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Jean-Raoul Ismaël : « J’ai toujours senti, imaginé et fait les choses avant les autres »


Originaire de l’île de La Réunion, Jean-Raoul Ismaël s’est illustré tout au long de son parcours entrepreneurial par sa détermination et sa créativité. Figure emblématique mais discrète du secteur immobilier, cet homme passionné de 73 ans, qui préside le groupe JRI & Associés, nous dévoile les secrets de sa réussite...

Entreprendre - Jean-Raoul Ismaël : « J’ai toujours senti, imaginé et fait les choses avant les autres »

Originaire de l’île de La Réunion, Jean-Raoul Ismaël s’est illustré tout au long de son parcours entrepreneurial par sa détermination et sa créativité. Figure emblématique mais discrète du secteur immobilier, cet homme passionné de 73 ans, qui préside le groupe JRI & Associés, nous dévoile les secrets de sa réussite hors norme.

Comment vous définiriez-vous ?

Discret de nature, je n’ai jamais souhaité attirer les regards sur moi. J’ai un parcours totalement atypique qui reflète fidèlement ma personnalité « anticonformiste ». J’ai toujours fait preuve d’une certaine originalité. Pour l’anecdote, j’avais choisi d’annoncer mon mariage de façon un tant soit peu décalée. Sur notre faire-part de mariage, ce texte : « Quand faut’ y aller, faut’ y aller, nous y serons le 23 novembre, à 11 heures, à Paris, Mairie du 5ème. Nous nous marions. » Cette formulation peu conventionnelle avait heurté ma mère.

Comment décrire votre mode de vie ?

Dormant peu, j’ai la chance de pouvoir profiter de longues journées. Je m’impose une hygiène de vie assez stricte pour préserver ma santé et mon équilibre vital : je ne bois pas d’alcool – ma dernière « cuite » remonte à mes 23 ans (rires) -. Depuis plusieurs années, je mange sainement et je pratique la méditation. Mon cigare quotidien demeure mon seul péché. L’écriture est, quant à elle, devenue un véritable rituel quotidien, auquel je m’adonne avec délectation.

D’où tenez-vous cette constante ambition et cette pugnacité ?

Adolescent, j’aurais signé sans hésiter pour bien moindre que ce que j’ai réalisé aujourd’hui. J’ai sans doute toujours cultivé une ambition démesurée et enfant, j’ai souvent entendu mes frères me demander pour qui je me prenais. On naît tous avec une ambition inscrite dans ses gènes, que les circonstances de la vie et les rencontres permettent ou non de réaliser.

Comme se plaisait à dire mon père : « Entreprends de grandes choses, tu en réussiras des petites et il n’est pas certain que tu ne sois pas heureux ». Mes parents m’ont inculqué l’ambition de voir loin et de viser haut.

Comment expliquer votre capacité à être en avance sur votre temps et votre côté visionnaire ?

Précurseur dans l’âme, j’ai toujours senti, imaginé et fait les choses un peu avant les autres. Dès de la fin des années 70, j’ai été l’un des premiers à exploiter les possibilités offertes par la Loi Malraux. J’avais imaginé le concept d’Airbnb et mes nombreux clients ont pratiqué la location en meublée dès 1992.

Aujourd’hui, j’expérimente le financement immobilier par les TOKEN (monnaie digitale, Ndlr) porteuse de nouvelles opportunités. J’aime me projeter, imaginer et mettre les choses en perspective, pour démultiplier le champ des possibles et construire l’avenir, tout en essayant d’avoir toujours un coup d’avance.

Quels enseignements avez-vous tiré de votre première expérience dans le secteur bancaire ?

