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La France, une démocratie à l’agonie : les manipulations de l’opinion


Mise en cause l’état de droit, des libertés publiques et des autorités légales...

Entreprendre - La France, une démocratie à l’agonie : les manipulations de l’opinion

Parte 1 : La France, une démocratie à l’agonie
Partie 2 : Des constats qui font craindre le pire
Partie 3 : Les manipulations de l’opinion

A suivre :

Partie 4 : Les sources du chaos comme diagnostic de la morbidité !
Partie 5 : Des conséquences qui semblent clairement inéluctables !
Partie 6 : Les solutions à mettre en oeuvre si l’on retrouve un peu de courage !

Des manipulations voulues de l’opinion

Un démocratie ne peut fonctionner « hors sol ». Son existence, son devenir, comme son avenir doivent tout à l’implication des citoyens qui la composent et s’y investissent, par le respect de valeurs fondamentales et historiques et par leur transmission entre les générations. Qu’un seul des maillons faiblisse et la démocratie est en danger de mort, comme malheureusement, on le constate aujourd’hui.

Autrefois, on apprenait par l’intermédiaire de la parole, entre le maître et l’apprenti, entre le maître et les élèves. Rappelons-nous Socrate, est-il besoin de le préciser, ce philosophe grec du Vᵉ siècle avant J.-C. connu comme l’un des créateurs de la philosophie morale, mais qui n’a laissé aucun écrit, sa pensée et sa réputation ayant été transmises par des témoignages indirects, ceux de ses disciples.

« Connais-toi toi-même » est cette citation de Platon que reprennent tous les étudiants, qui l’ont lu et étudié, ou pas, sincères ou non, ainsi que tous ceux qui imaginent démontrer leur culture encyclopédique par ces quelques mots. Les plus audacieux rappellent parfois que c’est cet héritier de Socrate qui a fondé, vers 387 avant J.-C. dans des jardins proches d’Athènes, l’Académie, cette école philosophique où ont enseigné tant Platon qu’Aristote.

Lorsque l’on évoque les relations du maître et de l’apprenti, on ne peut que repenser aux bâtisseurs de cathédrales (la rénovation de Notre-Dame de Paris, après son incendie dramatique en montre actuellement des exemples remarquables) et se convaincre que cette science de la transmission pour tant de métiers (maçons, tailleurs de pierre, charpentiers, ferronniers, etc.) qui prônaient le geste sûr et la connaissance absolue et l’enseignaient, à la fois oralement et par l’exemple, directement dans les loges adossées aux murs du chantier.

L’étude et la lecture des plans aidaient à la perpétuation des savoirs, et non pas à l’étalage prétentieux de savoirs superficiels. Contrairement à ce que nous vivons de nos jours, le mauvais « ouvrier », peu enclin au travail et à sa glorification, ne faisait jamais longtemps illusion sur les chantiers des bâtisseurs.

L’invention de l’imprimerie au milieu du XVe siècle apportera un outil précieux à ceux qui transmettaient leurs connaissances, lesquelles, parfois, dans la seule oralité, pouvaient être perdues à la mort d’un maître. Et globalement, Gutenberg a apporté à ce monde obscur encore à peine sorti du Moyen-Âge, un outil de pédagogie exceptionnel et nouveau, un « moteur » dans l’évolution des compétences universelles, en permettant à l’occident la transmission des savoirs de manière absolument exponentielle, et ce faisant, l’innovation.

Les progrès que connaitra cette industrie ouvrira la voix au développement de la presse, laquelle, si elle n’a pas toujours contribué à la diffusion et au progrès de la vérité, a largement aidé à l’amélioration des connaissances et des compétences, notamment par le fait que la lecture impose au lecteur des efforts indispensables qui sont toujours sources de progrès.

On ne peut pas en dire autant du développement de la diffusion radiophonique. Bien-sûr, toute technologie nouvelle recèle en elle des avantages et des inconvénients, des richesses et des faiblesses. Si la radio a permis une diffusion plus rapide et plus large, de l’information en particulier, et de la connaissance en général, chacun sait qu’elle a pu aussi être le vecteur, d’une part, des premières manipulations de l’esprit humain et, d’autre part, de la diffusion d’une sous-culture, parfois qualifiée hypocritement de « culture populaire », ce qu’il faut malheureusement aussi traduire par cette notion marxiste provocatrice « d’opium du peuple ».

