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La religion ne doit pas faire la loi dans les entreprises


Face à l'augmentation des comportements religieux rigoristes dans l'entreprise, le Président fondateur du think tank Etienne Marcel appelle à davantage reconnaître le problème et à mieux accompagner les entrepreneurs.

Entreprendre - La religion ne doit pas faire la loi dans les entreprises

Par Bernard COHEN-HADAD, président du Think Tank Etienne Marcel

Parce que la liberté religieuse est une liberté fondamentale, la pratique religieuse au travail ne saurait être interdite de manière absolue et générale. Seules l’encadrent des restrictions – nécessaires, adaptées et proportionnées – pour permettre l’accomplissement de la tâche de travail. L’employeur, et c’est évidemment très important, peut exiger du salarié qu’il exécute son contrat de travail, quelles que soient ses convictions religieuses. La Cour de justice de l’Union européenne et la Cour de cassation française l’ont rappelé en 2017 : si le principe est celui de la liberté de religion dans l’entreprise, il s’inscrit dans le cadre d’une politique de neutralité du fait religieux.

La plupart du temps, le fait religieux dans l’entreprise ne pose pas de difficulté. Il s’agit d’absences, d’aménagements du temps de travail ou du port visible d’un signe religieux. Cette pratique religieuse n’empêche pas le bon fonctionnement de l’entreprise. Les TPE-PME s’accommodent fort bien de la diversité religieuse de leurs salariés, une tradition républicaine et une situation fréquente avec la mondialisation du marché du travail. Et les salariés respectent largement la neutralité de l’entreprise vis-à-vis des pratiques religieuses.

Une situation qui se dégrade

Jusqu’à récemment, le prosélytisme dans l’entreprise concernait plutôt l’expression d’une sensibilité syndicale et sociale. Il devient plus religieux, fondamentaliste ou intégriste et communautariste. Les attitudes et les comportements dysfonctionnels voire rigoristes sont en effet en augmentation – principalement chez certains salariés de confession musulmane, c’est un fait : comportements discriminants envers les femmes (refus de travailler avec une femme ou sous ses ordres, refus de serrer la main d’une femme, etc.), refus de réaliser certaines tâches, prosélytisme religieux, etc.
Ces comportements problématiques, aujourd’hui principalement imputables à l’islam radical, peuvent avoir un impact négatif dans de nombreuses dimensions de la vie de l’entreprise : la mise en œuvre des règles d’hygiène et de sécurité, les relations avec les clients, le bon fonctionnement de l’organisation, la bonne réalisation du travail, les relations entre salariés…

En tout état de cause, la question du fait religieux en entreprise est de plus en plus sensible pour les responsables des ressources humaines. Nombre d’entrepreneurs se trouvent désarmés face à l’affirmation du fait religieux, notamment dans les TPE-PME. A fortiori lorsque les revendications religieuses abusives sont poussées par des associations cultuelles militantes. En France, des groupements minoritaires intégristes essaient d’imposer leur vision d’un modèle religieux.
Ce modèle va au-delà du port du voile, de l’abaya ou de signes distinctifs dans l’entreprise. Il est un nouveau « totalitarisme » au sens où il cherche à broyer les différences, les particularités, les libertés et les valeurs de progrès.

Un ordre public entrepreneurial

Soit dit en passant, cette dégradation n’est pas propre à l’entreprise. Elle concerne la société dans son ensemble avec la (re)montée en puissance et la radicalisation du fait religieux. Dans les jeunes générations, de plus en plus d’individus considèrent ainsi que la norme religieuse devrait prévaloir sur la norme juridique, la théocratie sur la démocratie…

Raison de plus. La remise en cause de la laïcité, de l’égalité femmes-hommes et du libéralisme – économie et politique – montre qu’il y a urgence à réagir. C’est pourquoi les organisations patronales doivent se saisir du problème et mieux accompagner les entrepreneurs dans les territoires. Il convient de rester ferme, intransigeant, dans l’affirmation des règles qui régissent la direction de l’entreprise. Affirmer la défense des valeurs de neutralité du fait religieux dans l’entreprise, c’est valoriser la place particulière qu’elle occupe dans la cité pour contribuer à garantir la laïcité et à veiller à ce que les pratiques religieuses ne contreviennent pas à un certain « ordre public entrepreneurial ». C’est enfin un enjeu de la qualité de vie au travail.

Bernard COHEN-HADAD
Président du Think Tank Etienne Marcel

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