pour des régions méconnues, plus authentiques, riches par leur gastronomie, leur patrimoine naturel et culturel et leurs traditions », témoigne Jean-Philippe Cartier, conscient de participer, avec ses hôtels de charme, à la valorisation des terroirs de l’Hexagone et au rayonnement français à l’étranger. Le Domaine des Hauts de Loire, déjà membre de la prestigieuse famille des Relais & Châteaux, s’est récemment vu attribuer le titre de Meilleur hôtel de France 2014 par les lecteurs américains du magazine Condé Nast Traveler . De quoi donner des ailes à l’entrepreneur.
Réveiller de «belles endormies»
La stratégie de Jean-Philippe Cartier pour réveiller ses dernières conquêtes, de «belles endormies» quelque peu défraîchies ? Un lifting marketing couplé à une relance commerciale. «Une décoration soignée, des prix cohérents, une bonne table et un service convivial », tels sont, selon l’entrepreneur, les ingrédients d’un groupe hôtelier prometteur.
Pour relancer le dernier joyau de sa collection, un «diamant brut » niché au coeur d’une région exceptionnelle, le nouveau châtelain a entrepris de «révéler sa beauté en épurant la décoration, blanc, lin et matières naturelles, pour faire la part belle à la bâtisse et à la nature environnante ». Une stratégie gagnante mise en oeuvre au Mas de la Fouque qui, depuis son rachat en 2012, a vu sa fréquentation bondir de 45%. À terme, Jean-Philippe Cartier espère bien faire de son groupe un acteur majeur de l’hôtellerie de luxe avec un CA de 20 M€ dès 2017, l’acquisition de deux à trois hôtels par an.