Les empereurs romains avaient inventé les jeux du cirque « panem et circenses » que l’on pourrait presque traduire par « du pain et du sang » tant l’intérêt du peuple pour les jeux du cirque se concentrait à l’époque sur des spectacles de mort et de violence (pour les esclaves gladiateurs ou pour les premiers chrétiens). La radio semble de nos jours un peu moins mortifère et se limite désormais trop souvent à des jeux destinés à empêcher les citoyens de penser et de se mêler de la « chose publique », en somme de ne pas trop participer à la gestion quotidienne de la République.

La télévision qui a fait irruption dans les foyers des citoyens à la moitié du XXIe siècle, et, partout dans le monde, peut être vue comme une radio « puissance 4 » le son et le commentaire de la radio étant amplifiés par l’image, progressivement améliorée et de plus en plus immédiate, les reportages des années 60 en différé étant remplacés par du « direct ».

Il faut se souvenir des mots utilisés en 1985 par Marguerite Yourcenar, écrivaine et membre de l’Académie Française, et qui faisait ce constat pessimiste :

« Je crois que l’homme sera littéralement noyé… dans l’information, dans une information constante, sur son corps, sur son devenir corporel, sur sa santé, sur sa vie familiale, sur son salaire, sur son loisir, … ce n’est pas loin du cauchemar ! Il n’y aura plus personne pour lire ! Ils verront de la télévision, on a des postes partout… On ne voyagera plus, ce ne sera plus la peine de voyager ! Quand on peut faire le tour du monde en huit jours ou quinze jours, pourquoi le faire ? Dans le voyage, il y a le temps du voyage, ce n’est pas voir vite, c’est voir et vivre en même temps. Vivre du voyage, ce ne sera plus possible ! »

Avant de s’ouvrir sur un espoir, sans doute à long terme, comme peuvent en faire les initiés qui gardent foi en la richesse de l’Humanité et ne veulent pas se désespérer des faiblesses humaines :

« Il restera la mer, quand même, les océans, et puis la lecture. Les gens vont redécouvrir ça. Un jour, un homme lira, et puis tout recommencera ».

Les médias, fournisseurs d’une marchandise à bon marché

Il faut éviter d’être dans l’excès ! Les médias nous apportent beaucoup, depuis de longues années ! Mais ils abaissent aussi beaucoup les esprits en fournissant aux citoyens une pensée convenue, dont le contenu est trop souvent banal et dont il faudrait apprendre à plus se méfier !

Doit-on parler des émissions de divertissement, et des émissions de jeux qui n’ont généralement que peu d’intérêt, si ce n’est de vouloir impliquer les citoyens dans l’idée que tout est loisir et que tout est amusement. Les développements les plus récents de la société sont désormais justifiés, comme on l’entend dans nombre de spots publicitaires, par le « Game ». À croire que désormais ce sont les loisirs et les jeux qui mènent le monde ! Où sont donc passées nos valeurs ancestrales ? Et notamment cette valeur fondamentale qui consistait à fonder l’identité individuelle sur la valeur « travail » et sur les efforts consentis pour devenir « autre » ? Dans une époque où l’altérité est la pire des choses !

Il ne faudrait pas « jeter le bébé avec l’eau du bain » et nier les évidences ? Il existe heureusement des émissions dignes d’intérêt, des informations justes et honnêtes, et des reportages pédagogiques de qualité. Mais ce qui transparait le plus, quand on zappe sur les grilles de programmes entre les différentes chaînes proposées aux téléspectateurs, c’est tout de même le grand nombre de « jeux », d’émissions présentées comme le « nec plus ultra » du rire et une succession de séries pseudo policières, souvent d’origine américaine, et dont le niveau culturel est désolant. À cela s’ajoutent des émissions dites « de variété » qui semblent être une façon perverse d’imposer aux esprits français une « culture mondialiste pré machée » !

Oui, on peut réellement craindre, malgré la quantité inouïe des informations diffusées au quotidien, que le constat soit celui d’une baisse généralisée de la qualité qui se traduit par un réel nivèlement culturel « par le bas ». Cette évolution serait autant due à la qualité des « produits » vendus, qu’à l’éducation des esprits destinés à les consommer ! Les exemples sont relativement nombreux, tout particulièrement ces dernières semaines !

