Autodidacte pure souche, Samuel Levine-Parisi est animé par une rage intérieure et une croyance forte en tout ce qu’il entreprend. En 2012, il rejoint le groupe Bioloka, qui commercialise « le champ de fleurs », un tapis d’acupression pour soulager le dos. En quelques années, il a réussi à faire exploser les ventes et à donner un nouvel élan au groupe. Retour sur un destin hors du commun.
Comment vous êtes-vous construit ?
Tout d’abord, je tiens à remercier mes parents qui ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Pour tout vous dire, mon histoire est assez atypique et explique mon parcours. Je suis un autodidacte pur et dur et fier de l’être ! Ma seule formation est celle que j’ai reçue au sein de l’armée israélienne (Tsahal).
À travers cette expérience, j’ai acquis une ouverture d’esprit ainsi qu’une capacité à prendre des décisions décisives très rapidement assez différentes que celles que tout un chacun peut avoir.
Cela m’a donc permis de voir les choses très différemment et de diriger d’une autre manière que ce qui se pratique communément en France ou en Europe. Après l’armée, j’ai travaillé pour Spiral solutions, une société américaine spécialisée dans le service clients où j’ai fait mes premières armes.
J’y ai appris une chose simple mais particulièrement efficiente : la qualité et la quantité sont des sœurs jumelles indissociables. Cette règle associée à un pragmatisme à toute épreuve et une rage de réussir m’ont permis d’évoluer rapidement vers le management et d’être apprécié par mes pairs.
Quels enseignements avez-vous tiré de ces missions ?
J’ai ainsi pu observer et comprendre ce que les sociétés faisaient bien et les points d’amélioration possibles.
J’ai eu la chance de sillonner par ces étapes afin de me construire une feuille de route pour l’avenir et capitaliser sur ces expériences très formatrices à un jeune âge. J’ai surtout pris conscience qu’une carrière dans le management était possible pour moi.
En effet, on est souvent formaté à penser que seuls ceux qui suivent un parcours bien défini peuvent réussir, mais mes premiers succès m’ont permis d’imaginer qu’un autre destin était possible tant que l’on croyait en son potentiel et qu’on se donnait à fond à chaque instant. J’aime résumer cet état d’esprit en disant qu’il faut avoir la fureur de vaincre.
Quelle est votre conception de la relation clients et du management ?
À mes yeux, beaucoup de sociétés ont oublié leurs valeurs. La force du savoir-faire d’excellence n’existe désormais presque plus et je le regrette profondément. Les valeurs autour du service, l’envie de se démener pour satisfaire le client ont disparu et j’ai souhaité les remettre au goût du jour pour le compte du Groupe Bioloka. Cela nous a réussis. Concernant le management, l’expression de J.F.K est selon moi la meilleure : « Leaders lead by Example » (Les leaders mènent par l’exemple, Ndlr).
Ma philosophie : la force du leadership par une exemplarité sans failles, une envie de guider mon équipe jusqu’au bout et d’être là pour elle car je ne suis rien sans mes collaborateurs. L’équipe est constituée à 100% d’autodidactes, de personnes qui n’avaient pas de compétences particulières comme moi mais qui avaient envie de tout révolutionner.
Je suis le plus chanceux des managers d’avoir pu donner une chance à toutes ces personnes et Dieu sait qu’elles me l’ont bien rendu.
Chacun est polyvalent et peut gérer des partenariats avec des distributeurs comme des relances commerciales ou encore proposer une stratégie pour la société. Chaque lundi, nous tenons une réunion où chacun expose ses idées. Les idées proposées sont étudiées soigneusement puis nous votons. Chez Bioloka, les collaborations sont donc transversales et les décisions collégiales.
Quelle est l’histoire de Bioloka ?
Bioloka a été créée en 2009 lorsqu’Alexis Martens a décidé d’investir dans la commercialisation de notre produit phare « Le champ de fleurs ».
J’ai rejoint l’entreprise en 2012. En trois ans, nous avons connu une importante hausse de nos effectifs à travers toute l’Europe et un important développement de notre chiffre d’affaires. Outre le monde francophone, nous sommes implantés en Allemagne, en Italie, en Suisse ainsi qu’en Belgique. Bioloka exporte dans trente pays et dispose de 6 sites de E-commerce divers et variés pour commercialiser ses produits.
La règle d’or qui nous définit depuis le premier jour, c’est un contrôle qualité rigoureux et adapté aux études de marché. Cette méthode nous a réussi car Bioloka est l’une des rares entreprises à avoir été immédiatement rentable.
Après Le champ de fleurs, Bioloka a proposé d’autres produits, systématiquement en exclusivité européenne, chaque nouveauté faisant l’objet d’une étude de marché pour réfléchir à son positionnement. Bioloka préfère acheter en petite quantité pour une clientèle ciblée plutôt que de vendre au plus grand nombre un produit standard.
Soit le produit se vend et nous continuons, soit la vente cesse. Second point important, nous recherchons avant tout la satisfaction du client.
Comment en 2012 intégrez-vous le groupe Bioloka ?
