Une bouteille de vin consommée sur 10 dans le monde est une bouteille de rosé. En France, c’est une bouteille sur trois et… 36 millions de consommateurs. Quant à la Provence, 90 % de sa production est consacrée à cette couleur de vin tranquille.
LA FRANCE EN TÊTE
Le rosé dispose de son Observatoire, preuve en est de l’attention portée par les professionnels à ce marché qui s’est imposé depuis le début des années 2000. 45 pays producteurs et/ou consommateurs sont régulièrement analysés pour détecter les tendances. Le rapport 2023 de FranceAgriMer et du CIVP (Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence) porte sur les données des années 2021. Ils mettent en avant la poursuite de la croissance de la production, France en tête, suivie de l’Espagne et des États-Unis. Ces trois pays représentent 66 % de la production mondiale. La France caracole joyeusement en tête de la production, mais aussi de la consommation, et décroche la place de leader pour l’exportation en valeur, tandis que l’Espagne est leader sur l’exportation en volume. Le pays est aussi le premier importateur en volume sur l’entrée de gamme, essentiellement des vins espagnols. La production mondiale s’élevait à 19,5 millions d’hectolitres en 2021.
L’ESSOR DE LA PROVENCE
Les viticulteurs français clament haut et fort que le rosé n’est pas que provençal. Ce qui est exact. Il faut cependant reconnaître à cette région un savoir-faire ancien et jamais démenti qui fait que la Provence reste terre promise pour les investisseurs s’orientant sur ce marché. La Provence clame d’ailleurs haut et fort être l’héritière d’une tradition grecque, les premières vignes ayant été plantées par ce peuple il y a quelques 2600 ans. L’argument mis en avant est que les raisins rouges travaillés produisaient un vin de couleur rosé et non rouge du fait des techniques de vinification anciennes.
UNE CONSOMMATION TRIPLÉE EN 25 ANS
Peu importe le bien-fondé de ces raisonnements, le fait est que la Provence sort quelques 157 millions de bouteilles de vin rosé AOC, soit proche des 40 % de la production française et de 4,2 % de la production mondiale ! Il ne faut pas négliger le potentiel hautement touristique de la région, un atout essentiel dans le choix de certaines des stars étrangères qui s’y sont installées.
DES MARQUES PREMIUM
Les viticulteurs provençaux ont réussi à imposer une couleur, le rosé dit « clair », et des marques reconnues en France comme à l’étranger. Parmi les noms qui reviennent régulièrement, on retrouve Château Roubine, Château Peyrassol, Miraval, Minuty, Ott, Berne, Château Rasque et bien d’autres. Tous n’ont pas choisi de mener la même politique, certains sont clairement positionnés sur le haut de gamme, d’autres ont préféré la commercialisation unique en restauration et caves. Sans oublier les domaines qui recherchent le volume en allant en grande distribution de façon permanente ou ponctuelle. Autre élément typique des rosés de Provence, la tendance généralisée à aller sur le biologique grâce à un territoire venté et ensoleillé dont le climat se prête à ce type de méthode agricole.
DES INVESTISSEURS PUISSANTS
Au-delà des viticulteurs traditionnels, les grands groupes et les investisseurs privés s’intéressent de près à ce vin agréable qui se vend si bien, promettant une rentabilité pas toujours facile à atteindre en viticulture. Parmi les acteurs privés, de grandes fortunes russes et chinoises font leur marché, mais aussi des célébrités telles que Brad Pitt et son Miraval, Kylie Minogue et le Sainte Roseline, Georges Lucas et le Margüi ou Richard Mille et le Château Rêva. Parmi les hommes d’affaires français, on peut citer Roger Zannier au Château Saint-Maur, Michel Reybier associé à Tony Parker à la Mascaronne, sans oublier les grands groupes français tels Pernod-Ricard et LVMH. Ce dernier s’est particulièrement fait remarquer par l’acquisition de domaines aussi renommés que Minuty, Château Galoupet et Château d’Esclans.
Anne Florin