Mon expérience de 18 mois à la Banque de l’Union Immobilière (banque d’affaires consacrée à l’immobilier, Ndlr), présidée par Jean-Claude Aaron, m’a permis de réaliser que l’immobilier et la finance me passionnaient et mes premières opérations m’ont donné confiance en moi. Ce métier nécessite d’être astucieux et agile intellectuellement. Quand je pense que je ne connaissais pas grand-chose à l’épargne et que je ne distinguais même pas une action d’une obligation…

Après 6 mois de formation, je suis devenu conseiller en gestion de patrimoine immobilier, rémunéré en honoraires. J’ai démissionné au bout de 18 mois, pour devenir marchand de biens à Paris. Mon Président, Jean-Claude Aaron, m’avait mis en garde : « Plus vous réussirez, moins vous aurez d’avenir. » J’ai longtemps médité cette phrase avant d’entrevoir son véritable sens. Le nombre d’immeubles anciens susceptibles de devenir des opérations à la découpe étant fatalement limité, surtout dans les beaux quartiers, plus je faisais d’opérations, moins il y en aurait à réaliser à l’avenir… En 2013, lorsque j’ai pris conscience de cet inéluctable effet « peau de chagrin », j’ai décidé de me diversifier dans l’hôtellerie et le tertiaire.

Le doute est-il un élément constitutif de votre schéma de pensée ?

En lisant les biographies d’hommes brillants, notamment celles de Bill Gates (Fondateur de Microsoft), d’Elon Musk (fondateur de Paypal, Tesla et SpaceX) ou de Phil Knight (fondateur de Nike), j’ai constaté que ces personnalités avaient certains dénominateurs communs. Au départ, personne ne croyait en la réussite de leur projet et eux-mêmes étaient animés par le doute. Je suis quelqu’un qui doute beaucoup, mais j’exerce ce doute uniquement à mon encontre. Ce questionnement constant doit en effet être imperceptible des autres pour réussir à motiver et fédérer les hommes.

Un entourage qui vous fait confiance est-il essentiel pour réussir ?

De nature assez sauvage, j’ai peu d’amis. Comme disait Woody Allen : « Je peux compter mes amis sur une main, mais cette main ne comporte pas cinq doigts ». Je me suis constitué un réseau de personnes avec qui j’ai des échanges complètement transparents et auxquelles je m’interdis de mentir. Parfois, la vérité qui est mienne n’est pas nécessairement partagée, mais elle n’en demeure pas moins ma vérité. Lorsque les échanges sont vrais et authentiques, ils prennent une autre dimension.

L’adaptabilité constitue un de vos atouts majeurs. Comment cultivez-vous cette force ?

La crise financière post-Guerre du Golfe et la réforme de la loi Malraux des années 92 m’ont conduit à revoir le modèle économique et l’organisation de mon groupe (JRH), qui comptait alors plus de 100 personnes. Après d’âpres négociations avec mes banques, JRH a cessé ses activités et je suis reparti avec une structure très légère composée de quelques salariés et d’un éventail de sous-traitants. Cette reconfiguration m’a permis de poursuivre mon bonhomme de chemin.

Vous profitez de chaque épreuve de la vie pour rebondir et repartir de plus bel. Comment vous êtes-vous reconstruit après votre divorce ?

Mon épouse et moi avons décidé de nous séparer à seulement quelques mois de la célébration de nos 40 ans de mariage. Peut-être au cours des dernières années de notre vie commune, avais-je oublié l’essentiel ? Cette séparation aboutit aujourd’hui à ma renaissance après m’avoir obligé à me réinventer. Je reste fidèle à André Gide : « Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant », en restant moi-même et en essayant de progresser sans cesse. J’ai appliqué cet adage tout au long de mon existence. Au cours des quarante années qui se sont écoulées aux côtés de mon épouse, nous avons vécu professionnellement six mois difficiles et trois mois d’incertitude avant de rebondir et de repartir de plus belle. Chaque être humain a une pente naturelle et on naît avec une équation personnelle que l’on réalise ou non. À 73 ans, je pense l’avoir partiellement réalisé sans pour autant être au bout du chemin. Je poursuis donc mon ascension en regardant l’horizon.

