Tribune. Que nous abordions les entreprises cotées ou bien celles qui lèvent des fonds en Private Equity, l’actuelle valorisation moyenne de nos entreprises atteint des sommets dangereux.
La technique d’évaluation ne relève pourtant pas du domaine de l’approximation. Les méthodes patrimoniales, par le Discounted Cash Flow, par les comparables et même en ajoutant le Goodwill ne sont pas évolutives. Les collectes de fonds sont devenues plus volumineuses, et, les investisseurs sortent des mêmes milieux, ils sont homogènes, ils veulent donc tous saisir les mêmes opportunités d’investissement, les tickets grossissent aussi rapidement que le cash burn. Ainsi, des bulles sont créées, puis, elles finissent, tôt ou tard, par imploser.
Nous devons collectivement sortir des standards analytiques, mieux écouter le marché, nous éloigner également des bureaux des beaux boulevards parisiens et réellement aller visiter les entreprises de nos territoires. Les analystes financiers ne sont trop souvent que des hyper-techniciens du chiffre, ils ne disposent pas d’un angle à 360° afin de bien identifier les véritables critères de réussite. Rappelons-nous que lever des fonds peut aider à accélérer ( commercialement ou techniquement, ou les deux) mais en aucun cas ce moyen financier ne doit devenir une fin en soi. N’oublions jamais que la clé du business, avant le produit ou le service ou le compte en banque, c’est le client d’une entreprise, lui est le seul juge de ce qui est bon et de ce qui ne l’est pas.
Des pans entiers de notre économie ont été négligés par la bourse et par le private equity : l’agriculture, le maritime qui constitue pourtant un potentiel énorme pour l’économie française, ou encore le BTP qui n’attire pas assez les diplômés. Pourtant, des acteurs de l’AgriTech, de l’OceanTech et de la robotique appliquée aux chantiers présentent souvent une valeur économique bien supérieure à certains mirages du secteur digital. En économie, n’oublions jamais qu’aborder un cafard est nettement moins risqué que s’approcher d’une licorne.
Laurent Guibert