J’ai rejoint l’aventure par chance. Je travaillais à l’époque chez Moleac LTD en qualité de directeur e-commerce et ADV. Je tiens à remercier M. David Picard qui a été l’un des premiers à me donner une véritable opportunité. Quatre mois après avoir intégré la société, j’avais réussi à faire tripler le chiffre d’affaires.
Moleac LTD est la première société à m’avoir offert l’opportunité de m’épanouir. J’ai abandonné le service clients et le management d’un call center pour me concentrer sur la dimension commerciale et la mise en place de stratégies. Une de nos plus fidèles clientes m’a recommandé auprès d’Alexis Mertens qui cherchait alors un profil afin de se staffer. L’aventure Bioloka commençait…
Pourquoi avez-vous été séduit par le projet Bioloka ?
J’aimais le côté novateur du projet et le site internet de l’époque champdefleurs.fr était par ailleurs bien fait. Aussi, en consultant les chiffres, j’ai cru à un avenir brillant de cette société et j’ai donc préféré quitter un poste sûr pour une aventure qui me paraissait très excitante.
Comment se passe les débuts chez Bioloka ?
J’avais perçu le potentiel qui existait et je mesurais la satisfaction de nos clients, j’avais également identifié des actions à mener mais c’était une aventure à créer de bout en bout. Cela me semblait compliqué car je n’avais pas de staff derrière moi mais je ne me suis pas découragé, j’avais envie de relever ce défi à bras le corps. Au fil du temps, j’ai réfléchi et j’ai essayé d’imaginer des stratégies.
J’ai souhaité tout misé sur l’expérience client, la qualité du service apporté et la satisfaction. Je savais que le produit était bon, ce n’était pas le sujet, nous proposions déjà une garantie 30 jours satisfait ou remboursé, ce que personne ne faisait et ne fait encore ou presque aujourd’hui en France dans ce domaine. Nous souhaitions avant tout offrir du bien-être à nos clients, les soulager et accéder à leurs demandes.
Cela passait d’abord par une réponse très rapide : délai de 3 minutes au téléphone pendant les jours ouvrés, et de 15 minutes sur Facebook. De plus, notre service était l’un des seuls à rappeler tous les clients qui nous contactaient la nuit ou le week-end. Nous avons vite été récompensés par le classement de Trustpilot, site totalement indépendant d’évaluation de la satisfaction client, qui nous a attribué la note de 8,8 sur 10 pour 3 850 avis.
Comment avez-vous réussi à faire connaître la marques Bioloka et ses produits ?
Nous devions nous faire connaître mais n’ayant pas de gros moyens financiers, nous avons tout construit autour de l’expérience et le partage client. Facebook est devenu un levier significatif, nous avons une communauté très forte de 170 000 personnes qui aiment parler de nos produits.
J’ai donc axé notre viralisation sur le bouche-à-oreille. Le marketing fait sens à un moment, mais ensuite, les clients doivent devenir les ambassadeurs du produit.
Le champ de fleurs fait l’objet de vidéos, de nombreux articles de blogs, de recommandations auprès de professionnels de la santé, d’avis positifs sur des forums spécialisés, etc. Enfin, nous avons noué des partenariats ; notamment avec Daniel Narcisse, le handballeur français le plus titré et ancien capitaine de l’équipe de France qui est devenu un ami.
Jusqu’à aujourd’hui, 60 % du chiffre d’affaires est réalisé grâce au bouche-à-oreille. Cette stratégie, qui est le fondamental de Bioloka a remporté un franc succès. Nous développons des partenariats avec des blogueurs, nous échangeons avec des influenceurs, nous animons notre page Facebook et Instagram.
Nous avons par ailleurs conclu des partenariats avec Google, Criteo et Taboola. Autant d’actions qui participent activement à développer notre notoriété et nous ont permis d’émerger progressivement.
La première année fut particulièrement bonne, les ventes se sont emballées pour atteindre 3,5 M€ en 2013 contre 1 M€ sur l’exercice précédent. Deux ans plus tard, Bioloka franchissait la barre des 10 M€.
Quels ont été les moments charnières depuis votre arrivée chez Bioloka ?
2014 fut un moment clé car nous avons décidé de nous transformer et de nous diversifier. Nous étions positionnés sur un marché de niche avec un produit niche mais nous souhaitions désormais répondre à une problématique globale. Cela s’est traduit par le lancement du site lesmauxdedos.com en remplacement du site champdefleurs.fr.
Nous avions quasiment réussi à doubler le chiffre d’affaires en une année, le potentiel était donc évident et il existait un véritable levier de développement. Nous avions un très bon produit qui soulageait le dos mais nous sommes interrogés sur l’existence d’autres produits et références pouvant compléter notre activité comme le Nubax, appareil d’entretien personnel de la colonne vertébrale qui permet la décontraction vertébrale, le NeckTrack qui permet de décontracter les cervicales, des crèmes qui soulagent la douleur et stimulent la circulation sanguine…
Nous sommes donc passés d’une vision de niche à une vision globale. J’étais animé par la volonté d’aller conquérir le marché franco européen. La même année, nous avons donc ouvert en Allemagne et en Italie.