Trois ans après votre divorce, vous entamez donc l’écriture d’un nouveau chapitre de votre existence…

Pour fermer ce chapitre important de ma vie et en écrire un nouveau, faire autre chose tout en restant moi-même, j’ai pris le temps de me ressourcer, d’assouvir ma passion secrète pour la lecture, de voyager (avant le Corona Virus) et de continuer à travailler. Je prête davantage attention aux autres et aux rencontres que je fais. Je demeure Nietzschéen et donc partisan de l’éternel retour, en étant en paix avec ce passé qui m’a construit.

Héritée de mes cours de philo, une phrase de Spinoza me revient souvent à l’esprit : « L’effort par lequel toute chose tend à persévérer dans son être n’est rien de plus que l’essence actuelle de cette chose. » On ne peut nier sa nature profonde, mais il est essentiel de constamment se réinventer. Jamais rien n’est joué et le pire n’est jamais certain. J’ai peut-être enfin rencontré le vrai « moi » au détour de cette introspection. Après une période de questionnements née de cette séparation, j’ai évité le burn-out et j’ai retrouvé un bonheur authentique, qui a dissipé ma détresse.

À 18 ans, j’avais fait une partie de la route des Indes à l’envers en quittant la Réunion pour Paris. Depuis la séparation avec la mère de mes enfants, j’ai décidé de la refaire à l’endroit. Bien-sûr, je la ferai de manière abstraite, avec l’espoir que ce voyage soit très long tout en évitant les tempêtes, même si elles rendent plus fort lorsque l’on en survit.

Votre passion pour l’art a toujours été un fil conducteur. Comment s’est-elle exprimée au gré de votre parcours ?

Je suis passionné par l’art sous différentes formes d’expressions : peinture, sculpture, littérature, cinéma et haute couture depuis peu… À 18 ans, j’ai eu la chance de croiser la route d’une réalisatrice venue à La réunion en 1965. Elle m’a donné le goût de la littérature, de la peinture et bien plus tard, en 1991, j’ai eu le plaisir de coorganiser la rétrospective Paul Delvaux au Grand Palais, ainsi que l’exposition Botero sur les Champs Elysées et celle de son épouse Sophia Vari, à l’Hôtel de La Monnaie, à Paris en 1992.

Lorsque mes enfants ont été en âge d’aller à l’école, mon épouse a suivi un cycle à l’école du Louvre, et a poursuivi pendant de nombreuses années des études sur l’art. Elle se déplaçait souvent à New-York, à Londres et à Bale pour les grandes expos et s’est ainsi constituée un large réseau dans le milieu. Quelques temps avant notre séparation, j’ai commencé à m’intéresser au Street Art.

Comment vous -êtes-vous formé au Street Art ?

J’ai contacté mon amie Sonia Perrin, aujourd’hui Directrice du mécénat, de la communication et des relations publiques du Centre Pompidou de Metz, en lui indiquant que je souhaitais m’impliquer dans l’art et en lui demandant de me former. Elle m’a présenté Katia Raymondaud, Directrice des Amis du Palais de Tokyo et du Tokyo Art Club, qui m’a aidé en m’accompagnant quelques samedis par mois pendant deux ans dans différentes galeries et musées. Je suis très attaché à l’émotion ressentie devant une œuvre que j’essaye de rattacher à une histoire. Devant la force brute qui se dégage d’une œuvre de Street Art, rappelant le côté viscéral inhérent à l’entrepreneur que je suis, j’ai décidé de constituer ma propre collection. Pour l’anecdote, cette forme d’art nait partout dans les quartiers pauvres, comme à La Réunion : aux Camélias, au Chaudron et à la « Ruelle Pavée », où je suis né. J’y vois un clin d’œil du destin.

J’ai toujours été plus sensible à la peinture abstraite qu’aux autres formes de peinture. Après deux ans de formation, j’ai estimé pouvoir commencer à constituer ma collection. J’ai décidé d’acheter des œuvres seul afin de porter l’entière responsabilité de mes choix. Après mes premiers achats, j’ai invité Katya Raymondaud pour lui présenter mes premières toiles. Elle m’a dit, non sans humour, ne pas savoir si l’élève était doué ou si la formatrice était excellente, mais n’a relevé aucune faute de goût majeure dans les pièces acquises, témoignant d’une cohérence globale.

