Extraits du livre d’Axel Rückert, Faire réussir la France que j’aime, propositions du plus Français des Allemands, disponible sur www.fairereussirlafrancequejaime.com et sur Amazon
Comme dans mes essais précédents, je ne peux pas passer sous silence, surtout dans un projet qui vise à faire réussir la France que j’aime, ma volonté absolue de réduire en priorité et le plus possible, le chômage de masse, source de détresse, de tensions familiales et de décrochages économiques et sociaux.
En faisant, bien entendu, l’hypothèse que pendant encore longtemps le travail, au-delà des motivations financières, restera source d’accomplissement et, avec la famille, le principal contenu et sens de la vie. Le travail, surtout pour les jeunes, est la clé et le passage obligé pour accéder à l’autonomie et à l’indépendance. Pas surprenant que le plein emploi reste donc, selon ses déclarations, la première priorité d’Emmanuel Macron, pour être atteint à la fin de son deuxième quinquennat.
Car même si la France a déjà vu baisser avant le COVID son taux de chômage à 8% des personnes recherchant un emploi à temps plein (avec un taux de chercheurs d’emploi bien supérieur en y incluant les personnes sous contrat spécial avec l’Etat, en formation et donc sorties des statistiques, ainsi que celles désireuses de passer d’un contrat précaire ou d’un temps partiel à un véritable CDI à temps plein), et qu’après COVID, les offres d’emploi connaissent un niveau record avec une pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs et métiers (bâtiment, restauration, milieu hospitalier et aides à la personne, etc.), nous restons, avec 7,3% à fin mai 2022, encore loin du taux de chômage de 3 à 4% atteint, par exemple, en Allemagne et aux Etats-Unis, et de la disparition du chômage de masse. C’est surtout grâce à l’aide gouvernementale massive accordée au chômage partiel que la France a pu éviter, pendant la pandémie, une vague de licenciements.
Le gouvernement a également lancé des programmes importants et ciblés en matière d’emploi (assouplissement de la loi du travail, lancement du compte personnel de formation, programme « un jeune, un emploi », etc.). La réussite la plus importante se situe certainement au niveau des contrats d’apprentissage : Un grand bravo pour les 718 000 contrats signés en 2021, là où, il y a trois ans, on dépassait à peine les 300 000. Le tout grâce à la création de nombreux CFA, leur plus grande autonomie et donc proximité avec les besoins du terrain, et aux aides à l’apprentissage. A noter que ce sont les entreprises avec moins de 50 emplois qui offrent le plus de contrats d’apprentissage, et que cet accès à une formation se termine à environ 60% par un emploi en CDI.
Mais une partie importante de mes propositions dans mes essais précédents est restée jusqu’ici sans réponse : En commençant, grâce à des primes et des exonérations fiscales importantes, par des incitations à la mobilité – mobilité entre domaines d’activité, de postes et d’endroits géographiques. Car mes expériences des redressements d’entreprises et des restructurations en découlant comportaient toutes un accompagnement très individuel et de terrain pour les collaborateurs acceptant de la mobilité : découverte du nouveau poste et du nouvel endroit, accueil chaleureux par des collègues locaux, remboursement des frais de déménagement, aide à l’intégration professionnelle du conjoint, inscription scolaire, sportive et associative – le tout avec une prime attrayante, éventuellement payée par moitié lors du déménagement et, en cas de non-retour , par moitié 12 ou 18 mois plus tard. Le tout sur fond d’une différence plus forte entre les incitations financières pour retrouver un nouveau travail et le cumul des aides sociales versées pendant la période de chômage. Comme j’avais également proposé un changement majeur dans les missions d’une partie de l’ANPE et de l’APEC : plutôt que d’accompagner des chômeurs à trouver un emploi, créer un service de recherche et d’accompagnement de candidats pour des postes disponibles. Dans des conférences-débat, j’évoquais qu’avec une telle orientation et des équipes spécialisées et motivées, la possibilité de trouver, dès la première année, des candidats pour au moins 100 000 des 300 000 ou 400 000 postes non pourvus en 2019 et depuis en forte hausse, approchant désormais 1 million d’emplois proposés.
