Pourriez-vous nous présenter le réseau Kiné France Prévention et sa raison d’être ?
F.F : « Le réseau est né de plusieurs associations départementales de prévention en kinésithérapie qui oeuvraient déjà dans le champ de la prévention et de la santé au travail. Elles ont émis ensemble la volonté de se fédérer en 1993 au sein de réseau KFP avec pour objectif de promouvoir et développer l’activité des associations membres. Puis, au fil du temps et du déploiement des actions de prévention de nos associations sur les territoires, la nécessité de proposer un interlocuteur unique à nos commanditaires communs, pour les problématiques de santé au travail, s’est imposée. Aujourd’hui, ce sont 10 associations loco-régionales qui sont réunies au sein du réseau Kiné France Prévention, parmi lesquelles deux groupements importants pour le Grand Ouest et Auvergne Rhône-Alpes.
400 kinésithérapeutes préventeurs différents interviennent au sein du réseau chaque année et environ 1 000 kinésithérapeutes sont formés par nos soins ».
Le réseau et le maillage qui va avec est-il une vraie valeur ajoutée selon vous pour répondre spécifiquement aux besoins des entreprises en matière de santé au travail ?
F.F : « C’est effectivement ce que nous revendiquons à travers notre réseau, offrir la possibilité de faire intervenir des spécialistes de la prévention en proximité et en connaissance de réalités locales, au sein des entreprises de leur secteur tout en réduisant les coûts pour nos commanditaires. Fonctionner en réseau nous permet aussi de fonder nos démarches d’accompagnement sur des valeurs communes, par un message unique et transversal tout en louant une approche innovante et partagée par tous nos intervenants. Nos kinésithérapeutes, formés au sein du réseau, bénéficient tous d’un tutorat auprès des préventeurs les plus expérimentés. Ils suivent par ailleurs une formation en e-learning que propose, de l’INRS. Chaque année, nous organisons des temps d’échanges et de concertation sur nos modes de fonctionnement. Notre congrès biennal est également l’occasion pour nos intervenants d’harmoniser les pratiques et développer de nouvelles expertises ».
Aujourd’hui, quels sont les besoins / problématiques des entreprises et des collectivités sur ce volet santé au travail et comment votre réseau les accompagne-t-ils ?
F.F : « Les douleurs lombaires et les TMS concernent toutes les entreprises et tous les corps de métiers. Elles se doivent de mettre en place des actions pour prévenir ces TMS et nous intervenons dans cette logique de prévention, avec le concours d’autres acteurs de la prévention et de la qualité de vie au travail. Notre approche, centrée sur l’humain, aide chaque salarié à prendre conscience de son corps, de ses gestuelles métier et de leurs impacts sur les TMS. Ce principe d’éveil corporel, au cours de nos actions, permet de développer une culture de prévention impliquant les personnels dans une démarche participative de progrès. C’est un accompagnement qui s’inscrit dans la durée. Agents techniques (espaces verts, ATSEM, dans les écoles, maintenance, voirie), ces métiers sont particulièrement concernés, notamment dans la fonction publique. Le retour sur investissement de nos interventions auprès de ces publics est de plus de 3.5 (d’après le rapport de l’inspection générale des finances de juillet 2024), au regard de l’unique critère de l’absentéisme, ce qui démontre la pertinence de notre démarche préventive. Nous intervenons aussi sur la problématique des risques psycho-sociaux : une meilleure connaissance de son corps et de l’impact du stress permet en effet de réduire ses effets et de diminuer également les impacts dont le risque d’un TMS. Notre accompagnement est toujours au long cours ».
Vous êtes reconnu société savante. Un gage d’assurance pour les organisations que vous accompagnez ?
F.F : « Nous disposons en effet d’un conseil scientifique qui est très exigeant quant au profil de ses membres. Ces kinésithérapeutes dotés de diplômes universitaires, font de la recherche, publient, et établissent des recommandations sur les bonnes pratiques. C’est sur la base de leur analyse et lecture critique de la littérature que nous pouvons apporter à nos clients des éléments fondés sur la preuve. Ce statut nous a permis par exemple de nuancer l’efficacité, et la pertinence et donc le recours à des exosquelettes dans certains cas. Parfois, ceux-ci engendrent de nouveaux problèmes de santé ».
Vous animez des formations PAMAL® (prévention des accidents et maladies de l’appareil locomoteur). Pouvez-vous nous en parler en détails ?
F.F : « Ladémarcheestnéeilyaplusde15ans.Latrame des actions consiste en un bilan qui concerne à la fois l’entreprise par l’observation de l’environnement de travail et l’humain (collaborateurs que nous formons). Nous guidons ensuite les collaborateurs formés vers l’analyse des situations de travail présentant des contraintes et risques. L’objectif de rendre les participants acteurs de la démarche est central et permet notamment leur implication directe dans la production du fameux document unique d’évaluation des risques professionnels. Ils prennent conscience des contraintes liées aux gestes mais aussi à l’environnement global de leur entreprise. Ces formations s’orchestrent sur des demi-journées espacées permettant l’acquisition de compétences. Dans plus de 50% des cas, les situations de travail identifiées évoluent suite à ces actions. L’évaluation à 18-24 et 36 mois de ces formations affiche objectivement une diminution des maladies professionnelles, et accidents du travail ainsi qu’une amélioration de la qualité de vie au travail ».
Le réseau est-il aussi engagé dans le domaine de la santé publique et plus particulièrement, sur la question des aidants ?
F.F : « La France compte plus de 8 millions d’aidants, pour la plupart actifs. Leur statut a des répercussions dans leur pratique professionnelle. Nous pouvons intervenir pour les accompagner dans l’appréhension de nouveaux gestes auprès de leurs proches mais aussi prodiguer des solutions pour aider la personne dépendante à conserver son autonomie le plus longtemps possible et à mieux gérer son quotidien, permettant leur préservation physique par la même occasion. Nous intervenons d’ailleurs plus globalement en santé publique sur l’autonomie des personnes âgées et la prévention des chutes ».
Actuellement, quels sont les enjeux qui sont les vôtres ?
F.F : « Le vieillissement de la population active, les invalidités ou incapacités professionnelles sont des enjeux forts pour les entreprises. De plus, les poly pathologies et affections longues durées progressent. Des enjeux pour lesquels nous avons noué des partenariats comme avec Cap Emploi, des mutuelles ou des compagnies d’assurance. Pour repenser la prévention et la rendre la plus efficiente possible, la contribution de tous les acteurs est nécessaire et le terrain de la santé au travail est une excellente voie pour développer une vision globale de la santé individuelle et collective ».
Pour plus d’informations : www.kinefranceprevention.fr