L’art est-il toujours en filigrane de vos projets immobiliers ?

J’éprouve un plaisir quasi charnel à côtoyer la richesse artistique et architecturale du patrimoine français. Dès 1979, j’ai perçu les formidables possibilités offertes par la loi Malraux tant en termes de restauration architecturale, de sauvegarde du patrimoine qu’en termes de mécanique financière au service de l’épargne individuelle. Au-delà de la motivation financière de défiscalisation au service de l’épargne et de l’art, il m’importait de préserver le cœur historique des centres villes. Aujourd’hui, je redécouvre avec grande fierté l’Hôtel Jean Bart situé au 2-4, rue Chapon, Paris 3ème que je considère comme mon opération de référence

J’ai commencé par réaliser un tour de France des villes ayant créé un périmètre de plan de sauvegarde et de mise en valeur des immeubles datant des 17 et 18ème siècles, j’ai signé mes premières réussites dans le centre du vieux Bordeaux où j’ai redonné vie à de très beaux ensembles, avant de me laisser séduire par le quartier du Marais et une infime partie du 7ème arrondissement de la capitale. Aujourd’hui, je me positionne sur les appartements de collection offrant des terrasses avec vue imprenable sur la Seine, la Tour Eiffel ou Notre Dame. Ces écrins immobiliers constituent une forme d’art, donnant sens à mon slogan des années 80 « L’art de l’immobilier »…

Quelle finalité poursuivez-vous à travers l’art ?

L’art m’a tant donné et tant fait voyager au sens propre comme au sens figuré du terme. Il m’a surtout permis de garder un regard d’enfant tout au long de ma vie. Avec mon ami Alain Guinot associé au sein du Cabinet DELOITTE, nous caressons un projet muséal à l’Île de La Réunion. Nous avons déjà trouvé un diptyque : « La dame Créole », de l’artiste Cyril Kongo, inspiré d’un poème de Charles Baudelaire, écrit lors de son séjour à l’île de La Réunion dans son recueil « Les Fleurs du mal ». Nous réfléchissons avec ce même artiste sur un projet inspiré des « Poèmes Barbares » de Leconte de l’Isle, né à l’île de La Réunion, inspiré de son poème « Le Bernica », que les Réunionnais apprennent dès le début de leur scolarité.

Quel objectif poursuivez-vous avec votre partenaire Alain Guinot ?

La rencontre avec cet homme brillant et passionné d’art il y a 5-6 ans fut l’une de mes plus belles rencontres de ces dernières années. Notre démarche est totalement spontanée et altruiste. À l’aune de carrières très denses, ponctuées de nombreuses rencontres riches et constructives, notre objectif est désormais de rendre à notre île natale ce qu’elle nous a transmis en termes de singularité. Nous voulons être un pont avec la génération des forces vives de La Réunion.

Le premier festival Street Art de La Réunion, parrainé par l’emblématique Lady Pink, surnommée « la première femme du graffiti », fut coordonné par Benoit Macresy, qui travaille à mes côtés depuis 2 ans, et animé par deux artistes passionnés de cet art urbain : le Réunionnais Eko Lsa et le Parisien Lazoo. Rien n’aurait pu se faire sans eux, car on ne peut accomplir seul de grandes choses.

Nous souhaitions faire connaître les artistes locaux, sensibiliser la jeunesse réunionnaise aux vertus urbaines du Street Art et favoriser les rencontres internationales dans un contexte culturel stimulant. Ce festival porteur de sens a pour vocation de participer activement à la formation des jeunes autour d’un projet artistique et culturel en développant l’initiative, le professionnalisme et l’esprit d’équipe. Nous nous réjouissons de participer à un véritable projet de renforcement du lien social dans les quartiers, notamment entre les générations.

Quel accueil la première édition du Festival Réunion Graffiti, organisée en octobre 2019, a-t-elle reçu ?

