«Le partenariat entre la France et l’Arabie Saoudite est très fécond et opérationnel et je suis attentif à ce que la France puisse accompagner le mouvement d’ouverture dans ce pays et mettre en avant la qualité de son ingénierie » Ce sont les mots de Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de l’Europe et des affaires étrangères et envoyé spécial du président pour le Liban qui dirige l’agence française pour le développement d’Alula depuis Juillet 2023. Jean-Yves Le Drian évoque le projet d’Alula et les projets de l’agence dans les domaines culturel archéologique et touristique qui constituent une bonne opportunité pour la France. Il note que les transformations que vit l’Arabie Saoudite sont considérables et se déroulent avec une rapidité et une volonté déterminée pour faire bouger le pays conformément à la vision 2030.
Monsieur le ministre, vous connaissez bien les pays du Golfe et l’Arabie Saoudite. Quel regard portez-vous sur le processus de transformation et des réformes dans le pays qui a une très jeune population sur le plan politique, sociétal et économique ?
Je pense que les transformations que vit aujourd’hui l’Arabie Saoudite sont considérables et se déroulent à un niveau de rapidité exceptionnelle avec derrière eux une volonté clairement déterminée entre autre par le plan de vision 2030 du Prince Héritier de faire bouger le pays en profondeur pour qu’il sorte d’un modèle de développement qui s’appuyait sur la rente, à un modèle de développement d’ouverture qui aboutit aussi à une profonde transformation sociétal, sociale et politique avec un ensemble de réformes sans précédent.
Ce qui se passe dans ce pays est assez inimaginable tant par la force de cette mutation qui est soutenue par la jeunesse saoudienne que par l’affirmation de l’Arabie Saoudite comme état central au niveau de la grande région.
On note que ce progrès réalisé intervient 6ans avant 2030. Quelle est votre évaluation en ce qui concerne cette évolution rapide et avec un rythme très avancé ?
En effet les choses évoluent à une rapidité extrêmement soutenue avec une détermination sans faille et une ampleur jamais égalée avec une série d’impulsions successives et répétées qui appuient la vision 2030.
Je pense en particulier à la récente attribution de l’exposition universelle à la ville de Riyadh. Tout cela aboutit à un effet démultiplicateur qui va accélérer encore plus la situation.
Je suis à cet égard impressionné par l’ampleur de ce qui se passe et attentif à ce que la France puisse être en position d’accompagner ce mouvement qui participe à l’ouverture de ce grand pays sur le monde.
En ce qui concerne la France et le partenariat stratégique établi entre Paris et Riyadh, estimez -vous qu’il est en bonne voie ?
La France a signé par l’intermédiaire du Président de la République et le Royaume d’Arabie Saoudite par l’intermédiaire du Prince Héritier un accord important en 2018 qui fait que par le biais de l’agence Française pour le développement d’Alula nous sommes partenaires de la mise en œuvre du projet d’Alula qui s’inscrit dans l’ensemble de la vision 2030.
Le projet d’Alula c’est un projet emblématique qui démontre cette détermination, cette volonté et il est aussi emblématique de la bonne collaboration entre la France et l’Arabie Saoudite .Et puis ce projet a un sens particulier parce qu’il veut être : à la fois un retour sur la grande histoire de l’Arabie Saoudite pour rappeler au monde la contribution du Royaume au récit universel et c’est aussi un moyen de porter le territoire d’Alula vers une diversification d’économie et surtout vers un côté emblématique de ce que peut être la nouvelle attractivité culturelle et touristique de l’Arabie Saoudite.
En tant que président de l’agence Afalula quelles sont vos priorités et les projets que vous allez entamer ?
La présidence de l’agence est pour moi à la fois un grand bonheur de l’enjeu qu’il représente et de la diversité des initiatives et c’est aussi pour la France une bonne opportunité de mettre en avant la qualité de son ingénierie que ce soit l’ingénierie culturelle, l’aménagement du territoire, archéologique et l’urbanisme.
C’est l’ensemble des savoirs- faire français qui peut être mis en valeur en permettant aux experts les plus compétents dans les différents domaines de coopération de faire valoir leurs points de vue et d’être une forme d’assistance de maîtrise d’ouvrage du projet décidé par les Saoudiens. Cela dit, il y a beaucoup de sujets qui sont couverts par notre coopération. Vous avez les sujets d’archéologie. En ce moment il y’a 120 archéologues qui se trouvent sur le site et qui travaillent avec des experts du CNRS avec des experts d’Archaïos, des experts de La Sorbonne.
De ce côté-là il y a une fécondation de croisée des archéologues français et des archéologues saoudiens pour la découverte de l’Arabie millénaire et de l’ensemble des cultures que ce royaume a pu voir évoluer sur son territoire. Vous avez au-delà, notre coopération dans le domaine de tourisme, vous avez la coopération dans le domaine de la politique équestre à la fois pour une compétition et aussi pour l’attractivité touristique. Vous avez aussi notre coopération très forte dans le domaine du développement durable, la gestion de l’eau et de l’environnement car c’est aussi un des objectifs de l’Arabie Saoudite de faire d’Alula une référence dans un nouveau type de tourisme et dans un nouveau type de développement qui intègre l’ensemble des préoccupations à la fois climatiques mais aussi de préservations des paysages. Donc c’est un partenariat très fécond et très opératoire.
S’agissant du sport aura-t-il sa place durant les jeux olympiques de Paris ?
Nous avons avec les Saoudiens une collaboration en particulier dans le domaine du cheval. Quant aux jeux olympiques il y aura une coopération et des échanges très spécifiques.
Est-ce que vous vous attendez à plus d’opportunités pour les entreprises françaises ?
Nous avons déjà des coopérations très importantes. Il y déjà dans le projet d’Alula des coopérations très importantes avec des entreprises françaises que ce soit avec Bouygues, Alstom Thales Assystem, Egus toutes les entreprises qui aujourd’hui ont pu contractualiser des accords avec les autorités Saoudiennes, et cela remonte à plus de de 2milliards et demi de contrats qui sont en cours. Et puis aussi nous avons des architectes significatifs qui ont été lauréats de projets qui sont en mis en œuvre.
Je pense à Jean Nouvel, Lacaton & Vassal, Lina Ghotmeh ce sont quelques exemples du savoir- faire français dans le domaine de l’architecture qui est très présent.
Par Mona Es Said, journaliste spécialisée dans les relations entre la France et le monde arabe