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La razzia des producteurs audiovisuels français en Europe


Asacha reprend le britannique Arrow à Londres. Une opération qui lui permet de se rapprocher des deux autres leaders tricolores Banijay ou Mediawan. Une boulimie qui interroge. Et si racheter des entreprises n’était pas aussi le meilleur moyen de mieux vendre l’ensemble ? L’économie n’est pas un casino. Tout au moins...

Gaspard de Chavagnac

Asacha reprend le britannique Arrow à Londres. Une opération qui lui permet de se rapprocher des deux autres leaders tricolores Banijay ou Mediawan. Une boulimie qui interroge. Et si racheter des entreprises n’était pas aussi le meilleur moyen de mieux vendre l’ensemble ?

L’économie n’est pas un casino. Tout au moins pour le tissu économique classique car on constate l’apparition d’un nouveau phénomène avec l’émergence des fonds au sein du capital d’entreprises de croissance. Un comportement différent avec des dirigeants formés et attirés par le grand large et qui multiplient les opérations de croissance externe pour arriver à mieux céder l’ensemble ainsi constitué dans la foulée.

C’est très exactement ce qu’est en train d’opérer Gaspard de Chavagnac, Sciences Po Paris de 55 ans, ambitieux producteur audiovisuel d’Asacha Média Group (AMG) qu’il a fondé en 2020 avec Marina Williams et Marc-Antoine d’Halluin. Grâce à l’argent levé auprès du fonds Oaktree (environ 120 millions d’euros), qui détient 73% de son capital, le groupe de production indépendant parisien (160 collaborateurs) multiplie les emplettes sur le marché de la production audiovisuelle européenne avec huit rachats en 3 ans : de l’italien Picomedia, des anglais Wag Entertainment et Red Planet Pictures ou des français Kabo Family et Srab Films, producteur remarqué des « Misérables » au cinéma.

Dernier en date : celui du britannique Arrow International Média, basé à Londres et devenu avec 30 millions d’euros de chiffre d’affaires l’un des principaux producteurs de séries sur les crimes et les faits divers dans le monde. Une stratégie de rachats successifs qui a permis à Asacha de devenir le troisième producteur indépendant en Europe derrière deux autres français, c’est à noter, Banijay (Lov’group de Stéphane Courbit) et Mediawan (Pierre-Antoine Capton, Xavier Niel et Matthieu Pigasse).

Avec huit sociétés reprises en 3 ans, Asacha dépasse les 250 millions d’euros de chiffre d’affaires, un palier jugé indispensable par Gaspard de Chavagnac, le producteur télé de « Capitaine Marleau » et de « L’amour est dans le pré » qui veut encore amplifier la croissance externe d’AMG en Europe pour doubler de taille d’ici deux ans. Une ambition à saluer pour ce dirigeant sans limite qui a sans doute appris à voir grand lors de ses passages comme dirigeant chez Zodiac ou Fremantle. Il a aussi fondé la chaîne de télévision Vivolta.

Alors que fonds Oaktree annonce vouloir désormais revendre sa participation dans Asacha. Un vrai casino qui pourrait profiter à Mediawan et à l’entrepreneur normand Pierre-Antoine Capton qui n’a jamais caché sa volonté de devenir l’incontesté leader européen avec Mediawan. D’autant et c’est un heureux hasard qu’il connaît très bien le fonds américain Oaktree puisque ce dernier cherche aussi, selon le site lequotidiendusport.fr, à se défaire des 80% de parts qu’il détient dans le Stade Malherbe de Caen, club de football professionnel de Ligue 2, que Capton justement veut reprendre en globalité. Il détient 20% du SMC. Le monde est petit. Le foot, un sport qui comme on le sait devient aussi un vrai spectacle à lui tout seul. Comme on se retrouve.

Robert Lafont

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