La qualité de ce festival a donné une impulsion très positive à notre démarche. L’événement a suscité un important engouement et mis en lumière la ferveur d’un public tombé sous le charme d’un art spontané et cyclopéen. Ce festival à résonance internationale ouvre de véritables perspectives de tourisme culturel.

Pourquoi avoir décidé d’organiser une seconde édition ?

Devant le flagrant succès de cette première édition, son indiscutable qualité et sa résonance internationale, nous avons décidé de poursuivre l’aventure avec l’Association Fat Cap (présidée par Eko Lsa), l’artiste Lazoo et de nombreuses effigies de cet art urbain, en organisant une seconde édition en octobre 2020 en présence d’artistes de renommée : Lady Pink, Daze, Stohead, Jazi, Marko93, Ceet, Lazoo, Eko, et Nayh… (sous réserve que les artistes américains puissent voyager dans ce contexte sanitaire si particulier, Ndlr).

Quels sont les objectifs de cette nouvelle édition ?

Nous souhaitons ouvrir des perspectives au tourisme culturel et encourager le développement de pratiques participatives dans le cadre de la valorisation d’espaces urbains dans le cœur des villes et des quartiers : un clin d’œil à mon métier de restauration d’immeubles dans le centre historique de Bordeaux et Paris au cours des années 80. Malgré les difficultés liées à la crise sanitaire, nous nous afférons à la préparation de cette nouvelle édition avec l’ambition de faire de notre île une destination Street art.

Qu’apporte-t-elle de nouveau par rapport à l’édition de 2019 ?

Cette année, nous enrichissons ce festival du projet « Par les murs » qui exprime la volonté de donner à découvrir les artistes sur les murs en extérieur et en intérieur. Plusieurs artistes réunionnais et internationaux réaliseront des toiles qui seront exposées et vendues aux enchères au profit d’une œuvre caritative. Je suis en négociation avec le Rotary club de La Réunion et je donnerai également une œuvre dans le cadre de cette association pour aider les jeunes de La Réunion. Je me sens naturellement le devoir de rendre à cette île ce qu’elle m’a donné. L’an passé, j’avais exposé une quinzaine d’œuvres Street Art à la Bibliothèque François Mitterrand, à Saint-Denis de La Réunion. Cette nouvelle édition 2020, outre quelques œuvres de Street Art, sera enrichie d’œuvres contemporaines, parmi lesquelles celles de Robert Combas, Armand, Erro, Pasqua…

Propos recueillis par Isabelle Jouanneau


Le projet « Par les murs »

L’exposition sera composée d’un « musée IN » éphémère installé en intérieur d’un bâtiment en centre-ville de Saint-Denis, qui présentera des œuvres de ma collection et d’autres créées par les artistes du projet, ainsi que des œuvres Street Art de légende que doivent me prêter quelques collectionneurs privés. Ce musée permettra d’expérimenter des rencontres entre publics et œuvres d’artistes et d’évaluer en conditions réelles la faisabilité d’une formule muséale permanente à long terme.

Nous prévoyons également un « musée OUT » dans l’espace public de Saint-Denis composé de 7 fresques réalisées par les artistes invités qui proposera un parcours Street Art graffiti dans la ville amenant des perspectives de tourisme culturel pour l’île et impliquant les habitants des quartiers à travers des ateliers participatifs, avec l’ambition que ce parcours Street Art soit visible du monde entier.

Une vente aux enchères de toiles se tiendra au profit d’une œuvre caritative dédiée à la jeunesse réunionnaise. L’exposition visant à faire découvrir cette forme d’art à des néophytes sera ponctuée de performances live, de séances de customisation sur des supports originaux… Un atelier permettra quant à lui de rencontrer les artistes au fil de l’eau et des créations pour des échanges passionnants et porteur d’énergie positive.

La crise sanitaire liée au Covid-19 constitue un véritable séisme mondial dont l’ampleur inédite invite au questionnement. Quelle analyse faites-vous de la situation ?

