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Jungle, la plus grande ferme verticale de France


Gilles Dreyfus et Nicolas Seguy les fondateurs de Jungle développent à fond le concept de fermes verticales industrielles. Les deux pionniers de l’hydroponie en France, ont pour devise « La puissance de l’innovation industrielle au service de la vie végétale ». En ces temps où l’artificialisation des sols est un vrai sujet,...

Entreprendre - Jungle, la plus grande ferme verticale de France

Gilles Dreyfus et Nicolas Seguy les fondateurs de Jungle développent à fond le concept de fermes verticales industrielles. Les deux pionniers de l’hydroponie en France, ont pour devise « La puissance de l’innovation industrielle au service de la vie végétale ».

En ces temps où l’artificialisation des sols est un vrai sujet, au point que certaines zones cherchent à réduire les constructions de maisons individuelles, l’idée d’une ferme verticale a de quoi séduire. Mais comment devient-on fan de la nouvelle agriculture, et de l’hydroponie en particulier ?

GILLES DREYFUS, DE LA FINANCE À LA JUNGLE

L’aventure n’a pas toujours fait partie de sa vie, bien au contraire. Mais pour ce détenteur d’un master en finance de la Sorbonne, élevé à la campagne, dix années passées dans la finance étaient vraiment un maximum. Sa vie est organisée, il travaille, se tient informé, lorsque quelques lignes parues dans le Financial Times retiennent son attention. Elles portent sur Dickson Despommier, un professeur de Columbia University qui met en avant le concept de l’agriculture verticale en tant que solution pour contribuer à nourrir la planète. Un sujet intéressant, sans aucun doute, mais qui n’augurait pas d’un changement de vie aussi radical.

Pourtant, Gilles Dreyfus se passionne pour le concept, il décide de creuser le sujet en allant rencontrer in situ le professeur et assister à une de ses conférences aux États-Unis. On a tort de ne pas se rendre aux conférences, il arrive qu’elles changent une vie. C’est le cas ici, car ni une ni deux, Gilles Dreyfus quitte son travail dès son retour à Paris. Pour un moment seulement, car il part parcourir le monde, se rendant dans les zones où cette agriculture verticale existe déjà. C’était en 2015. L’année suivante, l’aventure Jungle commençait.

NICOLAS SEGUY, L’HOMME DE L’OMBRE

Nicolas et Gilles se sont rencontrés il y a sept ans, le second le décrit comme « un homme d’une puissante intelligence, d’une générosité folle, une force de la nature et une machine de travail ». Nicolas Seguy est aussi entrepreneur, ayant notamment cofondé la marque de baskets Feiyue, travaillant en France et en Chine. Ce diplômé de l’Essec qui avait aussi étudié en Allemagne, ex-globe-trotter entrepreneurial, se consacre à présent totalement au projet Jungle, allant jusqu’à suivre une formation en permaculture il y a cinq ans.

OBJECTIF 2027 : ESSAIMAGE

L’entreprise vient d’intégrer le programme French Tech Agri20 qui soutient les innovations de rupture dans le secteur de l’alimentation et de l’agriculture. Pour l’instant, l’entreprise produit des végétaux et des fleurs à l’intention des industries alimentaire et cosmétique et emploie une quarantaine de personnes. Jungle a d’ailleurs annoncé s’orienter de plus en plus vers la parfumerie, en produisant notamment un extrait naturel de muguet pour l’un de ses clients, une nouvelle voie prometteuse et rentable pour l’avenir de l’entreprise. D’ici cinq ans, les deux cofondateurs prévoient d’employer une centaine de personnes en développant une dizaine d’autres sites

pour franchir un nouveau seuil. Pour y parvenir, les connaissances financières de Gilles Dreyfus sont bien utiles, car il faut compter sur le soutien des banques en sus de BpiFrance, Founders Future et Demeter Partners. La dernière levée de fonds va permettre cette évolution.

42 MILLIONS D’EUROS

Cette levée faite principalement sous forme de dettes permet de créer deux nouveaux sites dans le sud et l’ouest du pays, pour passer à une production de 10 millions de végétaux. La rentabilité est en ligne de mire dès cette année.

DE NOUVELLES OFFRES

Les deux fondateurs ont parfois des difficultés à faire passer un message pourtant simple. L’agriculture verticale n’est pas une solution de remplacement, elle est complémentaire à l’agriculture traditionnelle, son objectif n’est autre que de produire de bons produits à un coût compétitif, un écosystème vertueux dans un monde qui doit sécuriser ses approvisionnements. D’ailleurs, certains légumes ne peuvent être produits en hydroponie pour des raisons économiques, la pomme de terre ou le maïs en sont des exemples, tout comme les agrumes qui ont besoin d’espace pour être cultivés.

Une ferme verticale peut ainsi en toute logique économique être installée sur une exploitation traditionnelle, en tant que complément, sans choisir d’autres cultures extensives et une occupation des sols inutiles. Les fondateurs ont d’ailleurs décidé de diversifier leur offre, en proposant un package clé en main sous forme d’offre de services. Nouveaux sites, nouveaux produits, nouvelle offre de services, la croissance se met au service de l’alimentation pour tous.

Anne Florin

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