Placement préféré des Français avec le livret A, le marché de l’assurance-vie se divise aujourd’hui entre banques à la recherche d’une nouvelle rentabilité, structures privées à l’approche plus agressive, et Internet qui vient bousculer le tout.
1700 milliards : C’est ce qui est aujourd’hui investi sur l’assurance-vie, quasiment les 2/3 étant constitués de fonds euros. Un succès dû à deux éléments clé répondant aux attentes des clients : la garantie du capital et sa disponibilité.
Des rendements en baisse
Depuis peu, la baisse des taux d’intérêt a rendu les rendements vraiment inintéressants, à tel point que les assureurs privés souhaitent réduire les collectes. Le rendement moyen était de 1,8% nets des frais de gestion l’an dernier, cette année, le taux ne devrait pas dépasser les 1,4% au mieux et la chute doit se poursuivre si rien de nouveau ne survient. Pourtant, en se renseignant un peu, on peut trouver assez facilement des fonds en euros nettement plus compétitifs que la moyenne, entre 2 et 3%.
Les épargnants en sont conscients, mais ont du mal à renoncer à la sécurité, ne fut-ce qu’en partie, alors que procéder à des allocations différentes avec des SCPI par exemple peut améliorer les rendements. Mais les Français sont prudents en matière d’épargne : les sommes colossales dormant sur les livrets A sont là pour le prouver.
Faire de bons choix
•Le choix du premium : Tous les contrats d’assurance-vie ont une option premium qui ouvre le droit à certains avantages, mais seulement à partir de paliers plus ou moins élevés d’investissement. Cela permet d’obtenir un véritable service personnalisé, ou au contraire une gestion totalement libre du pilotage du contrat.
• Avoir plusieurs assurances-vie : Plutôt que de tout miser sur un seul contrat, en avoir plusieurs permet de répondre à des objectifs diversifiés, l’un sur des fonds en euros de qualité, un autre sur la pierre papier par exemple, un autre pour prévoir une succession, etc. C’est de plus une possibilité de choisir la meilleure porte de sortie fiscale en fonction du contrat.
Quand Internet bouscule tout
La toile n’est pas l’un des principaux acteurs du placement, mais est en train de grignoter le gâteau à tel point que certains s’inquiètent et réagissent. De quasiment 0, la part de marché est aujourd’hui de 3,7% sur les assurances-vie en ligne. Cela est d’autant plus significatif que les épargnants qui sont attirés par les investissements en ligne sont en majorité relativement aisés, et apprécient d’avoir la main sur leur argent.
La guerre des prix est lancée
L’AFER a donné le ton. Cette association bénéficie d’une réputation ancienne et n’a pas pour ambition de se laisser faire par ce nouveau concurrent qu’est internet. Forte de ses quelques 750 000 d’adhérents, elle a décidé de bouleverser sa politique tarifaire afin de contrer le petit 0,5% que prélève en frais de gestion la plupart des opérateurs internet. Pour ne pas perdre de part de marché, ni renoncer à de nouveaux recrutements d’adhérents, il faut parfois savoir faire quelques sacrifices. En bref, l’offre n’est pas gratuite mais presque, histoire de démontrer que le nouveau monde n’est pas forcément supérieur à l’ancien.
L’important : attirer le client
Le virage tarifaire pris par l’AFER et d’autres acteurs est symbolique du mouvement de tous les organismes spécialistes de placements : l’essentiel est de capter le client. Une fois alléché par des offres spécifiques, séduit par le service, et le contrat d’assurance-vie ouvert, c’est le rôle des experts de l’orienter ensuite vers des produits plus rentables pour eux. La bataille ne va donc pas s’arrêter là.
Le nouveau PER doit faire un carton
Depuis le mois dernier, le 1er octobre exactement, l’épargne retraite a pris un nouveau visage, nettement plus séduisant. Le nouveau Plan d’Epargne Retraite Individuel remplace les anciens dispositifs tels que PERP, Madelin, Prefon, etc. La différence principale avec l’ancien système est qu’il est aujourd’hui possible de récupérer son capital, si l’on ne veut pas d’une rente. Il est même possible d’utiliser cette épargne en cas d’acquisition d’une résidence principale. Un moyen de réactiver la concurrence qui devrait particulièrement profiter aux assureurs traditionnels et autres spécialistes, qui connaissent parfaitement leurs clients, leur patrimoine et leurs besoins. Les banques auront plus de difficultés à récupérer ce type de clients, du moins pour les contrats individuels.
A qui faire conffiance ?
Banque, Assureur, Gestionnaire de patrimoine, Internet ? Lorsque l’on n’est pas un expert, mais que l’on souhaite néanmoins parvenir à bien placer ses économies, pas facile de savoir à quel saint se vouer. Aller voir son conseiller bancaire, son agent d’assurances, trouver un autre professionnel ? D’après les études réalisées, on constate que les clients peu expérimentés poussent en majorité la porte de la banque ou du cabinet d’assurance. En revanche, les épargnants plus informés ou ayant une somme relativement élevée à disposition ont plutôt tendance à s’adresser à des gestionnaires de patrimoine, ou à des associations d’épargnants.
• Banque : Elle est la solution toute trouvée, mais de l’avis général, pas la meilleure. En effet, les assurances-vie proposées sont celles du groupe ; le conseiller ne disposant pas d’une offre suffisamment variée de produits.En revanche, si la somme est considérée comme suffisamment alléchante, il est probable que le conseiller vous orientera vers une société de gestion spécialisée, disposant d’une panoplie différente.
• Assureurs : Dans son cas, l’assurance-vie fait partie de son portefeuille, et de son cœur de métier. La première précaution est de se renseigner afin de savoir si le conseiller que l’on a en face de soi est véritablement compétent sur ce service-là en particulier, et ne vend pas que des assurances habitation ou voiture. Une fois rassuré sur cet aspect, il faut se préoccuper du pourcentage de frais et ne pas hésiter à négocier, car la gamme de produits existants est plus large que l’on ne pense a priori.
• Conseiller en gestion de patrimoine : Ces experts sont capables d’établir un bilan patrimonial et de proposer une stratégie sur-mesure, car ils disposent d’un arsenal diversifié de produits d’investissement. L’idéal est de s’adresser à quelqu’un sur recommandation, car il est essentiel d’être en confiance.
• Internet : Les courtiers en assurance-vie peuvent à présent œuvrer sur internet, avec évidemment une vraie compétitivité en termes de frais, du choix en termes de contrats et des contacts possibles via téléphone avec des experts. On peut aussi choisir de piloter son contrat soi-même, une solution qui fait peur à certains, mais qui est intéressante si l’on se sent à l’aise face à son ordinateur.
• Association d’épargnants : L’épargnant souscrit via un courtier. Ces associations proposent des produits variés à condition de ne pas être contrôlées par une société d’assurance en particulier.
Prendre le temps de comparer
Les banques, assureurs et associations d’épargnants disposent de nombreux contrats collectifs avec les entreprises.
En termes individuels, le choix existe, la concurrence est là, donc la comparaison entre différentes propositions s’impose. Car une chose est certaine, la concurrence va s’intensifier, les banques cherchent aujourd’hui d’autres sources de rentabilité que les produits qui les faisaient vivre lorsque les taux étaient plus élevés, et les Français savent que l’assurance-vie en euros reste le placement sans risque le plus performant si on considère les dix ou vingt dernières années. Les nouvelles décisions en matière de retraite vont également fortement influencer le marché avec un tournant attendu vers les retraites par capitalisation.
A.F.