Certaines chaînes se sont fait une spécialité de l’info 24/24, pratiquement jour et nuit ! Rappelons donc les récentes visites du roi Charles III d’Angleterre, ou du pape François, au sujet desquelles ont été diffusées des heures de direct ne montrant que la vue fixe d’un ciel d’aéroport (avec quelques variantes dues aux nuages emportés par le vent), dans l’attente lancinante d’un petit point flou à l’horizon annonçant l’arrivée prochaine, (peut-être, non, enfin, oui !) d’un avion, puis d’un autre. À la suite de quoi, les images diffusées étaient celles de l’atterrissage (comme si personne ne savait comment cela se passe) et l’attente qu’enfin les portes s’ouvrent et que l’on en vienne enfin à l’accueil des visiteurs. Après cela, chacun s’en souvient, puisque les images ont été ressassées à n’en plus finir, le spectacle des voitures circulant dans Paris ou à Versailles, à Marseille, ou encore entre Mérignac et Bordeaux !

À quoi tout cela rime-t-il ? Et faut-il enfoncer le clou et évoquer les nombreux journalistes (mais le sont-ils vraiment ?) qui ont commenté l’attente et les évidences par des discours et des platitudes répétées. À titre d’exemple, combien de remarques pour s’étonner que des Français, sur le parcours, aient pu crier « Vive le Roi » alors qu’ils sont les héritiers d’un peuple iconoclaste qui a coupé la tête du sien le 21 janvier 1793. Et, curieusement, personne pour rappeler que les Anglais en ont fait tout autant, en décapitant à la hache leur roi Charles 1er le 30 janvier 1649.

Ces récents exemples provocateurs pour illustrer le vide absolu de contenu journalistique réel sur les ondes de ces chaînes dites d’information, durant les trois jours où l’actualité française s’est partagée entre le roi d’Angleterre, le pape François et la coupe du monde de rugby, ceci dit sans aucun jugement de valeur sur l’importance des événements évoqués.

Mais nous sommes habitués désormais à la vacuité de l’information destinée au public populaire. Tout est prêt pour donner l’illusion aux citoyens qu’on les informe correctement sur ce qu’il se passe en France et dans le monde, et d’ailleurs, ce qu’il se passe à l’étranger est beaucoup plus intéressant que ce que fait en France le gouvernement et ses dirigeants. En fait, autant ne pas le savoir !

Autre sujet, important pourtant celui-là, la guerre aux portes de l’Europe ! Tout un chacun l’avait noté, la guerre en Ukraine, avec son lot effroyable et quasi quotidien de crimes de guerre, et dont les étapes successives devaient être évoquées au jour le jour, a donné lieu à des tables rondes pratiquement permanentes durant des mois depuis le 24 février 2022. Mais quand on visionne à nouveau ces reportages, c’est pour constater qu’il ne s’y disait pas grand-chose, du commentaire certes, mais pas de l’information ! Et pourquoi cela ? Malgré la présence d’experts ? Parce qu’ils ne savaient pas grand-chose ou ne pouvaient rien dire ! Certes les lecteurs de la presse écrite, comme les téléspectateurs de la TV, ont le droit d’être informés, même si ceux qui commentent ne savent pas grand-chose.

Et aujourd’hui, on ne parle presque plus de la guerre en Ukraine qui fait pourtant, on le sait, de plus en plus de victimes. Les commentateurs professionnels sont passés à autre chose, et actuellement ce sont les disparitions d’enfants… !

Les médias, fournisseurs d’un outil de domination

On ne peut pas évoquer les moyens immenses du monde des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), et plus largement de l’audiovisuel en niant les bienfaits qu’elles apportent, mais on se doit de demeurer lucide en relevant les méfaits qu’elles induisent. La force du monde de l’image est avant tout de fournir des outils aux consommateurs, ce qui induit de s’interroger sur deux points, la consommation et la notion d’outil.

Le monde économique capitaliste est un monde fondé sur l’offre et la demande. Le citoyen, qui a des droits en vertu de la théorie du Contrat social, les exerce avec une apparente liberté. Mais il est avant tout un consommateur face à des producteurs qui, eux, ont un double intérêt, vendre et faire consommer en fabriquant au meilleur coût, de façon à maximiser leurs profits. Le plus sûr moyen pour eux est de proposer un produit qui plaise au plus grand nombre, ce qui implique une baisse de la qualité et donc un nivèlement par le bas de la qualité fournie.

