Le dernier Baromètre EY du capital-risque, véritable thermomètre des investissements dans les jeunes pousses tricolores, révèle un écosystème sous tension.
En 2024, 723 start-up françaises ont levé un total de 7,8 milliards d’euros. Cette somme, bien que conséquente, marque une baisse de 7 % par rapport à l’année précédente. En volume, le marché semble stable, mais cette stagnation masque une réalité plus nuancée : les levées de fonds inférieures à 10 millions d’euros et celles dépassant 100 millions ont progressé de 4 %, tandis que les tranches intermédiaires reculent. Parmi les opérations emblématiques, on retient les levées de Mistral AI (468 M€), Poolside (453 M€) et Electra (304 M€), qui tracent les contours des secteurs porteurs. Après un premier semestre prometteur, les investisseurs ont marqué le pas : le second semestre a enregistré un recul de 14 %, signe des incertitudes économiques et politiques qui pèsent sur l’écosystème.
L’IA en tête d’affiche
Le secteur des logiciels, soutenu par l’IA générative, reprend la pole position avec 3 milliards d’euros levés, soit une progression de 46 %. Les Greentech, en quête de solutions pour la transition écologique, suivent avec 1,9 milliard d’euros. Les Fintech, quant à elles, marquent un retour notable avec 840 millions d’euros, en hausse de 32 %. À l’inverse, des secteurs historiques comme les Life Sciences et les services internet subissent des revers significatifs, confirmant une réallocation des capitaux vers des segments perçus comme plus disruptifs.
Sur la scène européenne, la France demeure un pilier solide de l’innovation, mais son avance sur l’Allemagne se réduit. Avec 7,4 milliards d’euros levés, cette dernière progresse de 11 %, tandis que le Royaume-Uni, malgré un recul de 16 %, reste le leader incontesté avec 14,1 milliards d’euros. « La compétition va être rude au niveau international, analyse Franck Sebag, associé EY et auteur de l’étude. Les États-Unis ont pris une avancée certaine sur l’Europe en 2024 et vont probablement bénéficier en 2025 d’un contexte géopolitique favorable aux innovations de rupture comme l’IA, la blockchain ou encore le SpaceTech. »
En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les États-Unis s’imposent comme le géant de l’innovation mondiale en matière d’IA en 2024. Avec 38 milliards de dollars levés dans ce secteur, ils ne cessent de creuser l’écart avec l’Europe. En comparaison, les start-up européennes ont levé seulement 4,1 milliards de dollars…