« Les vraies conquêtes, les seules qui ne donnent aucun regret, sont celles qu’on fait sur l’ignorance » disait Napoléon Bonaparte. La France souhaite se hisser à l’avant-garde des nations réglementant la Blockchain, condition sine qua non pour pérenniser cette économie.
Avec sa décentralisation, son modèle déflationniste et sa rareté (digitale), le Bitcoin pourrait s’ériger en 2020 comme valeur de refuge au même titre que l’or en cas de crise de confiance des marchés.
En effet, s’il fonctionne sur la technologie Blockchain, celui-ci fait l’objet de contrats financiers. Dans l’hexagone, la société Napoleon Asset Management qui a créé le premier fonds Bitcoin réglementé peut désormais commercialiser ses parts dans des contrats d’assurance vie depuis le décret n° 2019-1172 du 14 novembre 2019. Les quelques 1 700 milliards d’euros d’encours en assurance vie des français pourront de facto se diversifier sur ce nouvel actif.
Des sociétés font le choix de se concentrer sur ces technologies innovantes. Le fabricant de smartphone HTC propose des smartphones embarquant des portefeuilles sur la Blockchain afin de faciliter les transactions de ses clients. D’autres entreprises valorisent la transparence apportée par la Blockchain pour améliorer la traçabilité dans leur logistique. Les sociétés PWC et EY, deux des Big Four, ont mis en place un service d’audit de crypto-actif et des technologies sous-jacentes.
En France, le Premier ministre Édouard Philippe a promulgué le décret n° 2019-1213 qui introduit dans la législation le statut relatif aux prestataires de services sur actifs numériques qui couvre dix types d’activités dont la Conservation, l’Achat et la Vente d’actifs numériques.
Dans cet élan, l’Autorité des Marchés Financiers a délivré le tout premier visa à une levée de fonds sur la Blockchain (ICO) conformément au nouvel article 712-1 du règlement général de l’AMF, synonyme d’un secteur qui commence à se réglementer.
Les plus grandes banques détiendront-elles des crypto-monnaies en 2020 ? Selon Pauline Adam-Kalfon, associée chez PwC France, « les banques centrales ont tout intérêt à laisser les grandes firmes, telles que Facebook ou JP Morgan, tester les devises numériques avant de lancer la leur ».
Dans l’Union Européenne, après la Banque centrale européenne c’est la Banque de France qui appelle à étudier hâtivement un crypto-euro. Une expérimentation devrait être lancée dès 2020 à destination des établissements financiers. Le Gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a déclaré que « nous devons apporter notre pierre à l’édifice de cette innovation, mais de manière sérieuse et méthodique. Je vois un intérêt à avancer rapidement sur l’émission d’au moins une monnaie digitale de banque centrale de gros, afin d’être le 1e émetteur au niveau international, et tirer les bénéfices réservés à une monnaie digitale de banque centrale de référence ».
Au même titre que la Suisse, la Norvège ou encore la Russie, la Banque centrale chinoise envisage également l’émission de sa crypto-monnaie nationale.
Outre Atlantique, Facebook continue les discussions avec le régulateur américain pour proposer une nouvelle crypto-monnaie à ses quelques 2.4 Milliards d’utilisateurs. Les monnaies privées passent-elle à l’assaut de la souveraineté ? L’idée inquiétante de perdre le pouvoir régalien qu’est celui de battre monnaie semble croitre au sein des Etats.
La Présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a déclaré : « Ma conviction personnelle est qu’étant donné les développements que nous voyons, non pas tant dans le Bitcoin que dans les projets de stablecoins… nous ferions mieux d’être à l’avant-garde, car il y a clairement une demande à laquelle nous devons répondre. »
Et en Afrique ? C’est peut-être sur ce continent que se dessine le futur du Bitcoin qui permet de faire face à l’hyperinflation des monnaies Étatiques au même titre qu’au Venezuela, en Amérique Latine. Les investissements liés aux projets Blockchain semblent s’y multiplier in fine avec notamment ceux de la fondation Binance, leader des exchanges de crypto-actifs, ou encore du fondateur de Twitter, Jack Dorsey.