La notion d’outil impose, quant à elle, des compétences et du savoir-faire. Prenons le parallèle avec le marteau et le clou : tout le monde est capable, plus ou moins bien, de taper sur un clou avec la tête d’un marteau, même si tout dépend de la nature du clou et de la forme du marteau. Dans un monde plus moderne, plus technologique, le consommateur bricoleur va vouloir se servir d’une cloueuse électrique ou pneumatique, et il s’en donnera à cœur joie, pour peu qu’il soit proche d’une prise électrique ou que sa batterie ne soit pas déchargée. Dans les cas extrêmes, il ne pourra plus travailler, ce qui démontre qu’un système plus moderne, et donc plus complexe, va induire des contraintes plus coûteuses qui limiteront la liberté du citoyen bricoleur. Toute la société technologique fonctionne sur ce principe et l’économie de la culture suit les mêmes tendances contraignantes.

Télévision, téléphone, Internet et réseaux sociaux créent des contraintes dont le consommateur ne peut plus se passer et qui limitent fortement sa liberté, sans parler de la première d’entre elles, la liberté de penser par soi-même !

Et même si le propos est souvent difficile à appréhender, il est bon de relire ce qu’écrivait Guy Debord, écrivain, théoricien, cinéaste, poète et révolutionnaire français, dans son ouvrage « La Société du Spectacle » paru en 1967 et régulièrement réédité jusqu’en 1992 :

« La conscience du désir et le désir de la conscience sont identiquement ce projet qui, sous sa forme négative, veut l’abolition des classes, c’est-à-dire la possession directe des travailleurs sur tous les moments directs de leur activité. Son contraire est la société du spectacle, où la marchandise se contemple elle-même dans un monde qu’elle a créé ».

Les propos révolutionnaires de Guy Debord sont, certes, conformes à ses engagements revendiqués pour la lutte des classes ! Ils n’en demeurent pas moins clairvoyants sur la façon dont les pouvoirs économiques ont utilisé la culture et le spectacle pour manipuler la conscience des citoyens. Et les citoyens, devenus « marchandises », sont à la fois les victimes et les auteurs de leurs dépendances au système. L’aboutissement ultime en sont les réseaux sociaux planétaires qui comme Meta, sous couvert de gratuité, ont fait des utilisateurs drogués à leurs services, la matière première de leurs algorithmes obscurs, et la richesse incroyable de leurs dirigeants et actionnaires, dont les icones et désormais gourous non élus comme Elon Musk en viennent à pouvoir peser sur l’issue de la guerre en Ukraine…

Le rôle manipulateur des soi-disant experts

Et qui donc occupaient, pendant des heures, les fauteuils des commentateurs de la politique étrangère, les stratèges autoproclamés de la guerre et des enjeux militaires de la géopolitique, les spécialistes de la justice européenne et des crimes contre l’humanité, etc. si ce n’est de faux prophètes et de faux experts !

Les faux experts qui ont siégé pendant des mois devant les caméras pour donner leur avis sur les péripéties de la guerre en Ukraine, ont fait tourner en boucle des propos convenus et des assertions que le commun des téléspectateurs ne pouvaient pas vérifier, tandis que des animateurs au vocabulaire limité relançaient les débats avec des constats d’une banalité affligeante et trop souvent larmoyante, en illustrant le tout avec les mêmes images du conflit, tournant, elles aussi en boucles !

Le citoyens éclairés qui disposent de suffisamment d’esprit critique ont toujours le loisir de zapper ou d’éteindre leur poste de télévision. Et le téléspectateur ordinaire est « tenu en laisse » par l’envie de savoir ce que les sachants vont enfin pouvoir lui révéler. Il regarde ce monde infernal qui s’agite devant ses yeux, attend durant des heures un scoop, une nouvelle effrayante, comme on attend l’accident en regardant un grand prix de Formule 1. Il faut que les bombes et les missiles explosent en direct comme se désintègrent à 300 km/h les carcasses des voiture en titane, si possible sur le public !

Ce parallèle peut choquer, certes ! Mais si l’on revient sur les émeutes qui ont meurtri Paris pendant des semaines, ne peut-on pas voir un lien entre ces violences, et le fait qu’elles étaient filmées et diffusées en direct, et en conclure que tout cela est loin d’être anodin. On offre ainsi un théâtre « grandeur nature » à des « producteurs » qui savent à qui ils vont « vendre » ce spectacle si particulier ?

