Pendant qu’en Europe, nous nous focalisons sur le retour aux productions conventionnelles et menons des guerres picrocholines pour nous assurer de la nationalité du fabricant du Doliprane, nos amis d’outre atlantique laissent libre cours à leur créativité, en matière de numérique et d’intelligence artificielle. Non seulement nous nous trompons de combat, en menant des guerres d’un autre siècle, mais, de surcroît, nous réglementons et normalisons à tour de bras. Nous nous posons la question de la nocivité éventuelle de l’intelligence artificielle avant même de savoir comment l’utiliser avec compétence.
Avec le Digital Market Act, monstruosité bureaucratique produite par la commission européenne, laquelle est censée protéger le consommateur et garantir la concurrence entre les intervenants, nous nous privons des derniers développements de l’intelligence artificielle, en effarouchant les plus dynamiques des intervenants. Méta, Open AI, Apple, Google reportent de plusieurs mois le lancement en Europe de leurs nouvelles fonctionnalités, alors qu’elles sont déjà opérationnelles sur leur marché domestique. Conclusion ? Aux États-Unis, on crée, on innove, on va de l’avant ; en Europe, on réglemente, on normalise et on légifère.
C’est un handicap terrible pour nos entrepreneurs, ceux en particulier, qui veulent prospérer dans les prestations de services technologiques et les logiciels. Bien sûr, il y a toujours pour eux des moyens détournés d’avoir accès aux derniers développements des technos américaines, mais au prix de quelques contorsions par rapport aux règles en vigueur et dans une complexité accrue.
Entreprendre demande de la liberté. Sans aller jusqu’à laisser faire n’importe quoi, il est évident que la créativité et l’innovation reposent sur l’ouverture et l’indépendance d’esprit, non sur le respect de réglementations tatillonnes. C’est pourtant malheureusement ce à quoi nous assistons aujourd’hui, tant en France que dans l’Union européenne. Le principe de précaution, désormais inscrit dans la Constitution française, l’est aussi dans les esprits. On n’encourage plus l’entreprise, on régule, on légifère, on normalise. Le résultat, c’est qu’un nombre croissant de start-ups se lancent ex-nihilo aux États-Unis, afin de bénéficier d’un écosystème favorable, que des scale-ups déménagent outre-Atlantique pour les mêmes raisons et que même des entreprises du CAC 40 envisagent de se faire coter à New York pour pouvoir bénéficier d’un environnement d’investisseurs beaucoup plus « business friendly » que chez nous.
Dans l’accélération technologique que nous vivons, si nous souhaitons faire contribuer à notre croissance la création et le développement d’entreprises innovantes nouvelles, il est temps de se réveiller. Outre la nécessité d’un environnement fiscal propice à les motiver, il faut briser le carcan dissuasif des normes et des réglementations.
Alain Goetzmann
Coach et Conseil en Leadership & Management