Théière, collier pour chien, porte-clé ou tee-shirt, tout ou presque peut aujourd’hui être «connecté» et «intelligent». Mais seuls les objets et applications réellement utiles trouveront leur marché.
En 2015, les ventes d’objets connectés ont rapporté 340 M€ en France. Un chiffre d’affaires encore modeste, qui ne représente que 2% des ventes de produits électroniques (14,9 Mds€), mais qui a été multiplié par 2,3 par rapport à l’année précédente. Et le marché avait déjà doublé entre 2013 et 2014, dans un contexte globalement morose pour les biens techniques (-3%). Une bonne santé qui doit beaucoup à la mobilisation des grandes enseignes.
«Les acteurs de la distribution ont multiplié les initiatives pour promouvoir et construire une offre cohérente en magasin», analyse François Kilpfel, directeur général adjoint chez GfK Consumer Choices France. Et la tendance ne devrait pas s’inverser puisque l’institut GFK table sur un CA de 850 M€ en 2016.
Une French Tech dynamique
En avril dernier, le pionnier français des objets connectés, Withings, a été racheté par le Finlandais Nokia pour 170 M€. Une belle opération qui illustre le savoir-faire hexagonal sur ce nouveau secteur. Rien d’étonnant donc à ce que les lancements de start-up se multiplient, boostés par un écosystème financier, notamment le financement participatif, qui ne rechigne pas à soutenir des jeunes pousses positionnées sur des niches même improbables.
Pourtant, il convient d’être prudent. Aujourd’hui, les ⅔ des ventes concernent des wearables, principalement des accessoires comme les bracelets et montres intelligentes, un marché dominé par des géants comme Apple ou Samsung ou des spécialistes américains, comme FitBit. Pour d’autres segments, comme la maison connectée qui regroupe l’électroménager et la domotique, les parts de marché restent encore anecdotiques.
La valeur d’usage
La clé du succès, comme toujours, c’est la réponse à un besoin réel du consommateur, couplé à une simplicité d’utilisation, qui n’est pas garantie, notamment avec les problèmes techniques de connexion, en l’absence de normes établies et de réseaux dédiés.
«D’un côté, il y a un très grand niveau de complexité à la mise en place de ce genre de société et, d’un autre côté, un marché qui est très fragmenté, des sources de financements sporadiques, même si beaucoup utilisent l’option du crowdfunding. Il y a un décalage entre les ressources disponibles, les capitaux et les compétences, et la complexité des projets. Un décalage d’autant plus important quand l’objet est complexe. La vraie sur-promesse provient de Kickstarter et d’Indiegogo. Ils promettent que, grâce à leur plate-forme, vous pouvez financer vos projets. Mais la réalité c’est qu’il y a relativement peu de projets qui sont complétés. L’autre réalité ? Dans la plupart des cas, même une bonne campagne de crowdfunding réussie est insuffisante pour débuter la fabrication», explique Olivier Ezratty, consultant qui accompagne de nombreuses jeunes pousses. Pourtant, malgré les difficultés, nombreux sont celles qui se sont lancées, avec succès. Et parmi elles figurent les champions de demain.