On a presque envie de poser cette question iconoclaste : à qui profite le crime ? Tout étant, dans la sphère capitaliste, centré sur la maximisation des profits, on peut tranquillement en déduire que cela profite à ceux qui s’enrichissent économiquement de ce commerce et non à ceux qui en sont la cible. Il en va de même pour les politiques clientélistes et populistes qui voient dans le chaos, qu’il s’agisse pour les uns de l’attiser, et pour les autres de prétendre l’éradiquer, le moyen de récupérer des voix.

Il est toujours compliqué, voire artificiel, de parler culture ! Le public n’est pas UN, il est multiple et le même discours produit des effets différents, selon les qualités, la formation, l’éducation et le vécu de ceux qui les reçoivent ou les entendent. En tout état de cause, ce qui tranche entre la bonne et la mauvaise culture, c’est la présence ou non chez les citoyens d’un « esprit critique ». Car l’objectif non avoué des producteurs de contenus, information, loisir, connaissances artistiques, etc. c’est de vendre un maximum de produits à un public le plus large possible.

L’exemple particulier d’Internet confirme cette vision. L’invention et le développement de cet « outil » ont été vus par tous, producteurs comme consommateurs, comme un vrai miracle, une richesse immense permettant un accès à la culture absolue, l’appréhension d’une culture sans limites, alors qu’il faudrait, comme les alarmistes, s’inquiéter de l’arrivée de « Big Brother » dans nos foyers et dans nos têtes !

Le rôle insidieux d’Internet et des réseaux sociaux

Les GAFAMA règnent sur la technologie moderne, et sur le web, tout autant que les réseaux mafieux le font sur le darknet. Disposer de l’ensemble des données du monde sur un simple « clic », en quelque lieu que l’on soit, sur n’importe quel support, y compris sur son téléphone, avait de toute évidence de quoi séduire. Beaucoup disent désormais : « à quoi bon acheter des livres, des films, des disques, » alors que j’ai tout dans ma poche ?

Cela pose deux questions. La première est de pouvoir vérifier l’authenticité de ce qui est fourni ou mis à disposition, notamment quand la source n’est pas clairement identifiée. La seconde est d’inciter le consommateur à une certaine paresse, surtout pour ceux qui n’ont pas suffisamment développé leur méfiance et leur esprit critique.

S’agissant de la première question, on a compris que certains consommateurs sont relativement naïfs sur la valeur « vérité » de ce qu’ils lisent, voient ou entendent. Ils sont, dès lors, amenés à croire n’importe quoi et à prendre pour argent comptant tout ce qu’ils lisent, pour peu que cela « paraisse » officiel, sérieux ou confirmé par la vox populi. La seconde interrogation soulève la question de l’absence de doute des consommateurs, et de leur paresse face aux manipulations dont ils sont les objets quasi consentants. Ce mode de diffusion des informations ouvre la porte aux hoax, aux « tripatouillages » des esprits et à toutes les théories complotistes qui circulent sur le Net, et dont une partie de la population est désormais convaincue de l’existence.

On sait d’ailleurs que ces techniques sont couramment utilisées par des puissances étrangères pour s’immiscer dans des événements politiques ou des conflits. L’exemple le plus connu est l’intervention connue des groupes d’influence russes qui agissent contre les intérêts français dans les anciennes colonies d’Afrique. On cite à ce sujet les « manigances » des usines à trolls du groupe Wagner, qui, s’il a perdu ses dirigeants principaux, n’en continue pas moins ses actions et exactions.

Dans la sphère d’influence d’Internet, il faut, bien-sûr citer l’arrivée de ce qui est communément désigné sous le terme « d’intelligence artificielle » et qui n’est autre pour le consommateur lambda qu’une autre forme de manipulation. Le pire est pourtant encore à venir en matière de manipulation puisque l’IA est déjà capable de générer des imitations et de fausses images criantes de vérité.

Au-delà de l’e-learning qui ne serait en fait qu’une « soi-disant » intelligence, certains experts pensent que le projet visant à imiter une cognition humaine nécessitera la mise au point de nouvelles techniques, via des recherches technologiques fondamentales en mathématiques et statistiques.

Pour beaucoup d’internautes qui les utilisent, les applications ayant recours à l’IA sont autant de preuves de leur paresse intellectuelle, l’IA leur permettant pour le moment que de faire rédiger, par la concaténation d’informations contenues dans les bases de données universelles, de textes reprenant la forme d’une réflexion intelligente et aboutie, mais qui s’avèrent finalement médiocres et superficielles, comme une image représentative du monde culturel carencé actuellement majoritaire.

Bernard Chaussegros

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