Nous traversons une crise sans précédent dont le plus dur reste à venir. Les congrès médicaux diffusés en live sur les chaînes d’information sont légions, mais tout est dit et son contraire et personne ne sait véritablement quand nous retrouverons notre mode de vie d’avant crise, que nous devrions en tout état de cause corriger de ses excès. Déjà très largement fragilisées et meurtries par le virus du Covid, les personnes les plus faibles et vulnérables seront également les plus affectées par la crise économique résultant de cette crise sanitaire.

Peut-on avoir des certitudes sur l’avenir ?

À mon sens, l’incertitude est omnisciente et personne n’a réellement de visibilité sur l’évolution de la situation, tant sur le plan sanitaire qu’économique. Nous devons faire preuve d’une grande humilité vis-à-vis de cette crise hors norme sans précédent pour laquelle nous n’avons à ce jour aucun recul.

Le marché de l’immobilier subira-t-il de plein fouet les effets de cette crise ?

Le marché de l’immobilier n’échappera pas aux effets de la crise, mais je ne suis pas inquiet pour l’avenir car ce marché de pénurie est de nature à s’aggraver à mesure du temps. Nous aurons donc toujours des besoins dans l’immobilier que nous serons loin de pouvoir satisfaire au vu des effets collatéraux de ce séisme économique et sanitaire.

L’immobilier est devenu un marché de pénurie du fait notamment de la succession de lois, nécessaires sans doute, qui ont très largement alourdies les dispositifs. Je réhabilite et construis depuis plus de quarante ans et je n’ai pu que constater l’augmentation des coûts indirects ces dernières années et la complexification des dossiers. À mes débuts, six mois suffisaient pour finaliser un projet. Aujourd’hui, réussir en un an et demi relève d’une prouesse. Avant la crise sanitaire, nous étions sur un ratio approximatif de 50 demandes pour 10 offres, nous sommes désormais sur la base de 30 demandes pour 10 offres. La demande baisse en volume, mais heureusement, n’impacte pas encore la vitalité du marché.

La conjoncture est-elle un frein à votre élan entrepreneurial ?

J’ai actuellement quelques chantiers en cours à la Baule, vendus en l’état futur d’achèvement (VEFA). Alors que les acquéreurs ont acheté à un prix ferme et définitif, je subis actuellement quelques points de plus-value par rapport aux marchés de travaux signés.

Notons que malgré les circonstances, les Français ont malgré tout battu les records d’épargne durant cette période singulière. Difficilement gouvernables, les peuples ont pour axiome « ce qui est à moi m’appartient et ce qui est aux autres est négociable ». Je continuerai d’entreprendre comme si j’étais éternel, tout en sachant que je peux mourir demain. Depuis 2019, j’ai décidé de réinvestir dans Paris intramuros. J’ai ainsi acquis un immeuble près du Jardin du Luxembourg. J’ai d’autres projets ambitieux, mais chut…


Avez-vous des regrets ?

Oui, de ne pas avoir suffisamment profité de mes enfants jeunes et aujourd’hui, ne pas les voir assez souvent, car j’ai le bonheur d’en avoir deux. Ma fille Audrey est musicienne, auteur compositeur et scénariste. Elle compose au cinéma et à la télé et doit sa jeune notoriété à la dernière musique du film de Marion Cotillard « Gueule d’Ange ». Elle co-écrit également des scénarios de film, dont le premier, « Equinoxe », fut présenté au « Festival Sopadin ».

Mon fils, Johann, avec qui je partage la passion du ballon rond, a parfaitement réussi son entrée dans la vie active après un brillant parcours universitaire. Ayant été Maître-assistant à Stanford, il a pu faire de belles rencontres lui permettant de travailler chez « Eyegroove », rachetée par Facebook en 2016. Il vient de sortir son premier album vinyle, produit par le Label « Silent Season », spécialiste des sons hypnotiques et atmosphériques propre à la musique électronique se concentrant sur l’exploration du monde naturel. Je demeure bluffé par l’intelligence émotionnelle, la fibre artistique et le caractère bien trempé de mes enfants.

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