Depuis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, les établissements recevant du public (ERP) doivent être accessibles à tous les types de handicap. Si cette loi a fait avancer les choses sur la question de l’inclusion des personnes en situation de handicap, il reste encore des choses à faire en matière d’accessibilité. Le point avec Thomas Groell, fondateur de JIB Smart Home, concepteur de solutions technologiques favorisant l’autonomie des personnes en situation de handicap.
Quelle est votre vision quant aux mesures prises par l’Etat sur le volet accessibilité ?
Les différentes mesures prises par l’Etat ont permis d’avancer sur le sujet de l’accessibilité. Pour autant, ce n’est qu’une partie du sujet accessibilité qui a été traité. On dit qu’un lieu est accessible à 100% ou 0%. C’est bien de créer une rampe d’accès dans un ERP mais si la personne en situation de handicap doit encore trouver les moyens de franchir le trottoir qui mène à cette rampe, alors, le problème n’est pas réglé ! L’accessibilité, c’est du réveil au coucher ! Par ailleurs, l’Etat et les associations ne peuvent prendre en charge la globalité de cette problématique.
Dès lors, quel doit être selon vous le rôle des entreprises ?
Les entreprises, notamment innovantes, ont un rôle à jouer. L’enjeu : concevoir des solutions (services ou outils) qui facilitent le quotidien des personnes en situation de handicap, qu’il s’agisse de communiquer, de se déplacer dans sa maison, d’ouvrir une porte, allumer la télévision, fermer des volets…
Justement, que propose la startup JIB ?
Nous développons des outils qui adaptent les technologies grand public aux enjeux du handicap et permettent de contrôler diverses choses dans son habitation et ainsi compenser le handicap. JIB intervient sur deux grands univers : le contrôle de l’environnement à domicile ou en structure médicalisée (gestion des ouvertures, lumières, lit médicalisé, TV, ascenseur…) avec un accent mis sur la sécurité grâce à un appel soignant connecté ; le maintien de la communication et l’accès au digital pour les personnes privées de parole et/ou intégralement paralysées (maladie de Charcot, polyhandicap…).
Cela est rendu possible grâce à JIB EYES, une technologie de suivi oculaire. Imaginez une tablette tactile où vos yeux deviennent la souris. Cette technologie a permis à des centaines de personnes de communiquer avec leurs proches mais aussi à plusieurs personnes de se maintenir dans l’emploi grâce à un usage numérique facilité.
Quels sont les enjeux de ces outils ?
Chez JIB, avant de développer nos solutions, nous allons rencontrer les usagers et comprendre leur réalité quotidienne, chez eux. Nous intégrons également les professionnels de santé dans la démarche, notamment les ergothérapeutes. Objectif : avoir une solution qui réponde aux besoins de chaque pathologie ou handicap et favoriser l’autonomie des personnes que ce soit au sein du domicile ou dans leur travail. A ce jour, nous avons rendu 500 personnes autonomes grâce à nos solutions, un chiffre qui devrait dépasser le millier d’ici fin 2023.
Comment voyez-vous l’avenir de votre marché ?
Il y a urgence à consolider un écosystème français de l’innovation au service du handicap : je crois fortement que la France peut être leader mondial. Enfin, les aides proposées doivent permettre de financer les dispositifs à 100%. Les entreprises doivent, sur ce point, avoir une démarche engagée en proposant des tarifs abordables. L’autonomie ne doit plus être un luxe !