Votre offre est un duo, boîtier et application ?
Luc Nadier : Oui, le boîtier (la coque) est complémentaire de l’application, même si l’alarme sonore peut être déclenchée. C’est l’application, qui va être mise à disposition sur les stores, qui permet les services vidéo, audio, contact. L’offre est prévue pour que les deux éléments soient utilisés ensemble.
N’y a-t-il pas d’obstacles juridiques à la prise d’images ?
La loi française interdit de filmer quelqu’un sans son autorisation, même en cas de danger. En théorie, il faut avoir une autorisation préalable de la personne… Mais cela change grâce à la loi européenne, qui prévaut et spécifie qu’en cas de danger immédiat, filmer est possible, libre au juge ensuite d’autoriser l’utilisation des images ou pas. La loi française a aussi évolué dans le cadre du harcèlement au travail, il devient possible de filmer un supérieur ou un collègue en train de commettre un acte répréhensible.
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Vous êtes trois associés, à chacun sa tâche ?
Exactement. Théo Bondaz est en charge du software, du développement de l’application, du site web, du référencement dans les stores. Il a fallu neuf mois de travail pour y parvenir avec l’aide du cabinet français Galadrim.
Adrien Guilloux est responsable de la partie création technologique, de la carte électronique du boîtier, de sa miniaturisation, la phase R&D qui a permis de parvenir à une épaisseur de 6 mm pour 30 grammes. Mon rôle est de lever des fonds, la partie marketing et commercialisation avec le directeur commercial et deux alternants.
Où en êtes-vous à présent et quels sont vos projets pour 2024 ?
Nous avons reçu des lettres d’intérêt pour 200 à 300 000 unités de la part de clients français et internationaux, et allons recevoir début avril notre première production importante, 12 000 unités à livrer chez nos distributeurs. Autre chantier en cours, le développement de la technologie, nous sommes aujourd’hui à la version 1 du boîtier et allons ajouter des propriétés comme la reconnaissance biométrique ou la possibilité d’une alarme plus autonome sans même appuyer sur le bouton.
Nous avons lancé le projet avec une production à l’étranger, car nous n’avons pas trouvé de partenaire fiable, mais à l’avenir, nous espérons trouver un producteur en France. Le marché est clairement international, les distributeurs d’une dizaine de pays sont déjà intéressés, aux États-Unis, au Canada, en Afrique du Sud, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Australie, en Colombie…
Il y a aussi des opportunités auprès des entreprises par la nouvelle norme européenne ISO 31030-2021 sur la gestion des risques liés aux voyages d’affaires pour le personnel. Il existe déjà des applications tracking qui peuvent être implantées dans les téléphones des employés, mais cela est assez mal vu.
Safee est une meilleure solution qui présente un éventail plus large de services. Nous finalisons également des accords avec des influenceurs, mais la communication se fera essentiellement au niveau des distributeurs.
Et l’aspect financier ?
La création s’est faite sur fonds propres, comme le prototype présenté à Las Vegas, qui a coûté 20 000 euros. Safee vient de finaliser sa première levée de fonds, 550 000 euros levés auprès de business angels français et nous sommes à présent sur la seconde afin d’assurer nos ambitions internationales. Il s’agit d’1,5 million d’euros que nous aimerions trouver ici en France.
Propos recueillis par Anne Florin