La quasi-certitude que, dans le cadre de la digitalisation progressive et irréversible de notre société, un grand nombre des emplois d’aujourd’hui vont disparaître dans les 20 ou 30 ans à venir (à l’exemple des emplois du transport, des agences bancaires, dans la grande distribution, etc.) conduira à des carrières moins linéaires avec, obligatoirement, des périodes d’activité et d’inactivité, de formation ou la poursuite d’un projet personnel. Avec également un changement important de comportement chez les jeunes diplômés : davantage préoccupés par la qualité de leur vie ainsi que la conciliation entre vie privée et vie professionnelle, ils n’hésitent pas à prendre ponctuellement un congé sabbatique, surtout tant qu’ils sont certains de retrouver rapidement un nouvel emploi.
Mais à plus long terme, il n’y a que deux critères qui permettront de venir à bout du chômage de masse : le résultat des choix professionnels, et, au moment de l’entrée dans la vie active ou de changements importants, la recherche de conseils précieux auprès d’amis, de professeurs, de spécialistes en orientation ou d’un « parrain ». Sur ce point, il faut noter que le rôle des parents est souvent plus ambigu. Car si, d’une part, ils sont enclins à voir leurs enfants faire comme eux, ils restent aussi attachés à certains clichés (par exemple qu’un apprentissage à la place du baccalauréat est le signe d’un échec scolaire). Et il y a aussi ceux qui sont obligés de mettre leurs enfants à contribution pour les revenus du foyer dès leur plus jeune âge. Mais c’est surtout l’employabilité de la personne, grâce à une formation permanente tout au long de la vie professionnelle, qui donne accès à un poste valorisant.
Puis la détermination de vouloir travailler, fut-ce au prix d’un changement de métier, de souplesse géographique, y compris sur le plan international et même d’une baisse temporaire de la rémunération. Dans ce parcours, l’attitude de certains jeunes, de plus en plus répandue, compréhensible mais délicate, du « je ne me tuerai pas à la tâche », peut devenir par rapport à d’autres cultures, surtout asiatiques, un sérieux handicap.
Et dans tout cela, quid d’un revenu général garanti, revendiqué, par exemple, par Benoit Hamon, et dont le principe commence désormais à être débattu dans beaucoup de pays. Et dont la mise en œuvre est déjà envisagée pour les jeunes en formation et en début de carrière professionnelle. En dehors du financement d’une telle rémunération, forcément très coûteuse, se pose la question des « contreparties ». Ainsi les syndicats allemands condamnent ouvertement « une rémunération à ne rien faire ». Et en France, les premiers exemples de contreparties obligatoires existent, par exemple 7 heures de bénévolat hebdomadaire ou d’intérim sur des postes vacants, autorisées par un jugement du Conseil d’Etat de 2018 et un jugement de la Cour administrative d’appel de Nancy en 2020.
Je pense donc qu’une obligation de participer ponctuellement à certains travaux d’utilité publique ou susceptibles de faciliter la réinsertion professionnelle et pour lesquels le Président de la République vient d’ouvrir le débat, pourraient être une issue équitable et acceptable.
Un autre problème d’emploi risque de devenir prochainement d’une grande actualité – surtout si, comme on peut le souhaiter, la discussion sur la réforme des retraites abandonne totalement le critère de l’âge légal du départ au profit d’une décision individuelle prise par chaque citoyen. Et que la réforme inclue plusieurs mesures entraînant « automatiquement » les seniors à travailler plus longtemps – car c’est bien le meilleur moyen pour équilibrer les comptes sociaux. Et de réduire considérablement le nombre, bien plus élevé en France qu’ailleurs, de personnes approchant l’âge de la retraite tout en étant inscrit au chômage.
La solution passe par des actions plus innovantes dans au moins trois domaines : former les seniors en fin de carrière dans des métiers nouveaux et susceptibles de les garder en activité plus longtemps ; améliorer leur état de santé par des mesures de prévention ou des traitements adaptés; enfin, rendre le fait de continuer à travailler plus longtemps, à temps plein ou à temps partiel, plus attrayant sur le plan fiscal et sur le plan de l’amélioration de la retraite perçue.
Ainsi chacun pourra partir quand il voudra sans âge de départ légal et même progressivement, et le montant de la retraite, avec une revalorisation significative des petites retraites et des carrières pénibles, dépendra essentiellement de la durée et du montant des cotisations.
Axel Rückert
Extraits du livre Faire réussir la France que j’aime, propositions du plus Français des Allemands, disponible sur www.fairereussirlafrancequejaime.com ou sur Amazon