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La France est-elle devenue une « start-up nation » ?


En 2017, Emmanuel Macron déclarait vouloir faire de la France une « start-up nation ». Sept ans plus tard, l’objectif a-t-il été atteint ?

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Une start-up nation est inconcevable sans un soutien de l’État en matière de recherche et d’infrastructures permettant d’accueillir les nouvelles entités. Ces incubateurs, accélérateurs, le soutien des grands groupes, et bien sûr, les financements, qui sont le nerf de la guerre, constituent des atouts majeurs pour l’innovation.

Le monde des start-up continue de croître avec plus de 3 500 créations en 2024. Selon le baromètre d’EY sur le capital-risque en France, les jeunes pousses françaises ont levé 13,4 milliards d’euros en 2023. La croissance du nombre de licornes (start-up valorisées à plus d’un milliard d’euros) de la French Tech est de 30 depuis 2024, ce qui témoigne du succès et du dynamisme du secteur.

Un écosystème qui résiste

Les succès sont là ! Il est difficile de passer à côté des nouvelles licornes comme BlaBlaCar, Doctolib, OVHcloud, Alan, Contentsquare, Ledger, Qonto, Mirakl, Back Market, Deezer, Meero ou Veepee. Certaines confirment leur statut d’ambassadrices de la Tech tricolore. Doctolib, valorisée à plus de 5,8 milliards d’euros en 2023, poursuit son expansion européenne.

Back Market, spécialiste du reconditionnement, a dépassé les 5,7 milliards de dollars de valorisation début 2024. Ces réussites témoignent du potentiel d’innovation et de croissance de l’écosystème français. Les autres pôles de réussite illustrent l’efficacité des pouvoirs publics avec la mise en place de plusieurs dispositifs pour soutenir l’entrepreneuriat.

Réductions d’impôts, crédit d’impôt recherche, investissements en recherche, créations d’incubateurs, soutien de BPI France, et le programme France Relance 2030 sont autant de mesures qui permettent à la France d’avancer dans la bonne direction.

Cependant, les start-ups rencontrent par exemple des difficultés à obtenir des financements à un stade tardif. L’accès des jeunes pousses aux premières levées de fonds s’est nettement amélioré, mais la bascule vers la licorne reste un souci majeur. Selon France Digitale, 7 % des start-up françaises ont réussi à lever plus de 100 millions d’euros en 2023, contre 15 % au Royaume-Uni. L’environnement financier privé et bancaire français est à ce titre encore frileux, poussant certaines entreprises à se tourner vers des capitaux étrangers pour leur croissance.

Formation et talents

Les formations en mathématiques, en ingénierie et en IA sont reconnues mondialement et sont un atout français. Ainsi, en 2024, la France est classée au 3ᵉ rang mondial des pays les plus productifs en matière de publications scientifiques en IA. Des initiatives telles que l’École 42, Station F et les grandes écoles d’ingénieurs ont contribué activement à l’émergence de ce nouveau monde entrepreneurial.

La France s’est incontestablement rapprochée de son ambition de devenir une « start-up nation » depuis 2017. Les succès se multiplient et le pays a accru son attractivité. En revanche, plusieurs défis clés demeurent : le financement des scale-up, l’internationalisation des start-up et la consolidation de géants technologiques susceptibles de devenir les leaders mondiaux. Le modèle français de « start-up nation » est désormais une réalité en construction, mais la maturité nécessite encore des efforts soutenus par tous les acteurs de l’écosystème.

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