Comment expliquez-vous votre succès commercial ?
La rage de réussir me porte et m’accompagne dans tout ce que je fais. J’ai traversé dans ma vie des phases d’abondance mais j’ai également connu la précarité. Lorsque vous avez une telle cicatrice ouverte, vous êtes obnubilé par le fait de ne jamais plus connaître une telle situation.
Le non n’existe pas pour moi. Je ne connaissais pas ce secteur mais lorsque l’on m’a offert l’opportunité d’intégrer ce poste, j’ai accepté avec détermination, j’étais prêt à travailler 16h par jour et à tout apprendre sur le sujet. J’avais envie de me donner à fond, de trouver des stratégies.
Cette fureur de vaincre me donne un avantage sur les autres que je cultive depuis des années. Je dis souvent à nos équipes que le jour ou nous nous contenterons de nos résultats, ne serait-ce que pour une seule journée, ce sera la fin de l’aventure.
Vous savez, il est rare, de nos jours, de donner la chance à un autodidacte et c’est un honneur pour moi de manager Bioloka vers de nouveaux sommets. À mes yeux, la conduite d’une société doit être basée sur un principe simple, mais très efficace : l’autocritique.
C’est un principe essentiel de mon expérience au sein de Tsahal (Armée de défense d’Israël), que j’applique au quotidien. Il permet surtout de se rappeler qu’il est toujours possible de mieux faire, voire de changer complètement d’approche le cas échéant.
Comment avez-vous réussi à vous différencier des concurrents ?
Aujourd’hui, nous n’avons pas de concurrents. Nous sommes les seuls à faire un produit certifié via le label Oeko-Tex (organisme de certification à développer un référentiel pour les « Cosmétiques écologiques et biologiques », Ndlr) certifié par la FDA (Food and Drug Administration, Ndlr), résultat de tests cliniques très poussés.
En réalité, Bioloka est seule sur le créneau haut de gamme des produits de bien-être. Nous sommes les seuls à disposer d’un Customer Support en France et à nous engager à répondre en moins de 15 minutes, week-end et jours fériés inclus. Nous nous différencions par la qualité et la véracité de nos propos.
Je ne considère pas nos prétendus «concurrents » en tant que tel, car pour nous battre à armes égales, il faudrait que nous soyons « made in China ou encore made in Vietnam » comme eux.
Aujourd’hui, nous sommes la seule société en Europe et à travers le monde qui refuse des ventes. Lorsque l’on conclut au téléphone que nos produits ne peuvent pas aider le client, nous déclinons la vente par honnêteté intellectuelle et je suis fier de cette démarche.
Quelles sont vos ambitions pour Bioloka ?
L’avenir consistera à conquérir le monde et à terminer le travail initié en Europe. Nous allons aller chercher le marché américain qui offre de belles perspectives ainsi que le marché asiatique en adressant le Japon et la Corée du Sud.
Sur le marché américain, nous nous appuierons sur un partenaire local qui a près de 2 000 magasins aux États-Unis afin d’assurer la distribution.
C’est une nécessité absolue pour réussir sur ce superbe marché.
Sur le marché asiatique, nous assurerons par nous même l’ouverture d’un site et de points de ventes physiques. Nous prévoyons pour commencer l’ouverture d’une boutique à Tokyo et un autre à Séoul sur 2019.
Comment vous projetez-vous à titre personnel sur les années à venir ?
Pour un autodidactique qui n’avait jamais imaginé un jour avoir une telle opportunité, Bioloka est la plus belle des aventures. J’ai la chance de travailler avec une équipe extraordinaire dispatchée à travers le monde, et il n’y a pas un matin où je ne suis pas reconnaissant.
Je pense que nous avons encore de très belles années devant nous mais il est possible qu’un jour je considère ne plus être la personne adéquate pour mener à bien ces projets. À ce moment-là, je préférerai quitter l’aventure pour le bien du groupe car je n’aurai plus la même motivation. La philosophie du mandat unique me plaît beaucoup.
J’aimerais ensuite avoir l’opportunité de m’imposer au sein d’un ténor du CAC 40 ou d’une grande société internationale. J’ai beaucoup appris à la tête de Bioloka et mes résultats parlent d’eux-mêmes. Si j’aspire à une conquête internationale avec des moyens limités, j’imagine ce que cela pourrait être avec un champion de classe mondiale.
Quelle est votre recette de la réussite entrepreneuriale ?
Il faut nécessairement croire à son projet. On peut tous être entrepreneur et créer une société mais la véritable question est de savoir si on y croit sincèrement et se demander si on se donne les moyens de réussir.
À quoi tient le succès entrepreneurial de Bioloka ?
À un recrutement exceptionnel, un état d’esprit irréprochable mais surtout en cette croyance, qu’à un moment donné dans la vie, il est possible de réaliser de grandes choses.
Le succès entrepreneurial est conditionné par le fait d’avoir la rage de réussir et de se dire que jamais rien ne suffit jamais. Si l’on se remet en perspective et que les collaborateurs sont dans la même dynamique, les atouts sont réunis pour se donner les chances du succès.