Comment avez-vous fait pour tripler votre chiffre d’affaires en moins de six ans ?
Julien Rousseau : Les bijoux sous notre marque représentent un quart de l’activité avec un taux de croissance très élevé, de plus de 40 %. C’est le bijou créatif haut de gamme qui enregistre la meilleure croissance, et cela s’accélère même encore. Les médailles de baptême ont une croissance plus mesurée. Nous sommes plus dynamiques que le marché, qui se porte pourtant bien. Notre croissance est alimentée par plusieurs activités, les décorations honorifiques représentent un quart de l’activité également et notre activité de fabricant. Nous fabriquons à Palaiseau les décorations, à Saumur les bijoux à notre marque, ou à d’autres marques.
Quid du changement de propriétaires ?
J.R. : La famille Arthus Bertrand a vendu en 2017 à une autre famille française, la famille Guerrand (liée à Hermès) dont les trois frères et sœurs investissent dans les savoir-faire français. Le groupe Chevalier est la holding qui détient Arthus et ses deux filiales, Drago et Pichard-Balme. La marque Augis est quant à elle liée à la médaille d’amour.
Comment vous situez-vous sur le marché ?
J.R. : Dans l’univers du luxe, nous sommes un petit acteur, car il y a de très grandes marques. Nous sommes à l’échelle d’un Dinh Van, mais lui n’est pas dans le domaine de la fabrication. Avec un atelier de 200 personnes en France, nous sommes en revanche un acteur qui compte dans le bijou made in France. Très peu de grandes marques sont 100 % intégrées dans la fabrication en dépit de plusieurs rachats récemment. Arthus Bertrand se distingue en fabriquant 100 % de ses besoins. Le fait que tout soit fabriqué en France est extrêmement rassurant pour nos clients, qui savent que nos normes sont strictes, avec l’accent sur le recyclage, la traçabilité, les normes sociales, etc. Notre certification RJC est aussi une véritable garantie pour nos clients étrangers. D’ailleurs, nous les invitons fréquemment à venir visiter nos ateliers.
Parvenez-vous à préserver vos savoir-faire ?
J.R. : Il est très difficile de trouver des jeunes, nous avons d’ailleurs créé notre propre école de formation à Saumur, où des jeunes, mais aussi moins jeunes sont en apprentissage. Il y a assez peu d’ateliers de ce type dans la zone, il est donc plus aisé de garder nos collaborateurs que dans une ville comme Lyon, mais cela reste un sujet.
Quels sont vos axes de développement ?
J.R. : Nous souhaitons nous développer à l’international. Nous sommes en cours de signature d’un accord de distribution en Corée via une joint-venture, le Japon fait aussi partie de nos cibles. En tant qu’Entreprise du Patrimoine Vivant française, les Asiatiques s’intéressent à nous. Il s’agit d’un véritable enjeu, car nous ne faisons que 5 % de nos ventes à l’étranger. D’autres pays suivront, mais nous devons procéder par étape, car il convient également de gérer notre forte croissance en France. La gamme s’étoffe, même si la médaille reste notre marque de fabrique, tout comme la technique très particulière de l’estampage. Dans l’univers du luxe, Arthus Bertrand a réussi sa transition du bijou traditionnel au bijou contemporain et nous assumons totalement les deux aspects.
Propos recueillis par Anne Florin