N‘enterrons pas la bière française. D‘abord, parce qu‘il existe dans notre pays de nombreuses et belles PME comme Meteor à Metz ou Jenlin près de Valenciennes qui ne demandent qu’à se développer.
Dans les Hauts-de-France, le président de la région Xavier Bertrand a même pour projet de créer en 2023 une Cité de la bière sur le modèle de la magnifique Cité du Vin créée à Bordeaux par Alain Juppé.
Sans parler de la marque mythique alsacienne Kronenbourg, présente dans les bocks depuis 1664, (aujourd’hui dans le giron d‘Heineken), reconnaissons que le parcours du discret mastodonte familial Castel a de quoi faire impression. Sur un chiffre d‘affaires global de 6 milliards d’euros annuels, Castel en réalise déjà 5 milliards avec les bières dans 22 pays africains. Et cela ne fait que commencer puisque le groupe français investit actuellement 110 millions d’euros sur ses usines de bouteilles en Angola et au Cameroun. À Madagascar et au Maroc, l’empereur indépendant de la bière annonce vouloir aussi doubler ses capacités de malterie.
En France même, l’essor des bières régionales est assez fulgurant au point que notre pays est devenu le premier pays européen en nombre de brasseries (2300 au total). Bernard Magrez, le magnat bordelais du vin a senti le vent et annoncé son intention de vouloir représenter commercialement ces producteurs locaux pour mieux s‘implanter en grande distribution. Des brasseries régionales comme L‘Eurelienne dans l‘Eure-et-Loir, ou les 3Monts dans le Nord ont le vent en poupe.
Un signe qui ne trompe pas. Même le prestigieux et vénérable Château de Chambord veut être de la fête. Après avoir relancé avec succès son propre vignoble. le Domaine de Chambord, annonce vouloir lancer sa marque de bière. La bière de Chambord sera produite par la coopérative Axéréal (3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires) qui investira 4,5 millions d‘euros à Bracieux pour une production de 10 000 hectolitres d‘ici 5 ans.
Pour le château de François 1er, l’un des plus connus au monde, c’est aussi une manière de mieux financer ses investissements avec un chiffre d‘affaires des produits dérivés et licences qui pourrait atteindre 1,5 millions d’euros d’ici quelques années selon le directeur du Domaine Jean d‘Haussonville. La bière pour éviter la mise en bière ?
Peut-être pas même si beaucoup de monuments historiques en mal de financements auraient tout intérêt également à développer également d’avantage leurs produits dérivés. À quand les macarons de Versailles, les chemises de Notre-Dame ou les calissons du Pont du Gard !
Robert Lafont