Tel un phénix, la marque mythique Alpine, créée en 1955, a bien pourtant failli disparaître avant de renaître dès 2012. Cette année, nouveau défi pour la pépite originaire de Dieppe qui devient l’équipe pro du groupe sur le circuit de Formule 1.
Tout a commencé à Dieppe avec un homme à l’origine de la marque. Le jeune diplômé HEC, Jean Rédélé, devient le plus jeune concessionnaire Renault de France en reprenant l’affaire de son père. Il est un vrai passionné de conduite automobile et de moteurs. Il pilote en rallye et participe à diverses compétitions, avec succès, notamment dans les critériums alpins.
1955, un entrepreneur, une marque
En 1955, il va créer la marque Alpine, en référence à ces courses montagneuses qui lui ont laissé de bons souvenirs : « C’est en sillonnant les Alpes à bord de ma 4CV Renault que je me suis le plus amusé. J’ai donc décidé d’appeler mes futures voitures « Alpine ». Il fallait que mes clients retrouvent ce plaisir de conduire au volant de la voiture que je voulais construire » raconte-t-il. Il s’agit déjà d’une sportive, légère et maniable. Dix ans après sa création, la marque s’associe officiellement à Renault et bénéficie de son réseau commercial de distribution. En 1973, le groupe français devient majoritaire et Jean Rédélé quitte l’entreprise en 1978. Voici pour les premières grandes dates de la marque.
Une belle renaissance pour la Renault Alpine
Les rumeurs allaient bon train depuis déjà plusieurs années. Le 25 mai 2012, une première concrétisation voit le jour avec un nouveau concept-car Renault Alpine présenté sur le circuit du Grand Prix de Monaco. Mais c’est en 2017 que la nouvelle Alpine 110 verra le jour. L’événement sera orchestré de main de maître, avec une proposition de réservation sur internet effectuée en décembre 2016 pour les 1955 premières Alpine fabriquées, un peu en aveugle ; le modèle n’étant alors pas encore totalement dévoilé. En moins de deux jours, la vente est bouclée, preuve en est de la trace qu’a laissée la marque dans l’esprit des amoureux de l’automobile. Les ventes s’accélèrent jusqu’en 2020 où les malus mis en place en janvier 2019 vont faire reculer une bonne partie des acheteurs.
Retour en compétition
Déjà positionnée en endurance avec les 24 heures du Mans entre autres compétitions depuis 2013, la marque a su faire ses preuves, pas à pas, entrant dans la catégorie Hypercar, la meilleure du monde en endurance. Marque sportive depuis sa naissance, Alpine a finalement été l’option choisie par la direction pour re-baptiser l’équipe Renault de Formule 1 en Alpine Formule 1. Un changement à la fois logique et combatif. En termes de notoriété, Alpine prend ainsi un grand coup de projecteur qui a aussi pour but de la redynamiser. Même si son moteur n’est pas le plus rapide du circuit, début novembre, elle parvenait à tenir la cinquième place du championnat des constructeurs.
Luca de Meo y croit
Le successeur de Carols Ghosn à la tête de Renault, l’Italien Luca de Meo a su être présent pour la marque Alpine, qui risquait bien une disparition, cette fois-ci définitive, en 2020. Il l’a d’ailleurs énoncé très tôt : « Je ne voulais pas être l’homme qui arrive et enterre 44 ans d’histoire ». Il faut dire que le dirigeant est connu pour être un amoureux de la compétition, il se rend d’ailleurs très régulièrement sur les circuits pour soutenir l’équipe Alpine. Il a même osé des mots que les fans d’Alpine et de Formule 1 rêvaient d’entendre : « C’est très clair, l’un des messages de mon côté est que nous sommes là, disons, pour l’éternité, avec Alpine en Formule 1 si tout cela fonctionne. Parce que la Formule 1 est l’épine dorsale d’Alpine. C’est au centre de l’entreprise ».
Voilà qui est dit. Mais attention, les attentes sont grandes, même si ce mouvement fait partie d’une stratégie globale, et plus particulièrement du plan de relance « Renaulution ». Ce plan stratégique décliné en trois temps va suivre les phases « Résurrection, Rénovation et Révolution » avec entre autres la nouvelle marque Mobilize dédiée à la mobilité urbaine et qui va proposer deux véhicules pour l’autopartage, un pour le service avec chauffeur et le quatrième pour « le dernier kilomètre ».
Renault Alpine : la Chine en perspective
Le groupe Renault a déjà subi des revers sérieux en Chine. La concurrence en présence sur ce marché est très compétitive, et aujourd’hui le groupe pense même à se retirer du dernier segment sur lequel il était présent, celui des utilitaires. Une situation intenable pour le futur selon le président Luca de Meo qui estime qu’un constructeur mondial se doit d’être présent sur ce marché. A priori, la stratégie Renault se fera sur le haut de gamme. Il semble bien que la marque au losange va mettre en avant Alpine, une hypothèse à confirmer mais qui semble s’insérer logiquement dans un esprit de reconquête.
En effet le segment haut de gamme et sportif est très dynamique sur ce marché asiatique. Autre élément important, Alpine ne dispose plus que d’un fichier clients réduit, de l’ordre de 1500. Les usines sont donc en recherche et en attente d’un nouvel élan. Pour Luc
a de Meo, cela passe forcément dans une première phase par des ventes à l’international, et peut-être par le recrutement d’un pilote chinois, qui sait ?
Un challenge vital
L’avenir d’Alpine tient donc à deux fils : la tenue d’un rang en compétition et la réussite de la mise en marché d’une gamme électrique. En effet, 2024 sera l’année de tous les dangers et de tous les espoirs. La nouvelle gamme Alpine sera 100% électrique. Trois modèles sont à l’étude, dont une citadine sportive et un crossover. Le plan mis en place par la direction de Renault prévoit qu’Alpine devienne l’un des vrais piliers du groupe, une marque créatrice de valeur et d’image. Les ambitions sont grandes, les espoirs également.
A.F.