Je m'abonne

La relance des vins de Bordeaux passe par le marché chinois

Entreprendre - La relance des vins de Bordeaux passe par le marché chinois

L’homme d’affaires chinois, Peter Kwok, celui qui a investi le plus dans les châteaux bordelais depuis 25 ans, en est convaincu : « En matière de vin, la France doit désormais s’entendre avec la Chine. »

Au lieu de se consacrer à l’arrachage de vignes, un véritable crève-cœur, comme cela se passe aussi au Chili, en Californie ou en Australie, les vignerons bordelais seraient inspirés de renforcer un peu plus leur politique marketing, notamment à l’international. Longtemps plébiscités naturellement par les amateurs de vin dans le monde, les grands crus du Bordelais et leur excellente réputation font face désormais à un essor inégalé de la production en provenance du Nouveau Monde, et aussi à une certaine décrue de la consommation. Au lieu de regrouper leurs forces derrière des initiatives de distribution à l’instar de celle de Cordier by InVivo (400 millions d’euros de chiffre d’affaires) initiée par Thierry Blandinières à la tête de la première coopérative agricole française, chacun a eu tendance à jouer sa propre partition, et en ordre dispersé. Cela ne paye guère à l’international, où il vaut mieux avancer groupé.

Ce n’est peut-être qu’un détail, mais il est symptomatique de voir qu’aucune grande maison de vin n’a jugé utile de venir contribuer à la relance d’un grand club de football comme celui des Girondins de Bordeaux, connu dans le monde entier, au moment de ses difficultés. Un porte-étendard sans équivalent en termes de communication, qui aurait pu servir de porte-drapeau du Bordeaux viticole dans le monde entier. Malgré le recul des ventes – ou à cause de celui-ci –, les viticulteurs du Sud-Ouest ont laissé l’homme d’affaires Gérard Lopez se débrouiller seul avec un club mis en dépôt de bilan et relégué en Nationale 2. Malgré toutes les critiques, rappelons que l’actuel président des Girondins a investi sur ses propres deniers un minimum de 40 millions d’euros. C’est aussi à mettre à son crédit. L’emblématique entrepreneur François Pinault, à la tête d’Artémis Domaines, n’avait-il pas, lui-même, recommandé un temps aux propriétaires viticoles bordelais de s’investir davantage dans leur club fanion ? Un conseil qu’il s’est appliqué à lui-même puisque, comme on le sait, la famille Pinault est investie depuis de nombreuses années au Stade Rennais, et Artémis Domaines, la filiale viticole, accentue sa montée en puissance avec, à Beaune, la maison Bouchard Père & Fils, Château Latour (Pauillac), Domaine d’Eugénie (Vosne-Romanée), les champagnes Henriot ou Jacquesson, voire le fameux grand cru de blanc Château Grillet dans la Vallée du Rhône.

Au lieu d’arracher les vignes, les propriétaires de Bordeaux devraient s’essayer à « faire plus de marketing ». Ce n’est pas moi qui le dis, mais l’homme d’affaires chinois Peter Kwok, dans un entretien au Figaro du 22 septembre 2024, lui qui, depuis 1997, n’a jamais cessé d’investir dans le Bordelais. Toujours propriétaire de six châteaux du Bordelais (dont trois crus classés à Saint-Émilion, tels Bellefont-Belcier, Château Haut-Brisson ou Château Tour Saint-Christophe), cet homme d’affaires franco-chinois et francophile, ayant longtemps vécu au Vietnam, ne manque pas de rappeler le goût incontournable du Bordeaux, avec un vignoble qui, selon lui : « produit trop de vin de qualité, contrairement à la Chine, qui fait beaucoup de vins médiocres, des crus qui au mieux ont un joli nez, mais ne présentent jamais la longueur en bouche des bordeaux. Aujourd’hui, un vin chinois à 50 euros est moins bon qu’un bordeaux à 10 euros. » (sic)

Pour relancer les ventes, le propriétaire du groupe familial Vignobles K suggère de nouer un nouvel accord directement avec la Chine : « Paris devrait s’entendre avec Pékin au sujet d’une baisse des taxes sur les vins français en Chine et d’une baisse des taxes sur les vins chinois en France. Avec ce type d’accord, du jour au lendemain, le gouvernement pourrait inciter les Chinois à boire du vin français. La France doit vendre des vins chinois et la Chine doit vendre des vins français. Bordeaux en sortirait gagnant. »

On le croit sur parole. Peter Kwok sait de quoi il en retourne. La balle est désormais dans le camp du nouveau ministre de l’Agriculture du gouvernement de Michel Barnier. Un beau dossier pour démarrer en beauté !

Robert Lafont


Vous aimez ? Partagez !


Entreprendre est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Offre spéciale Entreprendre

15% de réduction sur votre abonnement

Découvrez nos formules d'abonnement en version Papier & Digital pour retrouver le meilleur d'Entreprendre :

Le premier magazine des entrepreneurs depuis 1984

Une rédaction indépendante

Les secrets de réussite des meilleurs entrepreneurs

Profitez de cette offre exclusive

Je m'abonne